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"Tout s'est enchaîné" : pourquoi cette actrice a attendu 13 ans avant de revenir au cinéma ?

A l'occasion de la sortie de "Des mains en or", voici cinq choses à savoir sur cette comédie réalisée par Isabelle Mergault, avec Lambert Wilson, Josiane Balasko et Sylvie Testud.

De quoi ça parle ? François, futur académicien, est un écrivain célèbre. Avec une épouse chirurgienne, un cercle d'amis de haut rang, sa vie serait un bonheur parfait s'il ne souffrait d'un terrible mal de dos qui empoisonne son existence. Lorsque François, par le plus grand des hasards, rencontre l'incroyable Martha aux mains guérisseuses, ses douleurs de dos vont s'atténuer.

Il va devenir dépendant des mains de Martha qui l'apaisent davantage que n'importe quel antidouleur. Entre ces deux personnages se tisse une amitié étonnante, avec l'occasion pour eux d'enfin saisir le meilleur que la vie peut leur offrir.

13 ans après "Donnant, donnant"

Depuis Donnant, donnant (2010), Isabelle Mergault n'était plus revenue à la réalisation car trop occupée par le théâtre : "Tout s'est enchaîné y compris les périodes où l'on a besoin de souffler un peu, de s'occuper des siens. Être sur les planches, c'est ma place, l'endroit où je me sens le mieux. Aucune fâcherie dans tout cela avec le cinéma où je suis arrivée à la réalisation par hasard, il y a presque vingt ans, quand Michel Blanc m'a demandé de mettre en scène « Je vous trouve très beau » dont j'avais écrit le scénario", confie la réalisatrice.

Naissance du projet

Isabelle Mergault a eu, il y a quelques années, à régler un gros problème de jambe. Après avoir consulté de nombreux spécialistes qui finissaient par conclure que le mal se situait dans sa tête, la cinéaste est allée voir une guérisseuse (alors qu'elle vient d'une famille de médecins allopathes !) : "En fait, je m'étais perdue sur une route de Normandie, comme dans le film, j'ai vu son affiche, je me suis présentée chez elle et quand je suis sortie je ne boitais plus."

"J'ai développé une histoire à partir de ce point de départ en ayant envie de confronter deux personnes douées de leurs mains, l'un parce qu'il écrit, l'autre parce qu'elle soigne. Deux personnes qui n'ont pas grand- chose en commun. J'avais envie de faire de cet intellectuel quelqu'un qui devient dépendant d'une rebouteuse. C'est venu comme ça, j'ai écrit très vite, sans plan, j'ai dialogué, sans savoir forcément où j'allais. Sans fin prévue", se rappelle-t-elle.

Le choix du tandem

Isabelle Mergault a d'abord pensé à Lambert Wilson en raison de son élégance. Puis, elle a choisi Josiane Balasko pour son côté populaire. "Et elle m'a dit oui. J'aime ce duo auquel on peut croire. Josiane est évidemment plus cultivée que Martha mais je pense qu'elles ont en commun une forme d'élégance du cœur. J'ai eu la chance d'avoir deux personnalités du cinéma qui savent tout faire dans le domaine de l'émotion y compris le grand écart entre le rire et les larmes", se souvient la réalisatrice.

Tournage en Normandie

Isabelle Mergault a tourné Des mains en or durant l'été 2022 en Normandie. La cinéaste adore en effet la Côte de Nacre : "J'y suis allée pendant quinze ans, j'y louais une maison. J'y ai souvent emmené ma fille mais sur cette côte la mer n'est jamais là où on l'attend. On faisait des châteaux de sable en espérant qu'elle remonte et ça a fini par la lasser. Nous avons tourné à Saint-Aubin-sur-Mer dans le restaurant « Le Crabe vert » - rebaptisé « Les Mouettes » dans le film - dont je connais très bien le patron et où j'allais régulièrement déjeuner."

Sortir de l'enfermement

Isabelle Mergault aime raconter des histoires dans lesquelles des gens sont, au départ, enfermés dans des carcans sociaux ou affectifs et dont ils parviennent à sortir grâce à des rencontres qui les transforment : "Ce sont des êtres malheureux qui n'ont pas été touchés du doigt par la grâce d'un amour ou d'une attention ou parce qu'ils n'ont pas rencontré les bonnes personnes et ça me bouleverse."

"François, révélé par la grâce de Matha s'humanise. En fait, elle l'accouche comme une maïeuticienne de cette humanité qui était là, enfouie, et qui aurait pu ne jamais sortir peut-être par peur ou parce que les autres l'ennuyaient. Je suis moi-même comme cela, on ne m'a pas débloquée. Ce n'est qu'en écrivant que je trouve le bonheur, que je parviens à sortir de mon existence", développe la cinéaste.

publié le 10 juin, Laurent Schenck, Allociné

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