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Jacques Doillon sort du silence et répond aux accusations de Judith Godrèche, Isild Le Besco, Anna Mouglalis...

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Jacques Doillon sort du silence et répond aux accusations dans le sillage des prises de parole de Judith Godrèche. L'actrice accuse le réalisateur et scénariste d'agression sexuelle alors qu'elle n'était âgée que de 15 ans.

"Il a décidé d'expliquer sa version des faits. « Parce que depuis deux mois, j'ai entendu des ignominies sur moi et que personne n'a jugé bon d'écouter ce que j'avais à dire. »"

Le Parisien accorde un long entretien à Jacques Doillon, 80 ans, réalisateur notamment de Ponette, La Fille de 15 ans et CE2, visé par des accusations depuis deux mois, de la part notamment de Judith Godrèche, Isild Le Besco, ou encore Anna Mouglalis... Il s'agit de sa toute première prise de parole. Jusqu'ici son avocat s'était exprimé via l'AFP, ainsi que le producteur de son dernier film (encore inédit en salles), CE2, qui devait initialement sortir fin mars.

Pour mémoire, Jacques Doillon a décidé de porter plainte en diffamation contre Judith Godrèche. Cette dernière a en effet partagé, le 21 février sur Instagram, un article, accompagné de la mention suivante : "En 2022, ce journal écrit que la spécialité de Doillon est de tourner avec des enfants. Il manque une phrase : Avec qui il couche"... "Cette accusation dépasse toutes les bornes, affirme Jacques Doillon. C'est vraiment infâme.", dénonce-t-il dans les colonnes du Parisien.

Un effet de meute Il revient sur les différentes accusations, et comme le précise le journal, "papiers en main - il s'est préparé pour l'entretien -, le réalisateur se défend point par point".

Il dénonce notamment un "effet de meute" : "Judith Godrèche a ouvert le bal et fait de moi son bouc émissaire. Les autres accusations l'ont suivie. Il semble que l'effet de meute décrit en psychologie s'applique là parfaitement. Si j'étais l'horrible bonhomme que Judith Godrèche dit que je suis, son appel à témoins aurait dû susciter beaucoup plus de témoignages. En cinquante ans de carrière, j'ai rencontré pour des essais plusieurs centaines de comédiens et comédiennes. Qu'on aille interroger les acteurs qui ont eu des rôles importants dans mes films !"

Je n'ai pas été un harceleur Il précise également : "Je n'ai jamais promis de rôle à quiconque ni profité de ma position de réalisateur pour obtenir des faveurs sexuelles, assène Doillon. En 35 films, il m'est arrivé une ou deux fois d'avoir des idylles avec des comédiennes, mais je n'ai pas été un harceleur."

La sortie du film CE2 bloquée jusqu'à nouvel ordre

Pour mémoire, le prochain long métrage de Jacques Doillon, CE2, dont la sortie était prévue le 27 mars, a été reporté à une date ultérieure. Le réalisateur de 79 ans est en ce moment dans la tourmente judiciaire après une plainte de l'actrice Judith Godrèche pour agression sexuelle.

Le cinéaste nie les faits et a également déposé plainte contre la comédienne pour diffamation.

Dans un premier temps, le producteur Bruno Pésery avait maintenu la sortie du film, contre l'avis des acteur principaux Nora Hamzawi et Alexis Manenti. Ces derniers se sont désolidarisés de cette décision.

"Lorsque nous avions décidé de maintenir cette date, nous espérions que la part soit faite entre les faits reprochés à Jacques Doillon qui remontent à 40 ans, et un film qui est le fruit du travail d'une équipe, dont une grande partie n'était pas née il y a 40 ans. Nous nous sommes trompés. Il ne nous semble aujourd'hui ni possible, ni souhaitable de maintenir cette date de sortie", a déclaré Bruno Pésery, cité par Le Film Français.

"Le moment n'est plus le bon"

"Le moment n'est plus le bon, mais une sortie dans les salles ne saurait être remise en cause. Un film n'est pas le fait d'un auteur unique, mais bien une œuvre collective. Tout ne peut pas disparaître du fait de la mise en cause du réalisateur", poursuit le producteur.

"La sortie du film de Jacques Doillon dans lequel j'ai tourné il y a quatre ans, est maintenue. Cette décision constitue un mépris de la parole des femmes. Ce qui se passe dans le milieu du cinéma, et qui je l'espère s'étend à d'autres milieux, est essentiel et important. C'est la chose à soutenir en priorité aujourd'hui", avait déclaré Nora Hamzawi sur Instagram.

Bruno Pésery a répondu à la comédienne : "Le choix de maintenir la date de sortie ne témoignait pas d'un mépris de la parole des femmes, comme nous l'avions dit. Il s'agissait de respecter le travail d'une équipe à laquelle Nora a appartenu. Et quand elle souhaite que ce qui se passe dans le cinéma s'étende à d'autres milieux, elle oublie le sujet de CE2, le harcèlement en milieu scolaire, dont la prise de conscience est très importante si l'on veut vivre dans une société moins tolérante vis-à-vis des agressions de toutes sortes", a expliqué le producteur.

"Un contexte actuel difficile"

"Je viens de l'exploitation et de la cinéphilie. Beaucoup d'exploitants remettaient en cause la possibilité de sortir le film. Je ne crois pas qu'ils exprimaient une volonté de censure. Ils sont préoccupés vis-à-vis du contexte actuel rendant difficile l'exposition d'un film. Le travail de l'exploitant est essentiel dans la proposition au public. Il doit pouvoir le faire sans craindre de voir ses choix de programmation contestés."

"Nous ne pouvions pas considérer les choses que de notre seul point de vue, notre décision de report tient compte de ces réalités et du souci de protéger le film lui-même. À aucun moment, il ne s'agit de se détourner ou de minimiser les accusations portées contre Jacques Doillon, mais il est très important que l'on revienne rapidement aux principes du droit, car seule l'institution judiciaire offre des garanties aux deux parties. On ne peut pas traiter une personne qui fait l'objet d'une plainte ou d'une mise en examen, comme un condamné", a conclu Bruno Pésery.

Pour l'instant, CE2 n'a pas de nouvelle date de sortie annoncée.

publié le 11 avril, Brigitte Baronnet, Allociné

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