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La Zone d'intérêt est-il un bon film ? Que pensent les spectateurs du Grand Prix du Festival de Cannes ?

Que pensent les premiers spectateurs du Grand Prix du Festival de Cannes 2023, "La Zone d'intérêt" de Jonathan Glazer ?

Grand Prix du Festival de Cannes 2023, La Zone d'intérêt de Jonathan Glazer est nommé dans 5 catégories aux Oscars : Meilleur Film, Meilleure réalisation, Meilleur scénario adapté, Meilleur film en langue étrangère et Meilleur son.

Le long métrage produit par le studio indépendant A24 est sorti dans nos salles ce mercredi 31 janvier, et se déroule durant la Seconde Guerre mondiale.

L'action suit le commandant d'Auschwitz, Rudolf Höss (Christian Friedel), et sa femme Hedwig (interprétée par Sandra Hüller, nommée à l'Oscar de la Meilleure actrice pour son rôle dans Anatomie d'une chute) qui s'efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.

Le film est inspiré du roman homonyme de Martin Amis. Utilisé par les officiers de la SS, le terme "zone d'intérêt" désigne les 40 kilomètres carrés qui entouraient le camp de concentration d'Auschwitz.

Dix ans après le drame de science-fiction Under the Skin avec Scarlett Johansson, Jonathan Glazer revient donc en force avec une œuvre puissante qui a glacé la Croisette. Noté 4,1 par la presse, que pensent les premiers spectateurs du long métrage ?

Que pensent les premiers spectateurs du Grand Prix de Cannes 2023 ?

Avec 476 notes et 63 critiques,La Zone d'intérêt a une note spectateurs moyenne de 4,1 étoiles sur 5. Le public dans sa majorité trouve que le film est bien réalisé, que le message est puissant et qu'il montre parfaitement la déshumanisation de la famille Höss. Mais également qu'il est dérangeant et crée un vrai sentiment de malaise.

"Un choc cinématographique"

Michèle G écrit ainsi : "Le film de Jonathan Glazer est un choc cinématographique. Ce chef-d'œuvre, d'une puissance « sourde », nous propulse dans le périmètre d'un espace clos où le hors-champ deviendra « visible » grâce à la bande son.

Là où Hannah Arendt parle de « banalité du mal », Jonathan Glazer, lui, filme la banalité d'un quotidien dans la matrice et les viscères de ce même mal. (...)

Tout ce qui se passe de l'autre côté de ce mur gris, rehaussé de fils barbelés, restera hors-champ. Ne seront visibles à l'image que le faîte des baraquements jalonnant ce mur et une cheminée.

La caméra restera d'un seul côté du mur, celui où le quotidien de la famille Höss va se dérouler dans l'indifférence de l'horreur qui l'entoure. Seule la fumée viendra par intermittence "troubler" la quiétude des lieux. (...) Ce film nous conduit au cœur d'un univers totalement déshumanisé (...)

Jonathan Glazer plante sa caméra au cœur d'une plaie, celle d'un mal que l'on croyait avoir vaincu. Mais en ces temps où le populisme se banalise, où certains réécrivent l'histoire, à faire fi du travail de mémoire, de nouveaux murs s'érigent. Et les plaies s'ouvrent une à une. Demeure la puissance mémorielle de la création... comme un baume."

Pour Philippe Bovar, le film de Jonathan Glazer aurait mérité la Palme d'or : "Excellent film, exigeant et dérangeant, filmé cliniquement mais avec des idées à foison sur un sujet extrêmement grave : un chef d'œuvre qui aurait mérité la palme d'or car bcp plus inventif sur le plan formel que le gagnant (qui était très réussi aussi)."

Jerome A. pour sa part écrit : "Un CHOC! Un vrai choc...puissant et durable... Un film qui va diviser mais qui propose un point de vue nouveau sur un sujet difficile et douloureux."

De son côté, l'internaute mem94mem explique s'être pris "Un gros coup de poing dans la figure", et ajoute : "Quelle réalisation ! Sandra Hüller est magistrale, Christian Friedel itou. Le cynisme culmine ici à son paroxysme. L'adaptation du livre, la direction d'acteurs, la mise en scène sont réussis.

La scène d'ouverture est bucolique à souhait, une douce partie de campagne, elle donne tout de suite un ton au film. L'omniprésence d'un bruit de fond et de fumée grisâtre (avec ou sans cheminées) au loin glace le sang.

Le soin apporté à la reconstitution d'un havre de paix pour enfants, jardins, fleurs et grand appartement, est louable. Bien évidemment, ce qui se passe derrière le Mur ne nous est jamais montré. Film beaucoup plus abordable qu'"Under the skin". A noter la fin du film, des images pour celles et ceux qui ne sont jamais allés à Auschwitz, en Pologne."

Un sentiment partagé par de nombreux spectateurs, comme Canengagequemoi : "Je sors nauséeuse de cette projection. Le réalisateur nous hypnotise et l'horreur jamais montrée me submerge et m'étouffe. Les 2 acteurs principaux sont tellement justes et malheureusement tellement terriblement humains et terrifiants. Pire qu'une claque, un bouleversement total."

Un film trop clinique ?

Pour Sylvain P du Club AlloCiné, le film est en revanche trop clinique : "Glacial. Mais où veut donc nous amener Jonathan Glazer ? On suit le quotidien de la petite famille de l'un des plus grands tortionnaires de l'Histoire.

Pavillon "de banlieue" modèle, bien entretenu, gestion du personnel à l'ancienne, virée à la rivière... Tout pourrait paraître normal. Mais un deuxième film a lieu hors champ : on ne fait que l'entendre. Auschwitz est bien là, et il faut la banalité ordinaire des monstres pour ne jamais en parler.

L'exercice de style est réussi (chaque composition graphique est impeccable), mais finalement, il manque, probablement à dessein, ce qui pourrait rendre cette démonstration moins clinique."

Et justement, l'internaute Henner regrette que le film manque d'émotions et soit difficile à comprendre. "Ce n'est pas parce que l'on tient un sujet fort que le film est réussi. Bon c'est très bien réalisé, très bien joué mais avec des séquences difficilement compréhensibles et bizarrement l'émotion ne passe pas.

C'est ce que m'ont confirmé des spectateurs à la sortie du film. Le propos ne se développe pas. Tout est dit en un quart d'heure et ensuite on tourne un peu en rond."

Pour Lili_, qui lui attribue la note de 2 sur 5, La Zone d'intérêt a "un dispositif percutant, mais adapté au format court-métrage. Glazer percute le spectateur avec une mise en scène axée sur la vie de la famille, plutôt lumineuse, fleurie, qu'un des personnages décrit même comme "paradisiaque", face à une bande sonore retranscrivant l'horreur du génocide, à quelques mètres d'Auschwitz.

Cris, aboiements, coups de feu... La BO est effrayante et le contraste avec l'image est bouleversant.

Seulement, le film n'a quasiment aucun scénario, aucune trame dramatique... et les 1h46 semblent longues, très longues... . Un court-métrage basé sur ce dispositif aurait sans nul doute été réussi, mais le long métrage s'étale dans la contemplation et dans l'enchaînement d'actions quotidiennes sans grand intérêt.

Définitivement, pour faire de ce film un bon long-métrage, il aurait fallu allier le concept à un scénario bien plus développé."

Mais le mieux reste encore de vous faire votre propre avis. La Zone d'intérêt est à voir actuellement au cinéma.

publié le 2 février, Allociné

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