La grève, menée notamment par les intersyndicales de Radio France et France Télévisions en opposition au projet de fusion des entreprises de l'audiovisuel public, a empêché la diffusion des programmes habituels des chaînes ce jeudi 23 mai 2024.

"La grève dans l'audiovisuel public pourrait être massive", prédisait "Le Monde" ce mercredi 22 mai 2024 alors que les intersyndicales de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, TV5 Monde et de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) appelaient les salariés à se mobiliser en nombre les jeudi 23 et vendredi 24 mai 2024 contre le projet qui prévoit de regrouper les entreprises publiques de l'audiovisuel au sein d'une holding avant leur fusion en 2026. Un rassemblement est prévu devant le ministère de la Culture, à Paris ce jeudi, à l'heure où devait débuter l'examen du texte de loi à l'Assemblée nationale. Celui-ci a finalement été reporté a annoncé le ministère des Relations avec le Parlement à l'AFP.

72% de grévistes à Radio France, selon le SNJ

Ce jeudi matin, les effets de la grève se sont fait sentir : la matinale de France Inter n'a tout simplement pas été diffusée ce jeudi 23 mai et a été remplacée par la très appréciée playlist de Radio France. Pour rappel, Nicolas Demorand, Léa Salamé et Sonia Devillers, les trois têtes d'affiche du "7/10", ont signé ce mercredi 22 mai aux côtés de 1.100 salariés une tribune s'opposant au projet porté au gouvernement par Rachida Dati. Une deuxième tribune a été publiée ce jeudi 23 mai 2024 dans "Libération".À LIRE AUSSI : "Démagogique, inefficace et dangereux" : Léa Salamé, Nicolas Demorand, Nagui et 1.100 salariés de Radio France rejettent le projet de fusion de l'audiovisuel public"Nous n'avons rien contre l'idée de changer, d'avancer, de réformer. Mais là, nous sommes face à une fusion de l'audiovisuel public faite à l'aveugle et dans une urgence inexpliquée", a estimé Sonia Devillers sur X ce jeudi. "Le projet est vide, les arguments fumeux. La radio publique va morfler pour rien. Je suis gréviste", a-t-elle prévenu. Les matinales de France Info et France Culture ont été affectées de la même façon.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a recensé 72% de grévistes contre la fusion de l'audiovisuel public ce jeudi dans les rédactions de Radio France. "Ainsi, ce jeudi matin, il n'y a pas eu d'antenne à France Inter, France Info, France Culture et Mouv'", a-t-il écrit dans un communiqué. "À France Bleu, 26 des radios locales du réseau n'ont pas assuré leur antenne en matinale et 11 ont connu des perturbations".

"Réveil un peu plus tardif que d'habitude"

Du côté de France Télévisions, Thomas Sotto et Marie Portolano ont bel et bien pris l'antenne ce jeudi 23 mai 2024. La matinale de France 2 a cependant débuté à 7h au lieu de 6h30. La première demi-heure était une rediffusion d'une ancienne émission."Bonjour à tous, bienvenue dans 'Télématin'. Réveil un peu plus tardif que d'habitude. Alors, vous le voyez, le décor est un peu différent de votre décor habituel. C'est en raison de la grève d'une partie des personnels de France Télévisions", a signalé Thomas Sotto depuis le petit plateau de la régie finale qui permet à France Télévisions de diffuser ses programmes les jours de grève en ayant recours au minimum de personnel. "Du coup, avec Marie (Portolano), on va attaquer les Jeux olympiques de 'Télématin'. Je lui passerai le relais à 8h15 et c'est elle qui poursuivra l'émission avec vous". Le plateau ne pouvait en effet accueillir les deux présentateurs simultanément. Après "Télématin", "La maison des maternelles" était proposée en rediffusion.De son côté, la matinale de Franceinfo, présentée par Jean-Baptiste Marteau sur le canal 27, n'a pas été diffusée et remplacée par des rediffusions d'émissions. À l'antenne, le direct a repris aux alentours de 11h. Le site web, lui, tourne au ralenti. Notons aussi que sur France 3, des dessins animés ont été diffusés en lieu et place de "Ici matin", nom de la matinale de France Bleu retransmise sur la Trois, et que l'antenne de France 24, chaîne internationale francophone du groupe France Médias Monde, a connu elle aussi des perturbations. "Parce que le service public audiovisuel est un bien commun, parce que France 24 a sa spécificité propre, parce que la reforme menée par le gouvernement au pas de course nous met en danger, je suis gréviste aujourd'hui comme beaucoup de mes confrères et consoeurs", a notamment posté sur X Pauline Paccard, à la tête de la tranche du 9h-12h de France 24.

Quel impact sur le débat Jordan Bardella/Gabriel Attal ce jeudi soir sur France 2 ?

Reste à savoir maintenant quel sera l'impact de la grève sur le débat entre le Premier ministre, Gabriel Attal, et la tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, organisé ce jeudi soir dans le cadre des élections européennes par France 2. D'après un article du "Parisien", "la Deux n'a pas prévu de modifications à son planning prévu de longue date". Selon le SNJ, la production de ce débat et les entretiens qui suivront avec Manon Aubry (La France insoumise), François-Xavier Bellamy (Les Républicains), Marie Toussaint (Les Écologistes) et Marion Maréchal (Reconquête !), sera externalisée.