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Addict : "On m'avait rarement proposé d'incarner un salaud pareil !", raconte Sagamore Stévenin

Ce jeudi 3 novembre 2022, TF1 poursuit la diffusion de sa mini-série "Addict", avec notamment Cécile Bois et Sagamore Stévenin. Pour AlloCiné, ce dernier est revenu sur sa participation à cette fiction...

L'emprise continue dans Addict ce jeudi 3 novembre 2022 sur TF1, à partir de 21h10. Ici, Cécile Bois (qui a récemment répondu à nos questions) incarne Elodie, une femme mariée et mère de famille dont la relation de couple est dans le creux de la vague.

Avec son époux Yvan (Medi Sadoun) et leurs enfants, ils déménagent dans un autre patelin pour recommencer leur vie à zéro. Bruno (Sagamore Stévenin), leur nouveau voisin, se montre très accueillant et ne tarde pas à montrer un grand intérêt romantique envers Elodie.

Insidieusement, il s'immisce dans les failles du couple et parvient à séduire cette dernière. Leur liaison passionnée éloigne même de plus en plus Elodie des siens car elle tombe amoureuse de Bruno... Or, celui-ci a un passé trouble et est en fait un dangereux pervers narcissique !

Pour AlloCiné, Sagamore Stévenin revient sur sa participation à la mini-série...

AlloCiné : Avez-vous aimé jouer Bruno, ce personnage si dangereux dans "Addict" ?

Sagamore Stévenin : C'est même un vrai psychopathe. Derrière cette façade de mec populaire, il y a quelque chose de plus noir et de plus compliqué. J'ai joué quelques méchants parce que j'adore ça mais on m'avait rarement proposé d'incarner un salaud pareil ! Il va très loin. Ça m'intéressait d'interpréter cette ambiguïté de dire une chose... mais d'en exprimer une autre avec son corps et son regard. C'était assez jouissif d'aller chercher cela dans le jeu.

Quels lourds secrets cache-t-il ?

Ce personnage vit un éternel recommencement. Il a eu une expérience personnelle assez particulière et traumatisante par rapport à sa mère. Dans la vie, on pense souvent qu'on se construit en opposition à ce qu'ont été nos parents mais avec le temps qui passe, on réalise qu'à force de trop vouloir se différencier, on suit le même parcours.

Il y a quelque chose de cet ordre chez Bruno. Il a aussi une soif de contrôle absolu et permanent. Il se donne l'objectif de devenir Dieu pour une personne, ici Elodie. Il n'a aucune barrière morale, seule la finalité compte.

Pourquoi Élodie est-elle irrésistiblement attirée par Bruno ?

Rapidement, elle se rend compte que cet homme est dangereux. Malgré tout, cet aspect devient l'une des raisons de l'attraction entre les personnages. Élodie a un mari parfait mais son côté tout doux devient presque ennuyeux. A l'inverse, elle aime jouer avec le feu, comme tous les êtres humains...

Comment avez-vous préparé ce rôle ?

Des pervers narcissiques, on en a tous autour de nous. Ces exemples-là ont été ma matière première. Ensuite, j'ai laissé mon imaginaire s'emparer du personnage pour qu'il puisse se décupler. J'ai eu ainsi une espèce de silhouette qui s'est dégagée dans mon esprit. Une façon de se déplacer, un code vestimentaire...

Quand j'ai lu Addict pour la première fois, je me suis dit par exemple que Bruno était très aiguisé physiquement. A ce degré de perversion et de narcissisme, on est dans une jouissance de son propre corps. J'ai donc perdu sept kilos pour le rôle. Ce n'était pas une demande du réalisateur ou de la production. Cela change la façon de se mouvoir, d'apparaître puis de disparaître. J'ai connu des personnes comme ça et c'est très déstabilisant.

Comment s'est déroulé le tournage des scènes d'intimité avec Cécile Bois ?

Il y avait un référent sur le tournage pour tout ce qui est harcèlement, etc... Des parties ont été doublées concernant Cécile parce qu'elle se sentait plus à l'aise comme ça. Pour ma part, je suis assez vacciné de ce point de vue-là de par mon expérience dans Romance de Catherine Breillat...

Sur un plateau, je me dédouble et j'ai l'impression que le meilleur masque est la nudité. Les gens habillés sont plus décontenancés que ceux qui sont nus. Dans tous les cas, ici, le plus important était le propos plutôt que la scène de sexe en elle-même. On a eu un très bon rapport de boulot ensemble avec Cécile. J'ai essayé d'être le plus protecteur possible avec elle.

Une scène a-t-elle été plus difficile à tourner qu'une autre ?

Dans le scénario original, il y avait des flash-backs concernant Bruno. On le voyait à différents âges, enfant et adolescent avec sa mère, pour comprendre pourquoi ce mécanisme psychologique s'était enclenché chez lui en tant qu'adulte. Ces scènes ont été coupées pour diverses raisons et je trouvais ça particulièrement chiant car elles donnaient une clé de compréhension sur son humanité.

J'ai par la suite proposé de remplacer ces flash-backs visuels par des flash-backs sonores, comme une sorte de réminiscence de ces scènes que Bruno avait vécu dans son passé. Je pense que le son d'un point de vue narratif est plus puissant que l'image parce que cela évoque des choses aux gens. En ce sens, ces souvenirs douloureux m'ont amené dans des zones assez difficiles. Pour moi, ces moments étaient assez raides à jouer en tant qu'acteur.

Et vous, Sagamore, avez-vous une addiction dans la vie de tous les jours ?

Je suis addict à plein de choses... Mais ce à quoi je le suis le plus est peut-être la curiosité humaine. Je suis constamment en train de rencontrer des gens à droite à gauche. J'aime le contact. Autant, isolé dans ma campagne, je suis devenu assez misanthrope à cause de notre époque où l'on fait beaucoup de bruit pour rien, autant cela a développé tous ces fils tendus qui font que dès que je sors de ma tanière, je deviens intéressé par les autres.

publié le 3 novembre, Florian Lautré, Allociné

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