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L'histoire vraie d'un ours shooté à la cocaïne : c'est le film le plus fou de ce début d'année

Après une tentative manquée de relancer les Drôles de Dames sur grand écran, Elizabeth Banks revient avec l'histoire d'un ours rendu fou par une ingestion de cocaïne. Et le pire dans tout ça, c'est que "Crazy Bear" s'inspire de faits réels.

ÇA PARLE DE QUOI ?

Le film est basé sur un fait divers hallucinant : en 1985 une cargaison de cocaïne disparue après le crash de l'avion qui la transportait, avait été en fait ingérée par un ours brun. Une comédie noire qui met en scène un groupe mal assorti de flics, de criminels, de touristes et d'adolescents qui convergent tous au cœur d'une forêt du fin fond de la Georgie vers l'endroit même où rode, enragé et assoiffé de sang, un super prédateur de plus de 200 kilos, rendu complètement fou par l'ingestion d'une dose faramineuse de cocaïne.

PABLO ESCOBEAR

En 2010, une développait la théorie selon laquelle derrière chaque personnage que l'on croise dans les aventures de Winnie l'Ourson se cache en réalité la représentation d'un type de drogue. Avec son calme de tous les instants, son absence d'agressivité et son addiction au miel, le héros en pull rouge était ainsi associé à la consommation de marijuana. Mais cette analyse aurait-elle été la même si son auteur avait entendu parler du fait divers ayant inspiré Crazy Bear ?

Car oui : aussi dingue que cela puisse paraître, le troisième long métrage réalisé par Elizabeth Banks (après Pitch Perfect 2 et Charlie's Angels) s'inspire d'une histoire vraie survenue en 1985. Celle d'un ours qui avait trouvé une trentaine de kilos de cocaïne pure dans un sac de sport au milieu de la forêt nationale de Chattahoochee-Oconee (dans l'état de la Géorgie), et était mort d'une overdose peu de temps après en avoir ingéré une petite quantité. Entre trois et quatre grammes ont été retrouvés dans le sang de l'animal pendant son autopsie, avant qu'il ne soit empaillé et ne devienne une attraction touristique dans la ville de Lexington.

Mais comment un tel événement a-t-il pu se produire ? Celui-ci est à mettre en relation avec la découverte du corps du trafiquant de drogue Andrew Thornton, retrouvé le 20 septembre 1985 à Knoxville avec, sur lui, de l'argent liquide, des armes à feu et la clé d'un petit avion. Celui duquel il avait jeté la cargaison qu'il transportait avant de tenter d'échapper, en vain, à son crash. Et c'est ainsi qu'un ours s'est retrouvé en possession de cocaïne, même si une partie du contenu du sac n'a jamais été retrouvée.

Produit par Phil Lord et Chris Miller (La Grande aventure Lego, 21 Jump Street), Crazy Bear reprend ces éléments de l'histoire de celui qui s'est fait appeler "Pablo Escobear" après ces faits globalement méconnus en France. Et ils ont transformé le tout, avec l'aide du scénariste Jimmy Warden puis d'Elizabeth Banks, en une comédie d'horreur complètement barrée dans laquelle l'animal tue les gens qu'ils croisent, entre policiers, criminels et adolescents.

Tous inventés pour les besoins du film (à l'exception d'Andrew Thornton, joué par Matthew Rhys), les protagonistes ne brillent pas par leur intelligence, bien au contraire, à tel point que Crazy Bear aurait pu être un opus des frères Coen. Ce n'est pas le cas mais Elizabeth Banks s'en sort très bien, même si elle aurait pu embrasser un peu plus encore la folie de l'ensemble. Ce qui ne l'empêche pas de nous offrir l'une des scènes les plus drôles de ce début d'année.

C'est d'ailleurs dans l'humour que le long métrage est le plus efficace. Plus que quand il se fait sérieux dans son dernier acte, et semble alors manquer de jus, allant à l'encontre de la note d'intention que constituaient les premières minutes, avec sa citation d'une technique de résistance face à un ours issue de... Wikipedia.

Ou encore l'utilisation très ironique d'un clip dans lequel les stars de l'époque se mobilisent dans la lutte contre la drogue, cheval de bataille du Président Ronald Reagan. Sans oublier les looks très années 80 du casting, avec une mention spéciale pour Jesse Tyler Ferguson (Modern Family) en sosie de Benny Hill (photo plus haut). La célèbre musique et les images accélérées en moins.

De Keri Russell à O'Shea Jackson Jr., en passant par Margo Martindale, Alden Ehrenreich (qui retrouve le duo Lord-Miller dont il était le Solo jusqu'à ce qu'ils ne soient remerciés en plein tournage) ou Ray Liotta, dont il s'agit de l'un des derniers rôles, tout le casting semble s'amuser face à cet ours en images de syhthèse, qui se repoudre régulièrement le nez, gagnant en nervosité et aggressivité. Une comédie horrifique qui ne manque donc pas de folie. Même si le plus fou reste quand même le fait de se dire qu'elle repose sur une histoire vraie.

publié le 15 mars, Maximilien Pierrette, Allociné

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