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Au cinéma : The Sweet East... Pourquoi faut-il voir cette comédie loufoque remarquée au Festival de Cannes en 2023 ?

Réalisé par Sean Price Williams, "The Sweet East" suit le voyage d'une jeune lycéenne en fugue dans une Amérique fracturée. Rencontre avec les acteurs Simon Rex et Talia Ryder autour de ce film à l'humour acide.

Premier long métrage de Sean Price Williams, The Sweet East mériterait le prix du film le plus rock'n'roll de l'année. Véritable expérience de cinéma, aux multiples références et d'une créativité renversante, ce trip acidulé propose une plongée dans l'Amérique d'aujourd'hui à travers le regard d'une adolescente, Lilian (Talia Ryder).

En voyage scolaire avec sa classe à Washington, l'étudiante s'égare et prend la fuite. Elle ignore encore que son voyage sera fait de rencontres, plus loufoques les unes que les autres, croisant ainsi la route de punks, d'un groupe de Nazis, de terroristes, de stars de cinéma.

Relecture moderne du conte de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles, The Sweet East est avant tout une satire de la société américaine qui n'épargne personne, des complotistes à une haute sphère branchée et connectée. Le tout, avec un humour politiquement incorrect qui détonne de l'ère actuelle.

A la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes, en mai 2023, AlloCiné a rencontré l'actrice principale Talia Ryder et l'acteur Simon Rex, qui incarne un professeur sympathisant nazi, pour leur poser quelques questions sur cet ovni cinématographique.

AlloCiné : The Sweet East est un film complètement fou, d'une grande originalité. Quelle a été votre réaction à la lecture du scénario ?

Talia Ryder : J'étais un peu perdue pour être honnête, mais c'était une bonne chose. Une fois que j'avais fini de le lire, je me suis surprise à revenir en arrière et à relire certaines parties pour essayer de mieux comprendre Lillian, parce que le personnage m'intriguait vraiment et j'aime les choses qui me font réfléchir.

Simon Rex : J'étais très intimidé parce que mon personnage est raciste, homophobe et je ne suis rien de tout ça, mais c'est amusant de jouer quelque chose de très différent. Beaucoup de choses présentes dans le script ont d'ailleurs été coupées du film car les dialogues allaient très loin, sur l'Amérique notamment.

AlloCiné : Simon, vous jouez un personnage extrême, dans tous les sens du terme. Comment avez-vous travaillé ce rôle ?

Simon Rex : Ce n'était pas difficile parce que je vis en Amérique et chez nous, mais comme en France je pense, nous sommes autant entourés par l'ignorance que l'intelligence. Mon personnage est un homme instruit mais il n'a aucune intelligence émotionnelle.

Je suis Juif, donc je n'y connais pas grand chose en rassemblement de nazis. Je suis allé sur Internet et j'ai fait plusieurs recherches pour en apprendre plus, ce qui était, vous l'imaginez, assez déstabilisant pour moi de lire tout ça.

C'est au public de réfléchir, de s'emparer de ce film et de le comprendre avec sa sensibilité. AlloCiné : En voyant le film, on imagine un tournage loufoque, très extrême. Était-ce le cas ?

Talia Ryder : C'était dingue. Nous avions un vrai rythme. Sean, le réalisateur, et moi avions un vrai langage sur le plateau. Il hurlait les répliques pendant les prises et c'était vraiment amusant. Il sait entendre les suggestions et les conseils de tout le monde. Il sait comment écouter les autres ce qui permet de créer le meilleur environnement possible pour faire un film aussi barge.

Simon Rex : C'était le chaos, mais un chaos contrôlé. C'est un petit film indépendant alors nous avions peu de temps. Nous n'avons pas la possibilité de faire beaucoup de prises. Il fallait connaître son texte sur le bout des doigts et c'était un vrai défi.

The Sweet East un film très critique sur les États-Unis. Selon vous, comment le film sera reçu par les Américains ?

Simon Rex : Ceux qui font partie du problème - les haineux, les racistes - ne seront peut-être pas assez conscients d'eux-mêmes pour comprendre, mais ce n'est pas grave. Pour les autres, une grande partie des Américains ont beaucoup de second degré. J'espère que ce film peut ouvrir l'esprit de certaines personnes. C'est au public de réfléchir, de s'emparer de ce film et de le comprendre avec sa sensibilité. C'est ça, un bon film, non ?

Talia Ryder : J'espère bien que certaines personnes sont agacées par ce film. C'est ce qu'il y a de mieux. Comme Sean et Nick - Nick Pinkerton, le scénariste - le disent souvent : "On adore les haters !"

Propos recueillis par Thomas Desroches, à Cannes, en mai 2023.

The Sweet East est actuellement au cinéma.

publié le 13 mars, Thomas Desroches, Allociné

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