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Le Dernier des Juifs avec Agnès Jaoui : "Un film plus pertinent et nécessaire que jamais", à voir au cinéma

"Le Dernier des Juifs", comédie portée par Agnès Jaoui et Michael Zindel, débarque au cinéma ce 24 janvier. Pour le réalisateur Noé Debré, dont c'est le premier film, il est nécessaire d'apporter un regard réconciliateur dans un contexte tendu.

Sorti en salles le 24 janvier, Le Dernier des Juifs est le premier long-métrage de Noé Debré. Scénariste aguerri, l'artiste a déjà signé les scripts de La Crème de la crème de Kim Chapiron, Le Monde est à toi de Romain Gavras, Les Cowboys de Thomas Bidegain ou les récents La Vénus d'argent et L'Arche de Noé.

Genèse du projet

C'est en voyant un court-métrage allemand, Mazeltov cocktail, qui était présenté au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand, que Noé Debré a eu l'idée du Dernier des Juifs.

Mazeltov cocktail est une comédie qui raconte l'histoire d'un jeune Juif russe en Allemagne. Une image de ce film a frappé le cinéaste : celle d'un jeune qui se baladait entre des tours HLM.

Noé Debré s'est dit que l'histoire des Juifs qui quittent les quartiers populaires n'avait pas été racontée. "Mais immédiatement, j'ai pensé qu'il ne fallait pas faire un tel film, que ce serait obscène, dérangeant.

Puis je me suis dit que si c'était avec Michael Zindel, acteur de mes courts-métrages, il m'amènerait dans un endroit de comédie et de poésie qui me permettrait de surmonter la difficulté du sujet", confie le metteur en scène.

La révélation Michael Zindel

Ruben Bellisha, personnage principal du Dernier des Juifs, est incarné par la révélation Michael Zindel. Noé Debré a rencontré le jeune acteur durant le casting de son second court-métrage :

"C'est le cousin d'une copine. Elle m'avait dit 'mon cousin veut être comédien, il galère, tu ne veux pas le voir ?' Il nous a sidéré en arrivant au casting par sa vista comique et sa présence au monde absolument étonnante, c'était saisissant", explique le réalisateur.

Le comédien avait jusque-là tenu des rôles secondaires dans les courts de Debré. Cette fois, le cinéaste souhaitait axer un film sur lui : "Quand le sujet du 'dernier Juif' est apparu, ça m'a semblé évident que c'était un rôle pour lui.

C'est une vraie nature, mais attention, ce n'est pas seulement ça, Michael est aussi un excellent comédien, il interprète vraiment le texte. Il a aussi un timbre de voix très particulier, j'aime beaucoup", précise Noé Debré.

Un rôle fort pour Agnès Jaoui

Noé Debré ne connaissait pas Agnès Jaoui avant de l'engager pour incarner Giselle, la mère de Ruben. Le metteur en scène admirait beaucoup la comédienne et a très vite pensé à elle une fois le casting lancé.

Selon le réalisateur, Agnès Jaoui avait très peu joué dans "des trucs juifs, du coup je savais qu'elle ne serait pas dans les lieux communs, ce qui me plaisait."

"Ensuite, je crois beaucoup à la présence comique des comédiens : Agnès a conscience de son clown et est capable de le donner. Je ne voulais pas que Michael Zindel soit la seule présence comique et que tous les autres personnages soient là pour lui servir la soupe, non, il fallait que tous les rôles puissent me faire rire", indique-t-il.

Un contexte délicat

Le Dernier des Juifs sort au cinéma dans un contexte géo-politique délicat depuis les attentats du 7 octobre en Israël. Pour Agnès Jaoui, le film de Noé Debré est nécessaire, malgré l'atmosphère actuelle très tendue.

"Le départ des Juifs, c'est un sujet qui existe depuis longtemps. Près de 100.000 Juifs de France sont partis parce qu'ils se sentaient en insécurité. On est dans un moment où on a beaucoup de mal à se parler sans être dans un état émotionnel qui rend difficile la discussion", a expliqué l'actrice au micro de BFM TV.

"Nous nous sommes rendus compte que si l'on attendait la fin de l'antisémitisme ou la fin de la guerre, on risquait d'attendre longtemps et qu'au contraire il fallait qu'on puisse parler et ne pas avoir peur. Car la peur s'empare de tous les sujets, c'est un jeu de massacre !", martèle Agnès Jaoui, dont un membre de la famille est toujours retenu en otage à Gaza.

"On ne m'avait jamais proposé ce type de rôle. Et voilà qu'on me le propose au moment où la pire des guerres se déclenche entre Israël et la Palestine. Et que ma famille est touchée... Donc, voilà, il m'est impossible de me taire", confie l'artiste de 59 ans.

Un regard humaniste et réconciliateur

La production a décidé de maintenir la sortie du film malgré le contexte actuel, "précisément parce que le film nous semble plus pertinent et nécessaire que jamais. Le Dernier des Juifs a pour ambition de porter un regard humaniste sur la situation impossible dans laquelle nous nous trouvons. Un regard réconciliateur aussi", explique Noé Debré.

Le réalisateur ajoute : "Le Dernier des Juifs est le contraire d'un film identitaire ou victimaire. C'est un film qui ambitionne de faire résonner en nous une part d'universel. C'est la fonction du cinéma et de la littérature de nous élever au-dessus d'une compréhension idéologique du monde.

J'espère aussi que le film nous permettra d'avoir une conversation tous ensemble. C'est aussi à ça que peut servir le cinéma."

publié le 24 janvier, Vincent Formica, Allociné

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