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On a rarement vu Agnès Jaoui aussi émouvante : La Vie de ma mère est à découvrir au cinéma

La Vie de ma mère, premier long métrage, réalisé par Julien Carpentier, remarqué en festivals, est au cinéma. Pourquoi ce film porté par Agnès Jaoui et William Lebghil va vous toucher et vous émouvoir ? Rencontre avec l'équipe du film.

De quoi ça parle ?

Pierre, 33 ans, fleuriste à succès, voit sa vie basculer lorsque sa mère, Judith, fantasque et excessive, débarque dans sa vie après deux ans sans se voir. Pierre n'a qu'une idée, reprendre le cours normal de sa vie, mais rien ne se passe comme prévu. Leurs retrouvailles, aussi inattendues qu'explosives, vont transformer Pierre et Judith à jamais.

La Vie de ma mère, premier long métrage remarqué en festivals, est arrive en salles ce mercredi. Le film porté par Agnès Jaoui et William Lebghil a notamment reçu le convoité prix du public au Festival du film francophone d'Angoulême, où nous avons rencontré l'équipe.

AlloCiné : Comment nous pitcheriez-nous le film ?

Julien Carpentier, scénariste et réalisateur : C'est une relation entre une mère et son fils qui ne se sont pas vus depuis plusieurs années. Le personnage de Pierre, qui est interprété par William Lebghil, a décidé de ne plus voir sa mère et de la placer dans un dans un centre parce qu'elle est bipolaire. Le personnage de Judith, incarnée par Agnès Jaoui, s'est échappé et va revenir dans la vie de son fils. Ce sont des retrouvailles.

Dès le scénario, c'était très fin et très poétique. Qu'est-ce qui vous a touché dans ce scénario ? C'est un film qui est constamment sur le fil, entre l'émotion et l'humour...

William Lebghil, acteur : J'aimais beaucoup le scénario, parce qu'on n'y va pas avec de gros sabots. C'est toujours dans la pudeur, ou parfois plus dans l'émotion. Dès le scénario, c'était très fin et très poétique.

Agnès Jaoui, actrice : A chaque fois, [le réalisateur] Julien évite les clichés. Il y a une humanité très grande dans tout ce qui est décrit, y compris des choses pas faciles. J'ai l'impression que tout le monde peut s'identifier, comprendre, voir la difficulté des relations et la difficulté d'aimer.

Je pense que c'est le film le plus lacrymal auquel j'ai participé ! On vous a rarement vus dans des scènes aussi émouvantes...

Agnès Jaoui : Je pense que c'est le film le plus lacrymal auquel j'ai participé !

.... et bien sûr, ce n'est pas péjoratif quand je vous dis ça...

Agnès Jaoui : Ah non, pas du tout. On pleure beaucoup, mais avec bonheur ! C'est ça qui est bizarre. Il n'y a pas de drame atroce, mais il y a un truc qui vous chope. C'est un personnage très haut en couleur qui va dans plein d'extrêmes. Donc c'est jouissif à jouer, évidemment.

William, c'était comment de jouer ces scènes d'émotion ?

William Lebghil : J'adore. Mais c'est vrai que ce n'est pas quelque chose qu'on m'a souvent proposé. Quand j'étais à l'école de théâtre par exemple, je savais que j'avais un point fort, c'était la comédie. Mais je faisais que de la tragédie. J'étais à l'école Perimony et à chaque fois, Monsieur Perimony justement me disait : Mais fais de la comédie ! Et je disais non, je veux pas !

J'adorais, dans la tragédie, trouver les choses qui étaient marrantes aussi. Chez Shakespeare ou même dans Racine, chez ces auteurs, il y a quand même des moments très marrants. J'aime bien quand il y a de tout. Je suis gourmand !

Il y a certaines scènes que j'ai pu tirer d'expériences personnelles. Il y a un équilibre fragile à trouver pour qu'on ait de l'empathie pour vos personnages, ce qui est le cas, et pour que l'on croie aux personnages. Avez-vous beaucoup échangé pour trouver cet équilibre ?

Julien Carpentier : C'est un sujet que je connais bien. Agnès aussi dans son entourage. Donc il y avait déjà cette connaissance commune. Assez rapidement, c'est devenu hyper évident. C'était assez écrit et que donc il y avait la volonté de ne pas non plus surligner. Il y a certaines scènes que j'ai pu tirer d'expériences personnelles, mais ce qu'ils vivent pendant le film, ça n'est pas quelque chose que j'ai pu vivre directement.

Et au sujet d'Agnès, quand je l'ai vu sur le premier jour, j'ai été hyper touché, parce qu'elle a chopé un truc. D'ailleurs, ma famille, quand elle a vu le film, a été hyper bouleversée. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Agnès a chopé vraiment les mimiques, toutes ses petites subtilités immédiatement.

C'est un film qui va parler aux spectateurs. William Lebghil : Je pense que c'est un film qui va parler aux spectateurs. La bipolarité touche énormément de gens, ou l'entourage d'énormément de gens. Cette maladie s'immisce entre les gens. Le film parle plus largement de la maladie, de cette difficulté à dépasser la tristesse qui peut s'installer à cause de la maladie.

Pouvez-vous nous parler de cette très belle scène musicale dans le film ?

Julien Carpentier : Parce que la chanson française, le répertoire des années 80, c'est c'est quelque chose qui unit les générations. C'est des moments aussi où des souvenirs ressortent. Il y avait cette volonté d'en faire le moment où ils pouvaient communiquer pour la première fois réellement à travers la chanson.

Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2023

publié le 9 mars, Brigitte Baronnet, Allociné

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