Actus séries

Déconseillée aux moins de 18 ans, cette série russe cartonne même en Ukraine : les politiques sont obligés de s'en mêler

C'est assez rare pour être souligné : la série du moment n'est pas du côté de Netflix, Prime Video ou Disney+ mais sur une plateforme russe. Slovo patsana, traduite The Boy's Word: Blood on the Asphalt aux Etats-Unis, est le phénomène des dernières semaines. A tel point que même en Ukraine, tout le monde en parle. La série y est pourtant interdite.

Autant le dire d'emblée. Slovo patsana n'est actuellement pas dispo en France. On va donc vous parler d'une série que l'on n'a pas pu voir. Grâce à Courrier international qui recoupe plusieurs articles étrangers, on peut néanmoins se faire une idée du phénomène grandissant autour de cette oeuvre russe qui fascine les pays de l'Est.

Slovo patsana, (The Boy's Word: Blood on the Asphalt aux US) est une série russe. Elle est décrite comme "dramatique policière", réalisée par Zhora Kryzhovnikov et basée sur un roman, La parole d'un garçon : le Tatarstan criminel des années 1970 à 2010, de Robert Garaev.

Elle nous plonge dans la Russie de la fin des années 80, à l'approche de la fin de l'Union soviétique. On y suit Andreï (Leon Kemstach), un ado de quatorze ans harcelé par des jeunes de gangs qui envahissent les rues. Pour survivre, il rejoint l'un d'eux et découvre ce monde où la violence est la seule solution, ou presque, pour tenir dans une guerre de territoire sanglante. Une guerre des gangs à la sauce soviétique.

>> Cette série fantastique rivalise avec Game of Thrones et cartonne dans le monde entier

Une série qui rassemble autant qu'elle divise

Non disponible en France, la série est devenue celle dont tout le monde parle en Russie, mais pas seulement. En Ukraine, où il est pourtant interdit de diffuser des productions d'un pays qui les bombarde, la série est sur toutes les lèvres explique le journal israélien Ha'Aretz via un article de sa journaliste d'origine russe, repris par Courrier international. Le journal El Pais ajoute que Slovo Patsana n'est visible que via des téléchargements pirates.

Le média de Jérusalem décrit même Slovo patsana comme "une émission télévisée à succès de l'ère soviétique qui unit les téléspectateurs en Russie et en Ukraine". Dans son article, elle s'appuie sur les propos d'un critique de cinéma ukrainien qui affirme que toute la population, des ouvriers aux employés en passant par les soldats, "en parle, à mi-voix, mais en parle bien". Un succès qui divise la société ukrainienne, des internautes aux influenceurs, jusqu'à l'ex-président ukrainien, Petro Porochenko, qui a demandé aux jeunes d'arrêter de s'y intéresser. Des responsables politiques de la république russe du Tatarstan, où se déroule l'histoire de la série, ont, eux, fermement demandé son interdiction.

Slovo patsana est donc loin d'avoir que des admirateurs. Sur le fond, il est aussi reproché à l'oeuvre de rendre la violence sexy et cool. Une accusation étonnante que l'on pourrait cependant faire à de nombreuses séries à travers le monde et que The Economist, notamment, balaie : "les épisodes les plus sombres de la série, pleins d'oreilles coupées, de viols et de meurtres, montrent clairement qu'elle ne glorifie pas la violence".

Un tragique fait divers a pourtant (re)mis Slovo patsana au coeur des débats. Début décembre, un ado de 15 ans a été poignardé à un arrêt de bus en Sibérie lors d'une embrouille entre jeunes. Et à en croire l'enquête en cours, tout serait parti d'une guerre de territoire sur fond d'appartenance - ou non - à un gang. Le tout appuyé par un terme qui avait disparu mais remis au goût du jour par la série...

>> La Casa de Papel : 2 gamins se déguisent en braqueurs de la série et créent la panique en Italie

En route pour une saison 2

Malgré ces critiques, le succès est immense. Liza Rozovski, la journaliste du journal Ha'Aretz mentionnée plus haut, vante une série "idéale pour le binge-watching" qui mise sur la beauté de ses acteurs et la tension permanente. Sur le site de référence IMDb, elle se voit attribuer la note de 7,6/10 au global, et monte même à plus de 8 selon les votants issus d'Allemagne et du Royaume-Uni. Preuve supplémentaire de son carton, à la manière de La Casa de Papel avec son Bella Ciao, Slovo patsana voit sa chanson Piala tout défoncer sur les plateformes de streaming de la région.

Toujours via Courrier international, on découvre que le média russe Lenta.ru parle quant à lui carrément de "l'une des meilleures créations de l'année [2023] en Russie", où Slovo patsana est sortie début novembre avec une diffusion programmée jusqu'en fin d'année.

Face à ce phénomène, le site avance que le dernier épisode de Slovo patsana a eu droit à quelques modifications de dernière minute. Pas tant pour prendre en compte les critiques mais plus pour ouvrir une possibilité de saison 2. De quoi également permettre à la série de s'ouvrir à d'autres pays, y compris la France ?

publié le 29 janvier, Thibault Raoult, Purebreak

Liens commerciaux