Actus cinéma

Sagas pour jeunes adultes : vers un essoufflement ?

Hunger Games

© Metropolitan FilmExport, DR

La sortie de Hunger Games - La Révolte Partie 2 ce 18 novembre marque la fin d'une époque. Non seulement celle d'une saga qui a triomphé et su marquer son temps, mais peut-être aussi celle d'une tendance. Alors que les coursives d'Hollywood épuisent leur stocks d'idées, la mode des adaptations d'oeuvres littéraires pour jeunes adultes est, à en croire quelques indices, sans doute arrivée à son terme. Comment ? Pourquoi ? Et vers quelles nouvelles aspirations se dirige-t-on ? Éléments de réponses.

Une heure de gloire

Les années 2000 sont, il est certain, le point de départ de cette mode. La première saga du genre s'appelle Harry Potter. Arrivée en 2001 dans les cours d'école, la franchise la plus lucrative de l'Histoire s'est peu à peu ouverte à un public plus âgé pour, au final, rassembler une tranche de 7 à 77 ans. Face au succès fulgurant de l'univers de J.K. Rowling, d'autres ont suivi le mouvement. D'ailleurs, tout juste après la sortie des Reliques de la mort au format papier, les fans n'ont pas eu beaucoup de temps pour pleurer la fin des aventures du Survivant car l'univers des vampires est entré par la grande porte, Twilight en tête de cortège.

La quadrilogie de Stephenie Meyer devient pentalogie à l'écran. Car, oui, les gros studios qui ont la chance de mettre la main sur ces poules aux oeufs d'or ont toutes adopté une autre mode : celle du découpage du dernier tome en deux films, espérant ainsi faire grimper la cagnotte et raccrocher les fans un peu plus longtemps aux aventures de leur héros. La suite, on la connaît : Le Labyrinthe de James Dashner et Divergente de Veronica Roth sont venus grossir les rangs de ces blockbusters calibrés pour tout rafler. Toutefois, depuis quelques années, force est de constater que la recette n'est peut-être plus si impitoyable auprès du public.

Des chiffres au ralenti

Divergente fut l'une des dernières sagas à connaître la transition du papier aux images. Shailene Woodley, actrice en pleine ascension, est alors choisie pour devenir la nouvelle Jennifer Lawrence en 2014. Un titre donné un peu trop vite par les médias puisque deux films plus tard, on ne peut s'empêcher de relever que les carrières respectives des deux jeunes femmes ne sont pas tout à fait les mêmes. Quand l'une triomphe dans le rôle de Katniss et rafle un Oscar grâce à la variation de ses rôles, l'autre patine un peu plus. La faute justement aux contre-performances de Divergente. Si tout destinait ce nouvel univers science-fictionnel à un grand avenir, il n'en est finalement rien. En deux volets, les chiffres de Divergente n'atteignent même pas ceux du premier épisode de Hunger Games. Et la critique n'est pas non plus très tendre.

Le cas du Labyrinthe est assez différent. Notamment parce que l'on a ni affaire à une héroïne, ni à un couple d'amoureux, mais à un jeune garçon ordinaire. Avant la sortie du film en 2014, plusieurs sites américains estimaient même que son succès ou non serait imprévisible, en raison de cette configuration. Résultat : les recettes du premier opus (348 millions de dollars dans le monde) ont été considérées comme une bonne surprise, ce qui en dit long sur les nouvelles attentes de l'industrie quant aux adaptations d'univers dystopiques. L'ère Harry Potter est bel et bien derrière nous et ce ne sont peut-être plus sur ce genre de films qu'il faudra désormais compter pour faire exploser le box-office.

La nouvelle mode hollywoodienne

Il y a un nouveau shérif en ville et il s'appelle "univers partagé". Que ce soit les super-héros de Marvel et DC, les monstres d'Universal, les Transformers ou les Lego : tout est bon pour faire sortir le mot crossover du chapeau des majors. Si l'on regarde de plus près les recettes de ces dernières années, on ne peut évidemment pas passer à côté de ce phénomène qui a définitivement la cote. Les deux volets des Avengers ont franchi le milliard, les attentes pour Batman V Superman ou Suicide Squad sont énormes et la jonction de deux univers dépasse même le cadre du grand écran pour atteindre celui de la petite lucarne. En somme, tous les principaux studios s'y sont mis, et au-delà même du crossover, ce sont surtout les super-héros qui sont devenus la nouvelle coqueluche de l'industrie.

Il n'y a sans doute qu'Universal qui a décidé de se passer des personnages en cape et collants pour utiliser une autre carte. En effet, les remakes, les reboots et les suites sont devenus si communs qu'il ne se passe plus une semaine sans qu'une major annonce déterrer un film ou une franchise pour la dépoussiérer. Universal l'a fait avec brio pour Jurassic World, jusqu'à présent plus gros succès de l'année 2015 avec 1,6 milliard de dollars de recettes. On pense également à Star Wars 7 qui, au vu des spéculations des différents spécialistes, est bien parti pour briser de nombreux records.

En attendant, Hunger Games 4 a réalisé le pire démarrage de la licence sur le sol américain, Le Labyrinthe : La Terre brûlée se rapproche péniblement du score de son prédécesseur, et Divergente 3 va devoir s'employer pour faire mieux que les volets précédents. La fin d'une époque...

publié le 29 novembre, Hawoly Ba

Liens commerciaux