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"J'étais tellement désespéré que j'ai fait un film avec Steven Seagal " : Michael Caine parle de l'étape la plus difficile de sa carrière d'acteur

Michael Caine aurait pu abandonner son métier d'acteur en 1992. Retour sur un moment difficile de la carrière de la légende désormais à la retraite.

La carrière de Michael Caine a récemment pris fin. L'acteur a en effet confirmé l'année dernière qu'il s'éloignait des plateaux de tournage à l'âge de 90 ans. Cependant, il y a eu un moment au cours de sa carrière où il a bien failli quitter le métier prématurément, un moment de désespoir qui l'a amené à accepter de faire un film dont il n'est pas du tout fier, mettant en vedette Steven Seagal.

C'est en 2010, dans les colonnes du Daily Mail, que l'acteur avait révélé qu'en 1992, il lui était venu à l'esprit de prendre sa retraite. Il avait alors 58 ans et des offres commençaient à arriver pour des rôles qui ne lui semblaient pas intéressants. Il décrit lui-même cette période de sa vie comme "la zone crépusculaire", là où "les projecteurs de la célébrité cinématographique s'estompaient et tout semblait sombre."

"Bientôt, les scripts ont commencé à se tarir complètement - même les mauvais - et s'il y a une chose pire que de se voir proposer de mauvais scripts, c'est de ne pas en proposer du tout", a-t-il déclaré. "Le danger, bien sûr, c'est que l'attente d'un film digne de ce nom vous désespère, et j'étais désespéré au point d'accepter un film en Alaska avec Steven Seagal, l'expert en arts martiaux. Le film s'appelait On Deadly Ground [Terrain miné en français] et le titre s'est avéré approprié."

Il a continué : "Même si c'était formidable de travailler avec Steven et le reste de l'équipe, j'avais enfreint l'une des règles cardinales des mauvais films : si vous voulez faire un mauvais film, faites-le au moins dans un bon endroit. J'étais là, en train de faire un film où le travail me glaçait le cerveau et le temps me glaçait le c**. J'ai juré de ne plus jamais travailler dans un endroit difficile."

Dans le film Steven Seagal incarnait Forrest Taft, un pompier expert qui choisit de lutter contre la destruction environnementale causée par son ancien employeur impitoyable (Michael Caine). Sorti en 1994, le long métrage a recueilli des critiques négatives et n'a rapporté que 78,1 millions de dollars dans le monde contre un budget de production de 50 millions de dollars.

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Une autre fausse note

Les choses ne se sont pas améliorées lorsqu'il a accepté plus tard de reprendre le rôle de son personnage légendaire de Harry Palmer dans deux téléfilms qui allaient être tournés consécutivement : Bullet to Beijing et Midnight in St Petersburg en 1995 et 1996. Même si Michael Caine lui-même a déclaré que ce personnage était l'un de ses préférés, tout ne s'est pas déroulé comme il l'espérait : "Ce fut la pire expérience professionnelle de ma carrière."

Le fait que deux gardes du corps aient dû le suivre car la production avait peur de la mafia locale à Saint-Pétersbourg n'a pas aidé non plus et a rendu le tout encore plus insupportable.

"Le tournage en lui-même était une blague. Le coup de grâce est venu lorsque nous tournions au studio Lenfilm. Je voulais aller aux toilettes et on m'a indiqué où aller. Je pouvais les sentir à 50 mètres et c'étaient les toilettes les plus sales que je n'ai jamais vues. Je suis sorti et me suis soulagé contre le mur du studio, ce que plusieurs autres hommes avaient déjà fait."

"C'est donc ici que ma carrière s'est terminée, me suis-je dit : dans les toilettes", a-t-il conclu.

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Jack Nicholson à la rescousse

Heureusement, tout a changé à son retour aux États-Unis grâce à un vieil ami, un certain Jack Nicholson, qui s'est présenté à lui aux côtés du réalisateur Bob Rafelson avec un film intitulé Blood and Wine (1996) qu'ils allaient tourner à Miami.

"La combinaison des trois était séduisante et j'ai décidé de tenter une dernière fois de devenir acteur de cinéma. C'était la meilleure décision que j'ai jamais prise. Jack est un formidable acteur qui prend la vie en douceur et je lui dois de m'avoir redonné confiance dans cette affaire souvent désagréable. Je sais qu'il n'est pas l'idée que tout le monde se fait d'une fée marraine, mais il l'est pour moi."

Si Michael Caine admet que le film n'a pas été un succès commercial, il ajoute qu'il fut un succès pour lui : "C'était le début d'une nouvelle phase passionnante de ma vie. J'étais définitivement sur le chemin du retour !"

L'acteur jouera ensuite dans L'Oeuvre de Dieu, la part du diable, la comédie dramatique avec Tobey Maguire et Charlize Theron pour laquelle il sera nommé à l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 1999.

"J'avais appris la leçon avec mon précédent Oscar, en 1987, lorsque j'avais gagné pour Hannah et ses sœurs mais je n'y avais pas assisté, et cette fois, je me suis assuré d'être là. Et c'est une bonne chose que je l'ai fait car j'ai reçu une longue ovation lorsque j'ai gagné."

La suite vous la connaissez : de nombreuses collaborations avec Christopher Nolan (Le Prestige, la trilogie The Dark Knight, Inception, Interstellar, Tenet...), mais aussi Les Fils de l'Homme, Insaisissables, Kingsman. Tout est dit.

publié le 18 février, Isabelle Ratane, Allociné

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