Actus cinéma

L'Amant de Lady Chatterley sur Netflix : comment ont été tournées les scènes de sexe ?

La nouvelle adaptation de L'Amant de Lady Chatterley sur Netflix peut compter sur l'alchimie entre ses deux personnages principaux, incarnés par Emma Corrin et Jack O'Connell. Comment ont-ils tourné leurs scènes de sexe ?

Disponible depuis le 2 décembre sur Netflix, L'Amant de Lady Chatterley devrait attirer les amateurs d'histoires d'amour sensuelles. Adapté du roman du même nom de D. H. Lawrence, ce film dramatique raconte la romance passionnelle et sensuelle entre Constance, alias Lady Chatterley, une jeune femme mariée, dont l'époux est devenu paralysé et sexuellement impuissant, et un garde-chasse nommé Oliver Mellos.

Le livre avait fait scandale dans les années 1920 lors de sa parution en raison des scènes de sexe explicites qui y sont dépeintes et qui ont choqué la société de l'époque. Son adaptation signée de la réalisatrice française, Laure de Clermont-Tonnerre (Mrs. America, American Crime Story, Nevada), contient plusieurs scènes de sexe explicites, qui a conduit Netflix à classer le film dans la catégorie "conseillé aux plus de 18 ans".

Des scènes de sexe chorégraphiées qui ont du sens

Pour ces scènes de sexe entre les deux personnages principaux, incarnés par Emma Corrin (The Crown) et Jack O'Connell (Skins), Laure de Clermont-Tonnerre a travaillé avec la célèbre Ita O'Brien, une coordinatrice d'intimité qui a déjà fait ses preuves sur les séries Sex Education et Normal People.

Ce que la réalisatrice française a beaucoup aimé dans sa collaboration avec Ita O'Brien, c'est le fait de chorégraphier les scènes de sexe. La coordinatrice d'intimité a été chorégraphe et a travaillé avec des danseurs dans des corps de ballet. Cela permet d'apporter de l'intensité dans ce genre de scènes, comme nous l'explique Laure de Clermont-Tonnerre :

"La danse, c'est important, cela implique des mouvements et un langage du corps. Donc, on a beaucoup travaillé là-dessus, et surtout sur l'émotion qui se cache derrière la scène. Parce que ce qui importe, c'est ce qu'elle raconte, ce qu'elle procure comme émotion et comment elle fait avancer les personnages dans leur relation et dans leur transformation. Ces scènes racontent quelque chose de très précis et d'intime sur ce curseur, sur ce que veut dire cet amour."

Les scènes ont donc d'abord été travaillées avec des danseurs puis les acteurs ont été invités aux répétitions pour comprendre la chorégraphie et s'approprier ce jeu des corps. Laure de Clermont-Tonnerre a évoqué ses inspirations et références, comme les dessins érotiques de Egon Schiele, et a collaboré avec Ita O'Brien pour mettre en forme les mouvements dans ces scènes majeures.

La présence d'une coordinatrice d'intimité permet également d'avoir un environnement de travail plus sain, basé sur la confiance, le respect et la communication. Toutes les discussions ont permis d'avancer plus librement dans le processus :

"On a pu se parler de tout ce qui peut être gênant dans ce genre de scène, sur les prothèses et des choses très techniques, basiques, mais en même temps qu'il faut évacuer. Après, on est beaucoup plus soulagé parce que finalement, on peut s'abandonner vraiment au travail et être le plus précis possible."

Coordinateur·rice d'intimité, un métier qui doit se démocratiser

Étant à la fois réalisatrice et actrice, Laure de Clermont-Tonnerre a apprécié sa collaboration avec une coordinatrice d'intimité, une professionnelle qui n'était pas présente sur les plateaux de tournage il y a encore quelques années. Pourtant, les coordinateurs d'intimité sont comme des coordinateurs de cascade. La cinéaste française estime que leur rôle est important et bénéfique pour le cinéma :

"Les scènes de sexe, finalement, sont souvent assez ratées au cinéma parce qu'on a envie de s'en débarrasser, parce qu'on est très mal à l'aise, autant les acteurs que l'équipe. Ita a été la personne parfaite pour ce projet, ça nous a permis de complètement sexualiser ces scènes là.

Évidemment, quand on les a tournées, il y avait toute la sensualité possible, mais aussi un environnement professionnel et libre. C'était assez bon enfant parce qu'on s'est beaucoup amusé. Je pense que si elle n'avait pas été là, ça aurait été beaucoup plus compliqué de trouver cette aisance en fait.

Et c'était très important de l'avoir, dans l'intérêt du film, c'était essentiel pour la mise en scène, le jeu et l'histoire. Et elle m'a vraiment aidée à aller beaucoup plus loin que ce que j'aurais pu imaginer. Donc ça a été une grande surprise. En fait, cette collaboration a été très importante et vraiment, je recommencerais."

Une grande alchimie entre Emma et Jack

Cerise sur le gâteau, en plus des chorégraphies d'Ita et la mise en scène de Laure, les deux comédiens principaux Emma et Jack avaient une alchimie indéniable sur le plateau, qui s'est retranscrite à l'écran. Une chance selon Laure :

"On ne peut pas l'inventer. On a beau travailler autant qu'on veut, s'il n'y a pas d'alchimie, c'est plus compliqué. Ils peuvent faire semblant. Mais bon, là, il y a eu une vraie confiance réciproque, un peu comme des âmes sœurs."

Emma, qui a intégré le casting avant Jack, a beaucoup discuté en amont avec Laure de Clermont-Tonnerre, qui a vu en Emma la parfaite Lady Chatterley :

"On avait le même désir de raconter la liberté extatique, explosive à travers le corps. Iel a quelque chose de très rebelle au fond, qui est pas forcément visible au premier abord, mais qui est très subtile. Il y a une grande douceur chez iel, mais aussi une façon de s'affirmer à contre courant.

Son interprétation de Diana était très singulière avec une énergie surprenante. Iel s'est vraiment approprié·e le personnage de Lady Chatterley avec sa manière singulière de bouger, de s'exprimer."

Après avoir été casté, Jack O'Connell a rejoint la discussion avec les mêmes envies et la même vision des choses. L'acteur a apporté sa force et sa sensibilité pour correspondre à l'énergie d'Emma dans le film :

"On avait très envie de raconter quelque chose en commun sur l'époque du film et sur notre époque, sur les rapports homme-femme. On voulait que Jack interprète un personnage sensible, entre le grand raffinement et le côté beaucoup plus opaque et plus renfermé. Jack a quelque chose de très tendre et de très vulnérable. Et ça, c'était très important que ce personnage là ne soit pas un cliché de l'homme qui fuit dans les bois."

Grâce à cet immense travail, ces discussions, cette alchimie et la présence d'une coordinatrice d'intimité, Emma Corrin et Jack O'Connell ont pu livrer des scènes de sexe d'une grande beauté, qui sont l'un des atouts majeurs de L'Amant de Lady Chatterley, à découvrir sur Netflix.

Propos recueillis par Mégane Choquet le 21 novembre 2022.

publié le 3 décembre, Mégane Choquet, Allociné

Liens commerciaux