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Pourquoi Bob Marley est-il toujours un symbole aujourd'hui ? Le réalisateur du film One Love nous répond

Bob Marley : One love est actuellement en salles. Le réalisateur Reinaldo Marcus Green nous a accordé un entretien pour parler de son biopic musical consacré au roi du Reggae.

Bob Marley : One love, premier biopic consacré au roi du Reggae, est au cinéma depuis ce mercredi 14 février. Mis en scène par Reinaldo Marcus Green (La Méthode Williams) et produit par la famille du chanteur, ses enfants Ziggy & Cedella et sa femme Rita Marley (incarnée par Lashana Lynch dans le film), Bob Marley : One Love revient sur la vie privée et la carrière de l'icône de la chanson qui a fait connaître le reggae à travers le monde, au cours de ses presque 20 ans de carrière, et a inspiré des générations grâce à son message d'amour et d'unité.

Le long métrage ne retrace pas la vie complète de Bob Marley mais se concentre sur une période précise. Le film débute en décembre 1976 quand Nesta doit se produire sur la scène du concert Smile Jamaica pour unir la nation.

Deux jours avant le concert, le chanteur et les siens sont victimes d'une tentative d'assassinat. Le film montre la manière dont cet attentat a marqué la vie et l'œuvre de Bob Marley et l'a forcé à l'exil. Un exil londonien durant lequel il compose avec son groupe The Wailers, l'album Exodus, nommé meilleur album du XXème siècle par le Time Magazine en 1998.

Et c'est le comédien Kingsley Ben-Adir, déjà vu dans Les Enquêtes de Véra, Peaky Blinders, The OA, Barbie et Secret Invasion qui se glisse dans la peau de Bob Marley. Un rôle qui a nécessité à l'acteur 8 mois de préparation.

A l'occasion de la sortie en salles de Bob Marley : One Love nous nous sommes entretenus avec le réalisateur Reinaldo Marcus Green qui nous confie avoir toujours aimé les chansons de Bob Marley sans jamais vraiment en comprendre le sens, mais avoir - grâce à ce film - compris le message d'union et d'amour qui parcourt l'œuvre de Bob Marley.

AlloCiné : Comment êtes-vous arrivé à la mise en scène du premier biopic dédié à Bob Marley ?

Reinaldo Marcus Green: La première version du scénario, écrite par Terence Winter et Frank E. Flowers, m'a été remise. À l'époque, je n'avais pas encore réalisé qu'aucun film sur Bob Marley n'avait été fait et je n'ai donc pas voulu ouvrir le scénario tout de suite car c'était trop beau pour être vrai.

J'ai demandé à mon agent de m'organiser un rendez-vous avec les producteurs du film, qui se trouvaient être Robert Teitel et Ziggy Marley. Ziggy a répondu à mon premier appel, et je me suis dit que ça devait être vrai.

J'ai immédiatement demandé s'ils avaient bien les droits sur la musique de Bob Marley car c'est primordial pour un film musical. Ils les avaient et c'est là que j'ai commencé à sérieusement me pencher dessus. Je n'étais pas sûr d'être la bonne personne, mais le fait d'avoir le soutien de Ziggy m'a semblé être une bonne raison de prendre les choses très au sérieux.

Il fallait que le film se concentre sur une partie précise de la vie de Bob Marley. Et à ce moment-là, je leur ai dit que le scénario avait besoin d'être retravaillé. C'était un excellent squelette, mais nous devions vraiment déterminer quelle partie de la vie de Bob Marley nous allions raconter. Il fallait que le film se concentre sur une partie précise. J'ai alors fait appel à Zach Baylin avec lequel j'avais déjà collaboré sur La Méthode Williams. Nous avons alors embarqué dans une sorte de voyage d'un an pour réécrire le scénario et trouver le casting.

AlloCiné : Qu'avez-vous pensé en voyant Kingsley Ben-Adir en Bob Marley pour la première fois ?

Reinaldo Marcus Green : J'avais visionné plusieurs centaines de milliers de cassettes, et pour être tout à fait franc, personne n'était proche de Bob. Il y avait de très bons acteurs mais ils n'étaient tout simplement pas adaptés au rôle.

Je cherchais quelqu'un de très spécifique. Pas nécessairement quelqu'un qui lui ressemblait, une personne qui avait certains attributs qui me semblaient vraiment importants. Bob était un métis d'origine jamaïcaine et caucasienne, nous avions donc besoin d'un métis.

Quand j'ai vu les essais de Kingsley je l'ai trouvé unique. Même la façon dont il s'est filmé était intelligente : un profil de trois quarts. Il ne m'en n'a pas trop donné, mais suffisamment. Et il avait ce petit quelque chose en plus. C'est un peu ce que tous les réalisateurs recherchent. Immédiatement vous vous dites « Wow, il y a quelque chose ici ».

Kingsley avait ce petit quelque chose en plus. Et ce qu'il a fait, c'est vraiment donner une interprétation de Bob Marley, il ne l'a pas imité. Beaucoup d'acteurs faisaient des imitations ou étaient des copies conformes, et je ne voulais pas une copie conforme de Bob Marley. Il n'y en a qu'un, et on ne peut pas le retrouver.

Mais Kingsley m'a aidé à trouver ce qu'il me fallait pour ce film. Il m'a aidé à voir qu'il y avait un moyen d'entrer dans ce personnage sans l'imiter. À partir de ce moment-là, j'ai dû l'imaginer avec des dreads et des prothèses, et je me suis demandé ce que j'allais faire, ce que nous allions faire avec lui, pour le transformer.

AlloCiné : Comment s'est déroulée la collaboration avec la famille Marley qui produit le film ?

Ziggy Marley était présent dès le début, c'est lui qui m'a engagé. Puis j'ai rencontré Rita, Cedella et Stephen. J'ai donc rencontré tous les Marley qui étaient impliqués dans le film. Ziggy a été d'une aide précieuse. Il était à ma disposition pratiquement à chaque fois. Qu'il s'agisse de la conception des costumes ou des décors, je pouvais lui demander à quoi ressemblaient les maisons...

Et j'avais à ma disposition des images d'archives qui ne sont pas accessibles au public. Nous avons eu accès aux amis de la famille Marley. à la musique, à des morceaux inédits aussi. C'était un véritable trésor d'informations, de connaissances et de moyens. Le fait d'avoir cet accès était incroyable. Pas seulement pour moi, mais aussi pour les acteurs.

C'était un véritable trésor d'informations Et puis, le simple fait de pouvoir voir Ziggy sur le plateau était d'une grande aide. Sa façon de marcher, ses manières, ses postures... Je pense que cela a été immensément utile pour tout le monde sur le plateau. La famille Marley est empreinte de spiritualité. Ils portent l'héritage de leur père donc ça a été un véritable atout pour moi et pour toute l'équipe.

AlloCiné : Selon vous, pourquoi Bob Marley est-il encore, plus de 40 ans après sa mort, symbole d'amour et de paix ?

Bob Marley avait la capacité de se connecter aux humains d'une manière que très peu de gens sur la planète peuvent faire. Ce qu'il chantait, sa musique, ses messages d'amour, de paix et de l'unité venaient du cœur parce qu'il parlait de son vécu. Il a porté son fardeau pour nous offrir ce cadeau qu'est sa musique. C'est ainsi qu'il était. Il y a des gens qui sont comme ça.

Et c'est pour cette raison que c'est une icône encore aujourd'hui. Son message résistera à l'épreuve du temps. Sa musique résistera à l'épreuve du temps. Il avait cette capacité unique de communiquer avec les gens à un niveau émotionnel très profond. Et c'est parce qu'il était sincère.

AlloCiné : C'est fou de se dire que 40 ans plus tard, les paroles de ses chansons sont toujours d'actualité...

Ses textes sont d'autant plus pertinents que le monde est de plus en plus divisé et en proie à la discorde. Son message est aussi important aujourd'hui qu'il y a 40 ans. Et il évolue constamment. Et c'est là la marque d'une véritable légende.

AlloCiné : Quelle est votre chanson préférée de Bob Marley?

C'est "Redemption Song". Cette chanson me touche particulièrement. Elle est devenue le fil conducteur, la thèse de ce film, à bien des égards. C'est une chanson très émouvante pour moi.

Avant ce film je ne comprenais pas ce qu'il chantait. AlloCiné : Ce film est un hommage à son héritage, mais il parle aussi de rédemption. Qu'aimeriez-vous que les gens gardent à l'esprit après avoir vu le film ?

Juste ce pour quoi il chantait. Avant ce film j'avais entendu les chansons de Bob Marley des centaines de fois mais j'ai réalisé que je ne connaissais pas grand-chose de lui ou de sa musique. Je connaissais le rythme et la mélodie et je dansais dessus, mais je ne comprenais pas ce qu'il chantait, ce que ses textes signifiaient.

J'espère donc que ce film vous rapprochera des paroles et de l'homme. Personnellement,  je l'aime encore plus aujourd'hui. Et il y a encore tellement de choses à découvrir sur Bob. C'est impossible dans le temps que nous avons eu pour le faire. Mais nous espérons avoir découvert des choses qui seront nouvelles et révélatrices pour les gens, comme elles l'ont été pour moi.

publié le 17 février, Laëtitia Forhan, Allociné

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