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Au cinéma : embarquez avec Viggo Mortensen pour un voyage poétique à travers les époques et les cultures

Après "Jauja", le réalisateur Lisandro Alonso revient avec un western envoutant, avec Viggo Mortensen et Chiara Mastroianni, qui va toucher vos sens et vous faire voyager dans une expérience transcendantale.

Habitué du Festival de Cannes, où ses longs-métrages ont été sélectionnés dans la section Un Certain Regard ou à la Quinzaine des Cinéastes, Lisandro Alonso est une des grandes figures du mouvement du nouveau cinéma argentin.

Le réalisateur de 48 ans s'est toujours distingué avec des drames mélancoliques livrant des portraits d'hommes bourrus voguant dans la nature en retraçant un passé complexe pour mieux appréhender l'avenir.

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Le nouveau western de Lisandro Alonso

Son nouveau film, présenté dans la section Un Certain Regard à la 76ème édition, Eureka lui permet de réaliser un western en bonne et due forme, "un rêve de garçon qui n'arrive qu'une fois dans une vie" pour ce cinéaste qui a "grandi en regardant des westerns".

Lisandro Alonso s'attache à raconter les différences et les similitudes entre les Indiens d'Amérique du Nord et ceux d'Amérique du Sud à travers le voyage initiatique d'une jeune native de la Réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud. Un lieu dans lequel le cinéaste s'est plongé pendant plusieurs mois pour une immersion totale :

"J'étais très curieux de savoir comment cette communauté survivait encore parce qu'elle reçoit peu d'aide et de soutien. Et puis j'ai commencé à établir des liens sur la façon dont ils ont été traités à travers les films, les westerns ou autres, et s'ils se sentaient suffisamment représentés.

Et j'ai établi des connexions avec des communautés ou des autochtones d'Amérique du Sud, dans la jungle ou dans ce genre de décor western comme on pouvait voir chez Sergio Leone."

Un voyage à travers les époques et les cultures

Eureka suit le voyage dans différentes périodes de l'Histoire de de Sadie (Sadie Lapointe), qui quitte sa Réserve de Pine Ridge, après avoir attendue toute la nuit le retour de sa tante policière Alaina (Alaina Clifford), vers l'Amérique du Sud où elle va découvrir une autre facette des Indiens, qui vivent dans la forêt, bien loin des idées préconçues et des images véhiculées par les westerns en noir et blanc qu'elle regardait.

Ces séquences sont notamment incarnées par Viggo Mortensen, qui avait déjà collaboré avec Lisandro Alonso dans Jauja (Prix FIPRESCI au Festival de Cannes 2014), ou encore Chiara Mastroianni.

Les différences culturelles entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud sont représentées avec véracité par les acteurs non professionnels du film avec qui Lisandro Alonso a collaboré mais aussi à travers le regard de Sadie réincarnée en oiseau, être voyageur, témoin et détenteur de vérités indicibles pour l'Homme.

"Vous ne savez jamais exactement comment les acteurs non professionnels vont ressentir votre film, vos idées", nous explique Lisandro Alonso, "J'étais donc un étranger. Et je devais m'adapter sur le processus. Mais c'est ce que j'aime le plus dans le fait de voyager, de rencontrer des gens et de travailler avec des nouvelles personnes."

L'idée de s'intéresser beaucoup plus en profondeur à des natifs lui vient de ses précédents films, qu'il estime "interconnectés". Avec Eureka, le réalisateur leur laisse une place plus grande, un espace de vie et de communication, qu'il filme presque comme un documentaire.

Et au milieu un oiseau

Ce volatile est inspiré d'un véritable oiseau "qui voyage du Mexique jusqu'en Amérique du Sud, qui migre durant l'année". Dans le film, il est recréé avec des effets spéciaux et visuels, un vrai défi pour Lisandro Alonso :

"J'aime l'oiseau visuellement et j'ai demandé à l'équipe de le recréer. Le processus a pris beaucoup de temps et je n'avais jamais fait ça de ma vie. C'est donc une autre étape que j'étais curieux d'essayer."

Outre ses dimensions politiques, culturelles et sociales, Eureka peut être appréhendé comme un tableau et une expérience onirique qui plairont aux amateurs du genre, guidés par cet oiseau migrateur. Chacun y verra ce qu'il veut voir et l'expliquera comme il l'entend. C'est d'ailleurs comme cela que le réalisateur cherche à offrir son film :

"Je n'ai pas beaucoup d'explications théoriques sur le film. Ce n'est pas mon genre. J'aimerais voir le film comme une peinture. Parfois, on ne comprend pas l'abstrait et parfois, on ressent une connexion indescriptible. J'aime ce plaisir esthétique et sensoriel dans les films."

Propos recueillis par Mégane Choquet le 20 mai 2023 à Cannes.

Le film Eureka de Lisandro Alonso est en salle.

publié le 28 février, Mégane Choquet, Allociné

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