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"C'est quelque chose qu'on ne fait pas en France" : comment a été tourné le film Chien et chat avec Philippe Lacheau ?

Inspirée par "Ted", Reem Kherici dévoile son troisième long métrage, la comédie "Chien et chat" qui mêle prises de vues réelles et animation. Retour sur la création des animaux virtuels Diva et Chichi.

Sept ans après la comédie romantique Jour J, Reem Kherici repasse derrière la caméra avec la comédie d'action Chien et Chat.

Emmené par Franck Dubosc, Reem Kherici et Philippe Lacheau, le long métrage qui mêle prises de vues réelles et images de synthèses suit les aventures de Diva, une chatte star des réseaux sociaux et de Chichi, un chien des rues. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes après avoir perdu leur maître respectif. Commence alors un voyage déjanté entre Montréal et New York avec d'un côté les humains qui ont perdu la trace de leurs animaux et de l'autre, les animaux livrés à eux-mêmes pour retrouver leurs maîtres...

En projet depuis plus de 10 ans, le long métrage avait au départ été pensé par Reem Kherici comme un film d'animation. La réalisatrice nous confiait en 2013 vouloir faire une comédie d'animation centré sur Diva, sa chatte Maine coon. Alors pourquoi la réalisatrice a-t-elle changé d'avis ?

Ce film américain qui a influencé Reem Kherici

Lors de notre rencontre pour la promotion de Chien et Chat, Reem Kherici nous a déclaré avoir changé d'avis après avoir vu Ted avec Mark Wahlberg.

"Quand j'ai vu Ted et que j'ai vu que l'acteur pouvait jouer avec une peluche, je me suis dit mais pourquoi est-ce que je ne ferais pas ça avec mon chat en fait ? J'ai décidé de mélanger prises de vues réelles et animation. Je trouvais ça plus moderne que de l'animation pure et dure et c'était aussi l'occasion pour moi d'avoir le premier rôle (rires). C'est quelque chose qu'on ne fait pas en France."

Et pour donner vie à ces animaux, la réalisatrice a collaboré avec le studio La Station Animation, déjà à l'œuvre sur Sahara. La société française a géré la fabrication des personnages CGI du long métrage.

Reem Kherici explique dans le dossier de presse : "J'ai rencontré Christian Ronget, le patron de la Station Animation, et nous nous sommes donné un an de préparation pour réaliser ce qu'on appelle un « animatique », autrement dit un story-board animé de toutes les scènes en 2D mais aussi celles où apparaissent Diva et Chichi, réalisées elles en 3D. Cela m'a permis de pouvoir minuter précisément la durée de mes plans et de préparer déjà mon découpage. Ces scènes en 3D coûtant très cher, cela évite également de tourner des plans inutiles."

Tu dis "Coupez ! On l'a" et en fait on a rien. Et pour la réalisatrice, le plus gros challenge lors du tournage a été de tourner des plans vides. Elle nous explique : "Le challenge sur le plateau c'était de tourner par -37 degrés avec des animaux qui n'existent pas. C'est-à-dire que tu dis "Coupez ! On l'a" et en fait on a rien. On a filmé de la neige... Donc les gens qui étaient autour devaient se dire "mais en fait de quoi elle est contente la nana ?"

Enregistrement des voix avant le tournage

Contrairement à un film d'animation, les comédiens choisis pour le doublage des animaux ont enregistré les voix avant le début du tournage. La réalisatrice en explique la raison à notre micro : "Inès Reg - qui double Diva -  et Artus - qui prête sa voix à Chichi -  ont posé leur voix sur l'animatique. De cette façon, j'ai pu avoir le timing précis des dialogues et m'assurer que la scène que je tournais durait assez de temps. Ca évitait que je filme un plan de dix secondes alors qu'il m'en fallait 30. J'avais donc le retour son de la voix des acteurs pendant qu'on bougeait la caméra. Et c'était hyper utile parce que finalement on n'avait rien à filmer et on ne filmait rien.

Par ailleurs, quand il s'agissait de scènes avec des contacts, on utilisait de gros boudins verts. C'est comme une peluche. J'ai demandé à ce qu'elles fassent le même poids que mon chat Diva - c'est à dire 12 kilos - ou qu'un chiot labrador pour qu'on ait vraiment l'impression qu'on porte l'animal, pour que le corps accompagne vraiment quelque chose. Parce que si tu l'attrapes comme une peluche, ce n'est pas du tout crédible. On faisait la même prise deux fois. Une prise sans la peluche et une prise avec pour avoir une indication de lumière pour pouvoir, par la suite, animer les poils correctement et que ce soit crédible."

De son côté Inès Reg, dont c'est le tout premier doublage de voix, nous explique avoir été bluffé par l'animatique. "Ce qui était dingue c'est qu'on percevait déjà les émotions sur les premiers dessins, on arrivait déjà à se projeter. Une fois le tournage terminé on a réenregistré les voix avec les "vrais" Diva et Chichi pour de vrai."

Les animaux définitifs ont été créés avec la voix des doubleurs déjà en tête. Les expressions des animaux ont donc été créées en fonction des intonations données par Inès Reg et Artus. Reem Kherici commente à notre micro : " C'est vraiment grâce à Inès et Artus qu'on a réussi à personnaliser Diva et Chichi. Une fois qu'on avait fait ce storyboard animé avec des animaux assez basiques et après qu'Artus et Inès ont enregistré les voix on a pu travailler les expressions et les jouer, donc j'ai dû les mimer. Mais j'avais la matière à l'oreille pour savoir quand il y avait des respirations, quand il y avait de l'étonnement... C'est vraiment leur voix qui a donné vie aux personnages".

Ne jamais baisser les bras

Mais le plus gros challenge pour Reem Kherici n'a pas été le tournage, ni l'animation. La cinéaste nous explique en effet avoir dû batailler pour être prise au sérieux et avoir tenu bon pour faire un film sur son chat.

"Le plus gros challenge a été de convaincre les gens de faire un film comme ça en France et de me faire confiance, parce que je ne suis pas non plus la réalisatrice la plus bankable. Donc c'était de dire aux gens j'ai envie de faire un film sur mon chat. Au début, ça faisait rire les gens. Mais je n'ai pas lâché l'affaire."

Et finalement la réalisatrice a pu réaliser son rêve : "Je suis très reconnaissante à ceux qui m'ont permis de le faire. Cela m'a pris 7 ans de ma vie mais j'y ai gagné 20 ans d'expérience..."

Une expérience qui lui aura permis d'en tirer une belle leçon de vie, celle de ne jamais baisser les bras. La jeune femme conclut d'ailleurs dans le dossier de presse :  "Je n'avais aucune garantie quant au résultat final. Mais j'ai vécu une expérience inouïe, en me prouvant qu'à force de travail et de conviction, on pouvait y arriver, aussi impossible que ça puisse paraître !

Donc oui : c'est l'expérience professionnelle la plus difficile de ma vie mais comme j'en suis sortie vainqueur, j'en suis fière et heureuse. En plus, c'est un énorme cadeau de maman puisque j'ai pu montrer Chien et Chat à Noé, mon fils de 4 ans, en lui disant « tout ce que tu veux tu pourras l'avoir, à condition d'y croire et de travailler très très très dur ». J'en suis la preuve, il sait que je ne mens pas... J'étais enceinte de lui quand j'ai écrit le film, il est venu sur le plateau, il a suivi toutes les étapes du projet, il a connu Diva, il m'a vu réfléchir, douter, pleurer et comme tous les enfants, il a très bien compris ce que j'ai vécu et combien ce film est important pour moi."

Chien et Chat est à voir au cinéma dès ce mercredi 14 février. 

publié le 13 février, Laëtitia Forhan, Allociné

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