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"On m'appelait Marathon Man" : Pierre Perrier raconte le tournage à cent à l'heure de L'île prisonnière

Alors que France 2 diffuse ce soir la suite de "L'Ile prisonnière", sa nouvelle fiction événement écrite par Michel Bussi, Pierre Perrier, l'interprète d'Alex, se confie sur son personnage, le tournage très physique de la série, et ses projets.

Diffusée chaque lundi à 21h10 sur France 2, L'île prisonnière, première création du romancier Michel Bussi pour la télévision, nous transporte à Penhic, une petite île fictive de Bretagne sans histoire qui voit son quotidien basculer le jour où une vingtaine d'activistes armés débarquent et confinent tous les habitants dans l'école du village.

Qui sont ces activistes ? Pourquoi retiennent-ils prisonniers les habitants de Penhic ? Qui parmi eux deviendra héros, lâche ou traître ? Autant de questions qui trouveront réponse au fil de cette saison de six épisodes qui va de rebondissement en rebondissement. D'autant plus que la présence sur l'île de cinq passagers d'une navette reliant le continent à Penhic qui ont réussi à échapper à la vigilance d'Alpha et de ses hommes pourrait bien venir tout bouleverser.

Alors que France 2 propose ce soir deux nouveaux épisodes de L'île prisonnière, Pierre Perrier (Jeux d'influence, Les Revenants), revient pour nous sur les raisons qui l'ont poussé à jouer Alex, ancien habitant de l'île de retour à Penhic au pire moment, et sur le tournage éprouvant de la série. Sans oublier d'évoquer ses brèves retrouvailles avec Lannick Gautry, le film qui a changé sa vie il y a près de vingt ans, et ses projets à la télévision.

AlloCiné : Qu'est-ce qui vous a séduit dans L'île prisonnière lorsque lorsqu'on vous a présenté le projet ? Est-ce que le fait que ce soit la première création de Michel Bussi pour la télévision était un argument pour vous ?

Pierre Perrier : Bien sûr, ça représentait un intérêt certain pour moi car c'est la première fois que Michel Bussi s'essaye à l'écriture de scénario et qu'une série "de Michel Bussi" ne passe pas avant par l'étape du roman, donc c'était intrigant.

Ensuite, au-delà de ça, le projet me paraissait ambitieux par rapport à ce qu'on fait en général en fiction française. Et le rôle d'Alex était plaisant à jouer. On pense aux films d'action des années 90, j'avais pas mal de références dans la tête. C'était assez inspirant. J'avais déjà fait un peu d'action, mais pas à ce point-là. Et puis la série est assez chorale. Quand j'ai vu tous les bons comédiens qu'il allait y avoir autour de moi, ça donnait là aussi sacrément envie.

Michel Bussi parle de L'île prisonnière comme étant une sorte de mélange entre Le Prisonnier et La Casa de Papel. Vous êtes d'accord avec ça ?

Ce n'est pas aussi puzzle que La Casa de Papel, mais il y a des petits twists dans L'île prisonnière aussi, c'est vrai. Je vois à quoi il fait allusion. L'intrigue se déplie au fur et à mesure, il y a une construction un peu en origami, à chaque épisode on déplie un petit bout et ça donne une autre figure. C'était hyper intéressant en termes de structure. Et Le Prisonnier, on y pense aussi forcément oui, avec ce périmètre clos et encadré.

On se pose forcément des questions sur Alex, votre personnage, qui revient à Penhic au moment-même où les activistes débarquent. On se demande s'il pourrait être un traître. Est-ce que c'est comme ça que vous l'avez appréhendé en termes de jeu : comme un héros ayant possiblement un double visage ?

Oui, c'était une des directions que m'avaient donné les réalisateurs, Elsa Bennett et Hippolyte Dard. Il fallait que sur les deux ou trois premiers épisodes il y ait un doute sur les intentions d'Alex, qu'on puisse s'attendre à un retournement de situation concernant mon personnage, qu'un double visage soit révélé. Donc je l'ai joué assez taiseux au début.

Il y a une scène assez violente à un moment donné, où Alex étrangle un mec et le fait s'évanouir. Les réalisateurs voulaient que ce soit un peu too much pour laisser planer un doute et qu'on se dise "Ce mec a une capacité de violence".

D'après vous, Alex revient-il vraiment à Penhic pour s'occuper de la tombe de son père, ou est-il avant tout de retour pour retrouver Candice ?

Je pense que l'un et l'autre ne sont pas dissociables. Mais la raison primaire reste quand même, selon moi, la tombe du papa. Mais il ne peut pas envisager l'un sans l'autre. Et cette histoire d'amour, ainsi que le triangle amoureux avec Yannick (Kevin Azaïs), apportent une vraie tension à la série. En plus ce n'est pas trop cliché car Candice (Margot Bancilhon) en met plein la gueule à Alex au début, elle n'est pas du tout à lui tomber dans les bras tout de suite.

C'est un triangle amoureux qui n'était pas si classique à jouer. Surtout dans une intrigue où il y a vraiment beaucoup d'action.

Un détail ne peut échapper au téléspectateur qui regarde L'île prisonnière : Alex court beaucoup au cours des six épisodes de la série...

C'était la blague sur le tournage (rires). On m'appelait Marathon Man. Je n'ai jamais été aussi en forme que pendant ce tournage. J'avais 20 minutes de footing par jour, voire plusieurs fois par jour. Sur les falaises de Bretagne, du Finistère Sud, c'était quand même assez sublime, on avait de la chance. Mais c'est vrai, je cavale en permanence dans cette série. C'était vraiment la blague, les réalisateurs me regardaient et me disaient "Désolé Pierre, tu vas encore courir". J'ai fini le tournage très en forme (rires).

Vous avez eu la sensation d'un tournage globalement éprouvant ?

Oui, c'était assez physique. On commençait très très tôt, car les réalisateurs essayaient de choper les lumières de l'aube, donc il fallait être prêt aux aurores. Mais bon c'était très agréable de tourner en Bretagne. On était dans de très bonnes conditions, on tournait face à la mer chaque matin, c'était génial.

Après, il faut savoir une chose à propos de la Bretagne : la météo change tous les quarts d'heure. Il fallait faire avec. On a parfois eu des problèmes de raccords. On passait d'un grand soleil à un crachin pendant des heures et des heures, et là tu ne peux rien faire. Tu es obligé de continuer à tourner.

Y a-t-il une séquence de la série que vous retenez tout particulièrement ?

J'ai une jolie séquence avec Anouk Grinberg à un moment donné, lorsque son personnage, Mado, pète un câble. On avait un joli rapport avec Anouk et c'est une scène qui m'a beaucoup touché. Ce n'est pas habituel de voir une grand-mère péter les plombs dans les bras d'un jeune mec.

Vous n'étiez pas trop frustré d'avoir si peu de scènes avec Lannick Gautry, avec qui vous aviez joué dans Le Tueur du lac et Peur sur le lac ?

C'est vrai qu'on n'a quasiment pas joué ensemble dans L'île prisonnière. Nos personnages se confrontent un peu à la fin, mais il n'y a quasiment pas d'échange. Mais on s'entend très bien avec Lannick. En plus, il est Breton, il a une grande maison là-bas, on était juste à côté de chez lui. Il a fait des grandes bouffes pour toute l'équipe, c'était très agréable.

Beaucoup de gens vous ont découvert dans le film Douches froides d'Antony Cordier, qui est sorti en 2005 au cinéma. Quel souvenir gardez-vous de cette aventure ?

C'était mon premier long métrage. C'était extraordinaire, une expérience vraiment très forte. J'avais commencé deux ou trois ans auparavant en télé, j'avais fait mes gammes sur des trucs de lycéens, comme Madame la Proviseur, sur lesquels je m'étais un peu cassé les dents car je n'avais pas de formation. Et Douches froides c'était la première fois où on me mettait dans des conditions de cinéma, avec des exigences de cinéma, un vrai travail en amont.

On avait fait beaucoup de répétitions car le film était très complexe. On avait fait trois mois d'entraînement de judo avec l'équipe de France pour être au taquet. J'avais pris 10 kilos de muscles. C'était très demandant comme tournage. Et puis le sujet n'était pas facile. Il y avait beaucoup de scènes de sexe, de nu. Il fallait être à l'aise avec ça. C'était une expérience très forte mais c'était génial. On était dans de très bonnes conditions. On était toute une équipe de jeunes. Antony Cordier c'était son premier long métrage. J'en garde un très bon souvenir. On est allé à Cannes, pour nous tous ça a eu de très belles répercussions. Ça m'a mis le pied à l'étrier pour tout ce que j'ai fait après.

Avec le succès aujourd'hui de fictions pour les jeunes comme Elite ou After, est-ce que ce film, assez chaud pour l'époque, n'était finalement pas un peu en avance sur son temps ?

C'est vrai. Les histoires d'amour et de sexe sur les jeunes ça a toujours existé, on pense notamment aux films de Téchiné. Mais Douches froides parlait de triolisme, en détente (rires). Il y avait une espèce de vision sur une jeunesse qui allait arriver et qui aujourd'hui existe en masse. Avec une vraie libération et une tendance à déstructurer les codes. C'est marrant, je ne l'ai jamais vu comme ça, mais maintenant qu'on en parle, c'est vrai que le film était un peu en avance sur son temps.

Vous aimeriez retravailler avec Antony Cordier, qui depuis Douches froides a notamment réalisé Happy Few et la série OVNI(s) ?

Je ne l'ai pas vu depuis une éternité, mais si l'opportunité se présentait un jour, je lui dirais évidemment oui. Il fait du super travail, c'est un excellent réalisateur.

Vous tournez en ce moment pour M6 la mini-série Les Espions de la terreur, avec Vincent Elbaz. Que pouvez-vous nous en dire ?

La série est basée sur un livre très sérieux, très documenté sur le sujet. On y suit la traque des responsables des attentats du 13 novembre 2015 par le prisme de la DGSI et de la DGSE. C'est lourd mais c'est très intéressant.

Le travail accompli a été dingue, c'est vraiment montré dans la série. Je joue un commandant de la DGSI qui est au coeur de la traque des terroristes par le biais des réseaux sociaux, d'internet, et du bornage GPS des mecs, sur le territoire français uniquement. Voilà tout ce que je peux dire.

Je tourne également dans Sambre, une série réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, qui m'avait dirigé dans Jeux d'influence. C'est une série sur le violeur de la Sambre, et ça va être très très fort. Je suis très heureux de retravailler avec Jean-Xavier, qui est un réalisateur exceptionnel, très méticuleux.

Et après cela, je devrais tourner cet été un unitaire de qualité sur Romain Gary, au moment où il écrit La Vie devant soi sous le pseudonyme d'Emile Ajar. On m'a proposé de jouer le rôle de son neveu, qui a endossé l'identité d'Emile Ajar auprès de la presse à l'époque. Et c'est lui qui avait révélé la supercherie après le suicide de Romain Gary, cinq ans après la parution de La vie devant soi.

C'est un sujet qui me passionne. Romain Gary est une espèce de mythe humain, il y a tellement de mysticisme autour de lui qu'il en est fascinant. J'ai lu le scénario, c'est très bien écrit, les auteurs sont des romanciers qui ont écrit sur Romain Gary. Je suis vraiment ravi de participer à ce projet.

publié le 20 février, Jérémie Dunand, Allociné

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