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C'est l'un des plus grands mystères du cinéma : dans Blade Runner, Harrison Ford est-il un Réplicant ou un être humain ?

Depuis la sortie de "Blade Runner" en 1982, c'est LA question qui hante les fans du film : le personnage incarné par Harrison Ford est-il un réplicant ? Si pour Ridley Scott la réponse ne fait aucun doute, tout le monde ne partage pas cet avis...

Depuis la sortie du film de Ridley Scott en 1982, c'est LA question qui hante les fans de Blade Runner, surtout depuis la version director's cut du film. Et si certains pensaient que Denis Villeneuve trancherait dans le vif sur ce sujet précis dans Blade Runner 2049, ils en seront pour leurs frais. Le cinéaste a déclaré qu'il a tenu à conserver l'ambiguïté autour de Rick Deckard, et que la réponse n'est pas aussi limpide que l'on croit.

Dans le roman de Philip K. Dick, Rick Deckard est présenté comme un humain. Mais le doute en lui s'installe, et c'est très ouvertement qu'il se pose la question, avec un collègue Blade Runner, de la possibilité d'être eux-mêmes des réplicants à leur insu, et de ce qu'ils feraient s'ils le découvraient. Le film est beaucoup plus mystérieux sur ce sujet, laissant planer cette éventualité de façon subtile.

Deckard n'est pas celui qu'il croit être

La version de 1992 de Blade Runner, dite "vraie-fausse" director's cut, ainsi que la version - définitive - final cut de 2007, donnent des éléments qui accréditent l'hypothèse que Deckard n'est pas celui qu'il croit être. Il y a déjà le fameux rêve de la licorne. Les souvenirs et les rêves sont implantés dans le cerveau des réplicants à partir de vrais souvenirs. La licorne viendrait donc des rêves / souvenirs d'une autre personne.

"En fait, je voulais que l'on croit que c'étaient ses pensées. Par exemple il prenait une photo, et il se mettait à la regarder et à se souvenir. On voyait la licorne qui traversait la forêt, qui approchait de la caméra. Elle secouait sa tête et lui aussi, comme pour chasser cette pensée" raconte Terry Rawlings, superviseur du montage de Blade Runner.

Ci-dessous, la séquence en question...

Autre élément : le reflet doré dans l'œil des Réplicants, qui trahit leur nature, est toujours montré à un moment ou à un autre par Ridley Scott dans un subtil mouvement de caméra. Deckard y a également droit. Ci-dessous, la capture d'écran :

"Il faut être idiot pour ne pas comprendre !"

On sait par ailleurs que les Réplicants sont attachés aux photographies, celles-ci leur donnant l'illusion d'un passé. C'est d'ailleurs grâce aux photographies que Deckard parvient à trouver la trace de la Nexus 6 rebelle Zhora. On trouve beaucoup de photographies chez Deckard, en particulier celles qui sont posées au-dessus de son piano, et que Rachel regarde. Cela ne peut être un hasard.

L'indice le plus troublant de tous sans doute est le fameux origami en forme de licorne laissé par le personnage Gaff (Edward James Olmos) au sol devant la porte de l'appartement de Deckard, à la fin de Blade Runner.

"A la fin du film, je voulais quelque chose d'extraordinaire, qui puisse être illustré : la licorne. [...] Qui aurait pu savoir ce qu'il avait en tête, autre que quelqu'un qui avait accès aux fichiers qui lui avaient été implantés dans le crâne ? C'est on ne peut plus clair. Il faut être idiot pour ne pas comprendre !" a lâché Ridley Scott.

En 2002, dans une interview donnée au magazine Wired, il revenait sur le sujet : "Deckard a toujours été conçu comme un réplicant. C'est pour ça que Gaff, qui laisse des origamis partout, ne l'aime pas. On ne sait pas pourquoi, mais tous les indices sont là. Si on part du principe que Deckard est un Nexus 7, il a une espérance de vie incertaine, et se comporte de plus en plus comme un humain".

Ci-dessous, la séquence en question...

Une version du scénario, datée de février 1981, laissait peu de place au doute sur la nature de Deckard. Sa voix off finale disait : "Je l'ai découvert sur le toit ce soir. Nous étions des frères. Roy Batty et moi. Des modèles de combat très avancés. Nous avons combattu dans des guerres que personne n'avait encore rêvées... dans un cauchemar que l'on ne peux pas nommer. Nous étions une nouvelle race... Roy, Rachel et moi ! Nous étions nés pour ce monde là. Il était à nous !"

"Ce n'est pas son souvenir !"

Cela dit, tout le monde n'accepte pas forcément cette version / vision des faits. Dans un module vidéo accompagnant la sortie DVD du final cut et baptisé Deck Le Replicant : la vraie nature de Rick Deckard, le cinéaste Frank Darabont, grand fan devant l'éternel du film, revient ainsi sur la séquence du rêve de la licorne :

"Ce n'est pas son souvenir, comment cela aurait-il pu arriver ? En fait, il pense à Rachel. Il pense à ses souvenirs implantés. Il pense à ses fantasmes implantés. Parmi les mythes, la licorne est un symbole féminin mythique.

A la fin, quand Gaff oublie la licorne, ça ne veut pas dire : "je suis plus malin que toi, tu es un Réplicant. Je sais tout de toi !" C'est le mot de la fin de Gaff pour Deckard, qui signifie : "tu sais quoi ? Je crois qu'ils [NDR : les Réplicants] sont aussi humains que les autres ; si tu l'aimes, fonce vieux ! Cours la chercher, va la sauver !"

Le résultat des courses, c'est que le débat sur la nature de Deckard continue encore, 42 ans après la sortie de Blade Runner : Deckard peut-il être un Réplicant de type Nexus 7, resté à l'état d'unique prototype ?

publié le 7 mars, Olivier Pallaruelo, Allociné

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