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The Patriot : l'histoire vraie du personnage de Mel Gibson est moins glorieuse qu'au cinéma

Mel Gibson affronte l'envahisseur britannique pendant la Guerre d'indépendance américaine : vous avez reconnu "The Patriot" de Roland Emmerich, sorti en 2000. Si le film met en avant un personnage héroïque, la réalité était quelque peu différente...

Lorsque Roland Emmerich s'empare de l'Histoire, ce n'est pas exactement pour livrer des œuvres lorgnant vers la poésie et la délicatesse. Il fait ce qu'il sait faire, c'est-à-dire des films forcément spectaculaires. Et tant pis si les faits historiques sont passablement malmenés et déformés.

Au fond, pour Hollywood, "peu importe si ce qui est dit dans le film est vrai", déclara d'ailleurs William Goldman, le brillant scénariste des Hommes du Président. "Ce qui est important, c'est que le public pense que c'est vrai".

C'est dans cette logique bien comprise que Roland Emmerich s'est penché il y a 24 ans sur la Guerre d'indépendance américaine avec The Patriot, le chemin de la liberté. Avec, en tête d'affiche, un Mel Gibson très énervé.

Résister à l'envahisseur

Le pitch ? Caroline du Sud, 1776. Le conflit entre les indépendantistes et les Anglais semble inévitable. Benjamin Martin sait trop bien ce qu'est une guerre et il n'en veut pas. Cet ancien héros des combats contre les Français et les Indiens n'ignore rien de la violence des affrontements armés...

Désormais veuf, il élève seul ses sept enfants dans sa plantation. Son fils aîné, Gabriel, s'engage contre l'avis de son père. Lorsque les troupes anglaises, commandées par le colonel Tavington, arrivent aux portes de sa propriété, il est trop tard...

S'en prendre à la famille de Mad Mel, c'est une très mauvaise pioche. Les anglais l'apprennent bien assez vite avec un Mel Gibson qui sort la hache de guerre (et à peu près tout ce qui lui tombe sous la main) pour envoyer ad patres l'occupant par paquet de douze. Et de manière aussi brutale que son William Wallace dans Braveheart.

Un modèle d'origine qui fait polémique

Pour écrire le personnage de Benjamin Martin, Emmerich a pris notamment pour modèle un dénommé Francis Marion (qui, soit dit en passant, est quand même un nom plus sympa...). Tout en prenant bien soin de débarrasser le modèle des éléments gênants...

Francis Marion, surnommé "The Swamp Fox" (le renard des marais), est considéré comme l'un des pères des tactiques de guerilla, qu'il mit en pratique durant la Guerre d'Indépendance US. Il fut le poil à gratter officiel des troupes britanniques en Caroline du Nord et du Sud en 1780-1781.

A la tête de troupes irrégulières non payées et qui devaient entretenir elles-mêmes leurs matériels, il était réputé pour être sans pitié et terrorisait ceux qui étaient restés fidèles à la couronne britannique.

Figure importante de la période, son héritage est aussi contrasté. Il se serait rendu coupables d'atrocités et de persécutions envers les indiens Cherokee lors de la Guerre de sept ans (1756-1763) à laquelle il participa.

Selon certaines sources, il avait la réputation d'être raciste, chassait les indiens pour le sport, et violait régulièrement les femmes qui travaillaient comme esclaves dans sa plantation...

Autant dire un pedigree un poil sulfureux et embarrassant pour Emmerich, qu'il n'a logiquement pas hésité à sabrer.

Envie de voir (ou revoir !) The Patriot ? Le film est disponible sur Netflix.

publié le 6 février, Olivier Pallaruelo, Allociné

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