"Une dérive dangereuse" : L'Association de la presse présidentielle tape du poing sur la table après les critiques d'Emmanuel Macron
Le président de la République avait reproché aux journaliste d'avoir "déformé" des propos qu'il avait tenus sur Israël en Conseil des Ministres. - © BestImage, Eric Tschaen / Pool / Bestimage
L'Association de la presse présidentielle, regroupant les journalistes qui couvrent l'Elysée pour tous les grands médias, a exprimé sa colère à l'issue du dernier conseil des ministres. Emmanuel Macron avait remis en cause leur éthique après la révélation de ses propos sur le rôle de l'ONU dans la création d'Israël.
Le 17 octobre dernier, Emmanuel Macron s'était plaint de voir retranscrits dans la presse des mots qu'il a prononcés en Conseil des ministres au sujet de la création d'Israël. Ces propos, censés selon lui rester confidentiels, avaient donné lieu à une vive polémique avec Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien. Tout en fustigeant des "ventriloques" qui parlaient en son nom, le chef d'Etat avait pointé le "délitement du débat public" et le "manque de professionnalisme des ministres qui ont répété des propos déformés, des journalistes qui les ont repris et des commentateurs qui ne se sont pas attardés à la réalité et à la véracité de tels propos".
"La définition du journalisme ne sera jamais une prérogative présidentielle"Cette saillie a donné lieu à une réponse de l'Association de la presse présidentielle (APP), laquelle regroupe l'ensemble des journalistes couvrant l'actualité de l'Élysée. Lors du compte rendu du Conseil des ministres, ce 23 octobre, un représentant de ce collectif a répondu aux critiques du chef de l'État avec fermeté. "Mettre en cause le professionnalisme et l'éthique des journalistes quand ils font honnêtement leur travail afin de mettre la pression sur leurs sources, notamment, nous semble une dérive dangereuse", a martelé Thomas Despré, journaliste appartenant au groupe RTL.Au nom de l'APP, il a rappelé la définition du journalisme, qui "ne sera jamais une prérogative présidentielle". "Notre travail ne peut se résumer à reprendre les déclarations officielles. Il est aussi et surtout de permettre aux citoyens de savoir ce qu'il se passe une fois les micros coupés. Notre travail est de pouvoir enquêter librement sur les coulisses du pouvoir pour permettre à chacun de se faire une opinion", a-t-il ainsi souligné.
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a tenté d'apaiser la situation en garantissant "l'attachement" du pouvoir exécutif à la liberté de la presse, participant "au bon fonctionnement de la démocratie". "C'était une mise au point à l'égard de ses ministres qu'il a invités à un professionnalisme. C'est bien normal, ce qui se dit en Conseil des ministres peut être confidentiel et il nous appartient, à nous, de respecter cette confidentialité. Il s'agit juste de rappeler qu'un propos rapporté ne vaut pas un propos officiel et qu'un propos rapporté sorti de son contexte devient un propos qui change de couleur", a affirmé la ministre déléguée pour calmer le jeu.
publié le 27 octobre, Raphaël Gioia , Puremédias