Nolwenn Leroy ("Brocéliande") : "Le défi pour moi c'était de faire oublier la chanteuse que les téléspectateurs connaissent depuis 20 ans"
Première bande-annonce de la série "Brocéliande", de TF1, avec Nolwenn Leroy - © Denis Guignebourg / Bestimage
La mini-série "Brocéliande", diffusée à partir de ce lundi 16 septembre sur TF1, offre à la chanteuse son premier grand rôle à la télévision. Elle s'est confiée à puremedias.com sur ce nouvel exercice qui l'a ramenée à ses souvenirs de jeunesse.
Lundi 16 septembre, Nolwenn Leroy fera ses premiers pas dans le rôle de Fanny Legoff, l'héroïne de la saga de rentrée de TF1 "Brocéliande". Un nouveau défi pour celle qui avait déjà fait une apparition furtive à la télévision aux côtés de Corinne Masiero dans "Capitaine Marleau", en 2021. Dans cette mini-série de 6 épisodes tournée en Bretagne, une région chère à son coeur, la gagnante de la "Star Academy" saison 2 incarne une biologiste renommée installée à Paris qui revient dans sa Bretagne natale pour résoudre un mystère survenu 20 ans plus tôt dans la forêt de Brocéliande : la disparition de sa meilleure amie Laura. Lors d'une rencontre en juin dernier, la chanteuse a raconté à puremedias.com les coulisses de ce tournage.
Propos recueillis par Léa Stassinet
puremedias.com : Comment ce projet, "Brocéliande", est venu jusqu'à vous ?Nolwenn Leroy : J'avais manifesté mon envie de faire le grand saut, de me prêter à ce nouvel exercice. C'était le moment ou jamais pour avoir confiance et se dire 'Allez Nolwenn, allez !'. Et puis l'occasion s'est présentée d'être accompagnée par un agent de cinéma qui s'appelle Laurent Grégoire, qui est merveilleux. Et cette rencontre m'a donné l'envie d'y aller, de me lancer, de prendre le temps que je n'avais pas eu auparavant entre les albums et les tournées, de me préparer. Parce que pour moi, ce n'était pas une option, il fallait que je me prépare pour un 6x52min.
Justement, en quoi a consisté cette préparation, vous qui n'aviez jamais eu un rôle de cette importance dans une fiction ?Elle m'a déjà demandé de me remettre au théâtre. J'avais des lointains souvenirs de cours plus jeune, et puis après à la Star Ac' bien sûr (avec Oscar Sisto, ndlr). Mais là, de me remettre dans un coaching avec d'autres acteurs, où chacun se donnait les répliques des séries sur lesquelles on travaillait respectivement ou des essais que certains passaient, j'ai adoré cette dynamique-là, ce travail au préalable. J'avais besoin de plusieurs mois vraiment pour vraiment me mettre dedans, me préparer. Je viens du conservatoire pour la musique, donc je ne vois le travail que comme ça. On ne peut pas arriver avec les mains dans les poches. Et puis par respect aussi pour tous les acteurs, parce que c'est une série chorale. J'étais de toutes les scènes et je donnais la réplique à plein d'acteurs confirmés, plus que confirmés même, alors je me devais d'être le plus prête possible. Ce n'était pas négociable, donc j'ai vraiment dû m'éloigner pendant un certain temps pour me préparer.
Et comment ces acteurs confirmés (Marie-Anne Chazel, Lorànt Deutsch, Catherine Marchal...) vous ont-ils accueillie ? Ils vous ont pris sous leur aile ?Totalement. Au départ, je suis vraiment arrivée sur la pointe des pieds dans cette "masterclass" merveilleuse, parce que j'avais la chance de pouvoir bénéficier de leurs conseils. Et puis souvent au début je leur demandais : "Ça va ?". Parce que j'avais toujours à coeur de me dire que j'étais le plus juste possible, et que je ne perturbais pas leur jeu. Et en fait, très vite, ils m'ont dit : "Mais oui ça va". Donc à partir de ce moment-là, je me suis vraiment laissée aller, pour être plus connectée à mes émotions. Ce qui était à la fois flippant et génial, sur un 6x52 minutes, c'est que c'est une grosse responsabilité mais tu as le temps de vraiment pouvoir apprendre et d'installer quelque chose sur la durée. De ne pas te dire : "Ah c'était juste le moment où je commence à me sentir vraiment à l'aise, beaucoup plus libérée, mais le tournage est déjà fini". Là, sur 3 mois (de tournage, ndlr), c'est merveilleux.
Comment était l'ambiance sur le tournage ?C'était vraiment le projet parfait pour débuter parce que durant tout le tournage, c'était fou de gentillesse, de bienveillance, de générosité, et je le dis parce que ce n'est pas toujours le cas, moi déjà dans mon métier de chanteuse, mais eux me disaient aussi qu'il pouvait y avoir des tournages plus tendus. Là, particulièrement, il y a quand même quelque chose qui s'est passé. Je pense parce que c'était aussi les bonnes personnes ensemble, et puis le bon réalisateur aussi, Bruno Garcia, qui installait ce climat-là. Et puis la forêt aussi a joué son rôle parce qu'on se nourrissait de cette énergie-là. On faisait des câlins aux arbres toute la journée, on était vraiment dans un mood un peu "feng shui".
Le fait de tourner dans cette forêt justement, est-ce que ça a pesé dans votre décision d'accepter ce projet ?Totalement. Le fait que ce soit en Bretagne déjà, parce que c'était réconfortant pour moi de me retrouver dans un univers et un espace familiers que je connais et que j'aime, avec plein de mystère et de forces qui me portaient. Je me disais qu'il y aurait un supplément d'âme particulièrement là, dans cette forêt. Qu'il y aurait cette magie qui allait m'aider, me porter, mais je n'imaginais pas à quel point. La forêt, c'est l'actrice principale de la série. Et le fait aussi de voir la Bretagne, sous cet aspect-là, qui est moins connu car on voit plus souvent la Bretagne avec ses côtes, l'océan, les embruns, mais c'est aussi l'intérieur des terres qui est magnifique. Et cette forêt, je pensais qu'elle était connue de tous, mais je me suis très vite rendue compte lorsque je parlais de "Brocéliande", que ce n'était pas le cas. Je pense que la série va mettre en lumière la forêt, parce que tout le monde n'a pas lu, comme moi enfant, les légendes de Brocéliande. Et ça va certainement en donner l'envie. Car même si la série n'est pas basée sur la légende de Merlin (rires), elle fait référence à plein d'épisodes de la légende. Elle va certainement donner l'envie, je l'espère, à plein de gens, de partir en week-end à Brocéliande.
On retrouve dans "Brocéliande" l'ambiance des sagas de l'été, qu'on connaissait avant. Est-ce que vous avez cette impression-là, et est-ce que c'est des programmes que vous aimiez regarder à l'époque ?Mais tellement ! Je suis nostalgique des sagas de l'été. Jeune, je passais tous les étés chez ma grand-mère, et je me rappelle, il y avait toutes les émissions de l'été comme "Intervilles", "Fort Boyard"... Mais il y avait toujours une saga de l'été. Je me souviens d'"Orages d'été" avec Annie Girardot, des "Yeux d'Hélène", de "Terre Indigo"... C'était toujours très bien joué, porté par de grands acteurs, de théâtre, de cinéma. J'adorais ces séries-là, parce que c'était notre rendez-vous avec ma grand-mère, on regardait avec beaucoup de plaisir ces sagas souvent familiales, toujours avec la passion. Aujourd'hui, on est toujours plus que jamais sur la fiction, mais moins sur les sagas de l'été. Et justement, je me demandais : pourquoi il n'y a plus de sagas de l'été ? C'est une vraie question. C'est certainement ce que j'ai aussi apprécié dans le scénario, c'est-à-dire ce film choral, tous ces personnages qui cachent quelque chose, qui ont des secrets, et puis cette fille qui est animée par cette volonté de découvrir la vérité sur la disparition de sa meilleure amie, qui est passionnée, qui ne vit que des catastrophes et des choses très difficiles. Et puis chaque personnage est très marqué, avec des caractères très différents et hauts en couleur pour certains, c'est une sorte de Cluedo un peu mystérieux.
Avant de tourner, vous saviez qui était le meurtrier ou la meurtrière. Comment avez-vous réussi à ne pas trahir le mystère lors des scènes jouées avec ce personnage avant le dénouement ?Il ne faut pas se trahir, surtout dans les interviews (rires). Mais sur le tournage, ça n'a pas été si difficile que ça parce qu'en fait, la série est tournée dans le désordre. Pour la petite histoire, la première scène de la série, où je suis en haut de l'Institut du Monde Arabe, quand je reçois un prix, c'est la dernière scène qu'on a tournée à Paris. J'étais toute seule. Tous les acteurs avaient déjà fait leur dernière scène, et j'ai terminé seule avec des figurants. Donc c'était un peu triste parce que j'avais dit au revoir à chacun des acteurs. Et là, il y a Catherine Marchal qui est quand même extraordinaire, qui était à Paris et qui m'a dit "Je viendrai pour ta dernière scène". Mais qui fait ça ? Et elle est venue pour ma dernière scène, c'était dingue. C'est pour dire l'ambiance qu'il y avait sur le tournage. Pour revenir à la question, ça ne joue pas vraiment, parce qu'en fait, tu te mets à chaque fois dans l'émotion dans laquelle tu dois être à ce moment-là, et c'est ça qui est justement le défi.
C'est votre premier grand rôle. Est-ce que vous avez une pression "du résultat", c'est-à-dire des audiences ? Est-ce que ça vous angoisse ?Aujourd'hui, les audiences dépendent de tellement de paramètres : de ce que tu as en face, de s'il fait beau, s'il fait pas beau... Mais maintenant l'audience, c'est le soir-même mais aussi le replay. Il faut voir le résultat à la toute fin et ne pas se prendre trop la tête par rapport à ça, mais bien sûr qu'on a envie que ça fonctionne et que la série soit partagée par le plus grand nombre. J'ai envie que les téléspectateurs croient en cette histoire et qu'ils soient avec moi pendant toute cette saga pour trouver la vérité, qu'ils mènent cette enquête à mes côtés. Et puis l'enjeu aussi par rapport à moi c'est que je suis la personne que les gens connaissent depuis 20 ans, donc le défi, c'est que cette personne-là laisse la place tout de suite au personnage de Fanny Legoff, c'est le plus important pour moi. C'est ça qui m'importe, que les gens soient emportés, qu'ils ne me voient plus telle que je suis, puisque je ne joue pas mon propre rôle.
Y a-t-il eu des imprévus sur le tournage, des petites galères ?On a tourné trois mois (de fin avril à fin juillet 2023, ndlr) en forêt et on a eu un temps incroyable, il faisait même presque trop chaud ! Après, on a eu une mauvaise surprise : les tiques. Je me suis retrouvée un matin à l'hôtel en train de manger mon petit-déjeuner et je vois un truc noir à l'intérieur de ma cuisse. Je me dis que ça fait vraiment comme un grain de beauté et je me rapproche et je vois des petites pattes... C'était un bébé tique ! Donc là, c'était l'angoisse, avec tout ce qu'on entend sur la maladie de Lyme, donc là branle-bas de combat, j'appelle tous les acteurs pour leur demander comment on enlève les tiques, comment on fait... Et puis la productrice qui avait, on ne sait pas comment, un tire-tique avec elle, est arrivée et elle m'a retiré ma tique. Après, c'était terminé, mais j'ai quand même eu deux piqûres. Beaucoup de gens de la technique se sont fait piquer, mais dans les acteurs, je suis la seule.
Votre dernier album, "La Cavale", remonte à 2021. Où en êtes-vous sur le plan musical ?Je suis pleine d'idées, de projets, mais c'est vrai qu'il faut que je me remette à la musique prochainement, parce que là, j'ai laissé passer beaucoup de temps, à la fois de préparation, de tournage donc il est grand temps que je revienne. Même si j'ai envie de pouvoir continuer à tourner à nouveau et faire les deux, mais la musique et puis le contact avec le public, rien ne les remplace. La scène, c'est cet aspect-là de mon métier qui me manque beaucoup. Je vais revenir bientôt, très vite.
Vous verra-t-on cette année à la "Star Academy" ? Un rôle de marraine de la promotion pourrait-il vous plaire ?Marraine, si l'occasion se présente... Parce que souvent, c'est lié à la promo, à des albums qui sortent, il y a toujours des discussions en interne que je ne maîtrise pas forcément. Mais l'idée qu'une ancienne élève, soit marraine, forcément, je trouve que c'est beau. Tous ceux de ma promo, il n'y a qu'eux qui peuvent comprendre ce que j'ai vécu à ce moment-là, parce que c'est tellement particulier, et c'est ça qui nous lie à jamais. Donc c'est vrai que je trouve ça beau, à un moment donné, que ce soit Jenifer, que ce soit moi, que ce soit d'autres anciens, qui guident les nouveaux. Ce serait génial, et ce serait logique, cohérent. Donc on verra bien. Mais si on me le proposait, ce serait difficile de refuser. D'autant plus parce que j'ai trouvé la saison dernière (remportée par Pierre Garnier, ndlr) vachement bien et je trouve que l'émission a retrouvé sa superbe. Ils ont retrouvé l'émotion, même s'il y a des choses que l'on ne peut pas retrouver, parce qu'à l'époque, il y avait des artistes qui venaient de loin pour les primes, mais le casting a été très bien fait, et on a retrouvé ce lien, cet attachement qu'on avait avec les promos d'avant. Ils ont fait du bon boulot.
On peut espérer vous y voir alors ?Il faut le dire à la production. (rires)
publié le 15 septembre, Léa Stassinet , Puremédias