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"C'est une belle aventure" : ce Français s'attaque à la mythique saga d'horreur de Sam Raimi

Plus rien n'arrête Sébastien Vaniček. Après le joli succès du film d'araignées "Vermines" le réalisateur français va réaliser le prochain film de la saga "Evil Dead". Le cinéaste nous parle de son projet en exclusivité.

Hier nous vous annoncions que Sébastien Vaniček, le réalisateur de Vermines, premier film de genre français avec des araignées, allait mettre en scène le prochain film de la saga Evil Dead. Le cinéaste français, nommé au césar du Meilleur premier film pour Vermines, nous a accordé un entretien pour parler de son premier projet de film aux Etats-Unis.

Une ascension fulgurante pour ce jeune cinéaste de Noisy-le-Grand. Pour autant, pas question d'oublier d'où il vient. Contacté par plusieurs gros studios américains ayant vu Vermines dans les différents festivals, notamment le Fantastic Fest, Stiges et la Mostra de Venise, Sébastien Vaniček avait une condition : pouvoir travailler avec son équipe.

C'est donc avec ses collaborateurs de la première heure, ceux déjà présents sur ses courts métrages, que le cinéaste s'envolera vers la Nouvelle-Zélande pour le tournage de son Evil Dead, à ce jour prévu pour la fin d'année. Et comme on ne change pas un équipe qui gagne, le scénario du film est co-écrit par Vaniček et son complice Florent Bernard (aka FloBer), grand fan de la saga débutée en 1981 par Sam Raimi.

AlloCiné : Comment es-tu arrivé sur le projet Evil Dead ?

Sébastien Vaniček : Vermines a eu des prix aux Etats-Unis au Fantastic Fest (meilleur réalisateur et meilleur film), donc on a commencé à pas mal parler de nous. Puis on a eu des sélections dans les gros festivals comme Venise. Et aux États-Unis, ils ne traînent pas trop. Les studios ont demandé à voir Vermines et j'ai commencé à avoir des demandes de rendez-vous sur Zoom par de grands studios. J'ai eu un rendez-vous avec New Line, un rendez-vous avec Ghost House Pictures [NDLR : la société de Sam Raimi], un rendez-vous avec Warner, avec Sony... Je me suis dit "ah mais eux là, ils ont tous un truc en commun"...

Et puis un beau jour, j'ai reçu un mail de Ghost House qui me dit voilà, il y a Warner qui nous demande d'avancer sur un film Evil Dead, c'est un film à part, complètement nouveau, indépendant des autres. Vraiment un truc complètement neuf quoi. On aimerait t'en parler.

Et au milieu de tout ce que j'avais eu comme discussions avec les studios, c'était peut-être l'un des seuls projets où je me disais ok, c'est une grosse franchise, mais en fait c'était un film 100 % original où j'ai toute ma liberté créatrice, où j'écris et où on me met aucune contrainte. Ils m'ont dit tu prends ton personnage, tu l'emmènes où tu veux... Ce qu'il nous faut c'est juste que ce soit dans l'univers.

Florent Bernard et moi avons rencontré Sam Raimi par Zoom et ensuite je suis allé une semaine aux Etats-Unis avec mon équipe pour rencontrer tous ces gens en vrai. Entre temps, Flo et moi on s'est dit qu'on allait préparer un petit dossier d'une vingtaine de pages pour expliquer ce que serait notre Evil Dead. Ils ont beaucoup aimé notre vision. On a donc démarré des discussions plus sérieuses et on a avancé sur une première version du scénario.

AlloCiné : C'est génial, parce que tu vas bosser sur un énorme projet tout en gardant ta liberté et tu peux continuer de travailler avec ton équipe et avec FloBer. Et j'imagine que travailler avec Sam Raimi, qui est producteur mais avant tout un réalisateur de films de genre et le papa d'Evil Dead, ça doit être passionnant.

Sébastien Vaniček : Pour moi c'était évident. C'est-à-dire que je n'avais aucune urgence à travailler aux États-Unis. Bien sûr que ça me fait kiffer, mais je n'avais aucune urgence parce que j'ai très envie de de faire des films français.

Je n'avais aucune urgence à travailler aux États-Unis. Il y a beaucoup de projets français qui ont du potentiel à l'international, des adaptations de jeux français qui peuvent marcher.

Les 3 conditions pour faire un film aux Etats-Unis

Enfin, on fait des trucs vraiment très très bons en France. Donc j'avais aucune urgence. J'étais sur mon petit nuage avec le succès de Vermines donc quand j'avais des rendez-vous avec les studios américains je leur disais rapidement quelles étaient mes conditions et dedans il y avait le fait d'écrire le film que j'allais réaliser, de bosser avec mon équipe et de faire ma post-prod en France.

Forcément, quand tu dis ça, tu as un bon nombre de studios qui te répondent "on te rappelle" et qui ne rappellent jamais. J'ai reçu des scénarios que j'ai refusé parce que je savais que je ne serais qu'un technicien sur le plateau.

Quand tu dis ça, tu as un bon nombre de studios qui te répondent "on te rappelle" et ne rappellent jamais. Et au milieu de tout ça il y a eu Sam Raimi qui a respecté toutes les conditions. C'est un réalisateur avant tout et il m'a tout de suite dit que c'est ma vision qui l'intéressait, celle qu'il a vu dans Vermines. C'était l'ADN de Vermines avec le côté fun, le côté divertissement, mais aussi le côté horreur, l'attention que j'y mettais...

Travailler avec Sam Raimi

Du coup, il m'a dit certes, on va bosser avec un gros studio, mais ce studio, il n'est pas au dessus de moi, il va me donner des choses et moi je suis là pour agir comme un bouclier autour du réalisateur, pour protéger sa vision jusqu'au bout. Et c'est tout ce dont j'ai besoin, moi. C'est-à-dire d'être protégé du gros studio et d'avoir ma vision. Donc bien sûr, je sais que ça ne va pas toujours être tout blanc, mais en tout cas, je sais que de l'écriture jusqu'à jusqu'à la fin, je vais faire le maximum et je vais être aidé à protéger ma vision des choses.  A partir du moment où j'avais ces garanties, j'ai dit "Let's go". On ne va pas passer à côté de ça quoi !

Lors de mon voyage j'ai eu l'occasion de rencontrer Fede Alvarez, qui a réalisé un film Evil Dead et pour moi c'est le meilleur exemple. Il avait fait quelques courts métrages, il débarquait aux Etats-Unis, il aurait pu se faire manger et au final il a fait deux projets avec Raimi : Evil Dead et Don't Breathe. Et il m'a dit que c'était extraordinaire de bosser avec lui, il a été totalement libre et a pu faire ce qu'il avait en tête. Donc vraiment, ça m'a mis en confiance.

Le scénario parfait pour un Européen qui arrive aux États-Unis Ensuite j'ai signé avec l'agence américaine CAA et j'ai commencé à en parler. Tout le monde m'a dit que c'était le scénario parfait pour un Européen qui arrive aux États-Unis : tomber sur un gars comme Sam Raimi qui a le pouvoir et qui va l'accompagner dans sa vision des choses.

Sam Raimi est à la fois très proche des équipes et à la fois très proche des studios et les studios l'adorent parce que ses films font des entrées.  Il fait des films qui coûtent 20 à 25 millions $ mais qui en rapportent le quadruple. Donc les studios lui font confiance. Il a beaucoup de pouvoir mais il l'utilise bien. Il travaille  beaucoup à l'humain.

AlloCiné : Peux-tu nous en dire plus sur le tournage ? L'action du film se déroulera en France ? Avec des acteurs français ?

J'ai négocié dans mon contrat le fait de partir avec mes équipes, ceux avec qui j'ai fait mes courts métrages. J'emmène ces gens avec moi et c'est normal parce que je me suis fait grâce à eux. Donc tout le monde est heureux de ce projet. On tournait à Noisy-le-Grand dans notre quartier, et maintenant on va peut-être partir en Nouvelle-Zélande pour tourner un Evil Dead. C'est une belle aventure.

J'aimerais aller piocher chez nos talents français pour le rôle principal

Et après, pour l'instant, au stade où on en est de l'écriture, moi je garde quelque chose de profondément français. Donc pour le moment j'ai un personnage principal qui est français aux Etats-Unis. J'aimerais donc aller piocher chez nos talents français pour le rôle principal du film.

On verra ce que ça donne mais je n'ai pas envie d'aller chercher aux Etats-Unis de jeunes acteurs alors qu'on a ce qu'il faut en France. D'autant plus que, sans aller dans les détails parce que je ne peux pas, c'est important dans le scénario que ce soit un étranger...

AlloCiné : Au moment de la sortie d'"Evil Dead Rise", en avril 2023, Bruce Campbell avait annoncé qu'ils allaient produire plusieurs films solo centré sur les Necronomicons. Il sera donc question du livre des morts ?

Alors on est en pleine discussion autour des livres justement. C'est très intéressant, parce que, en vrai, personne n'est vraiment d'accord sur combien de Necronomicons il y a, ni depuis quand ils sont là. Parce que personne ne sait ce qu'est vraiment le film de Fede Alvarez : un remake, un nouveau film, est-ce que la série entre en jeu ?...

Un "joyeux bordel"

C'est un univers qui est à l'image des premiers film pour moi : un joyeux bordel. C'est drôle, et ce qui sort de tout ça c'est qu'on a encore plus de liberté, ce n'est pas carré.  Pour l'instant, ça se passe tellement bien que le message c'est "Fais ce que bon te semble. Tu as besoin de ça, tu le prends, tu n'en n'as pas besoin, tu ne prends pas... Pas de souci.

Donc avec Flo on est vraiment en train de mettre en place nos personnages dans cet univers. Et après il sera toujours temps de rentrer dans des discussions plus  sérieuses autour de l'univers qu'ils ont construit.

AlloCiné : Au final, ça paraît assez évident quand même. Parce que Evil Dead Rise et Vermines ont des similitudes : les héros se retrouvent coincés dans un immeuble avec des "monstres".

J'ai vu le film de Lee Cronin après coup, parce qu'il est sorti pendant la post-prod de Vermines, donc j'étais vraiment sous l'eau. Mais c'est vrai que quand on a commencé à parler de Evil Dead, j'ai rattrapé ce film et j'ai revu les précédents juste pour le fun. Dans celui de Fede Alvarez, il y a un ADN qui est très différent de celui de Lee Cronin. Ça m'a vraiment rassuré sur le fait qu'ils laissaient la vision du réalisateur, donc ça m'a beaucoup plu. Evil Dead Rise est complètement différent de celui d'Alvarez.

Mais je compte aussi prendre en compte le retour du public et des fans de la saga. Et ce qui m'a marqué c'est que le film que les fans hardcores de la saga ont le moins aimé c'est Evil Dead Rise alors que c'est le long métrage qui a le mieux marché au box-office [NDLR : le film a rapporté 147 millions de $ à l'international].

Dans la mythologie Evil Dead il y a des choses qui sont permises et d'autres non. Donc c'était vraiment très intéressant de voir l'équilibre entre les deux.

Trouver le bon équilibre

FloBer est un fan hardcore de Evil Dead et moi je kiffe les films et le cinéma, donc nous deux on s'équilibre assez bien. Flo me dit ce qui est le plus important pour les fans et moi je tente d'écrire un film qui se tient. Et cette complémentarité est importante. On a des débats assez intéressants autour de ça. Pour Evil Dead Rise, Lee Cronin a pris le livre, la possession, le huis clos et le concept au final c'est une maman qui essaye de tuer ses enfants.

On va tenter de dépoussiérer Evil Dead à la manière de Fede Alvarez. Donc du coup, on essaie de trouver le bon équilibre et on essaye de vraiment se rapprocher des originaux. Au final je fais un peu le même travail que j'ai fait sur Vermines, c'est à dire pour Vermines, il fallait dépoussiérer le film d'araignées de série B et là on va tenter de dépoussiérer Evil Dead à la manière de Fede Alvarez quand il fait un remake et qu'il dit "ok, mais je vais le faire ultra réaliste".

AlloCiné : Tu parlais d'un tournage en Nouvelle-Zélande, pays réputé pour ses araignées. Il y aura des araignées dans ton Evil Dead j'espère ?

Nous n'avons pas encore eu de discussions officielles mais ils m'ont dit qu'ils ont leurs studios là-bas, et que tout est préparé pour pouvoir y tourner donc c'est en bonne voie. Mais ça se trouve il y aura des montages financiers qui feront que finalement c'est mieux de tourner en France ou en Europe de l'Est. Je n'en sais rien encore. Voilà, moi je ferais ce qu'il faut pour bosser avec ma team et si ça signifie rester en France, ce n'est pas un problème.

Ensuite, écoute je suis très proche de la nature et des animaux. C'est vrai qu'il y a un truc que je trouve dommage dans les remakes, et que pourtant Sam Raimi avait fait... C'est-à-dire que les derniers films se sont concentrés sur le démon qui tentait de tuer tout le monde.

Je ne me priverai pas de filmer une petite araignée en hommage à Vermines Mais quand tu regardes les films originaux de Sam Raimi, le Mal possède et il se répand dans beaucoup de choses différentes... Et pas que des êtres humains. Bon, lui va très loin puisqu'il va jusqu'à posséder des lampes, des lampes, des et des trophées de chasse... Mais il y a un truc qui m'intéresse beaucoup dans cette idée du Mal qui se répand et qui peut prendre des formes qui sont vraiment complètement différentes. Donc voilà, sans rentrer dans les détails... Mais à date, ce sont des choses qui ne sont qu'au stade de l'étude.

Mais en tout cas voilà, c'est sûr que j'ai mis dans Vermines mon amour des animaux de la nature, il n'y a pas de raison qu'on ne le sente pas dans Evil Dead et je ne me priverai pas de filmer une petite araignée en hommage à Vermines.

AlloCiné : Sais-tu déjà quand aura lieu le tournage ?

Ils aimeraient bien qu'on tourne à la fin de l'année ou début 2025. L'idée c'est de sortir le film à Halloween 2025.

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publié le 8 février, Allociné

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