Nicolas Stoufflet ("Le jeu des 1.000 euros" sur France 3) : "Adapter l'émission de France Inter à télévision était un rêve secret"
Comment sont mesurées les audiences télé ? © France 3, Louis-Adrien Le Blay
Dès ce samedi 9 septembre 2023 à 17h25, l'animateur et journaliste co-anime avec Carinne Teyssandier l'adaptation télévisée du "Jeu des 1.000 euros" de France Inter.
France Télévisions et Radio France renforcent encore un peu plus leurs liens. Dès ce samedi 9 septembre 2023, France 3 adapte le programme culte de France Inter, "Le jeu des 1.000 euros". Nicolas Stoufflet, son narrateur baroudeur depuis 2008 sur les ondes, est rejoint, pour cette adaptation, par Carinne Teyssandier ("Mon Food-Truck à la clé" sur France 2, "Huit chances de tout gagner", "Nous sommes tous des spécialistes" sur France 3) à la présentation. Le journaliste raconte à puremedias.com ses premiers pas devant la caméra et présente les contours de cette adaptation du jeu qui rassemblait 1,63 million de joueurs à la radio entre janvier et mars 2023.
Propos recueillis par Ludovic Galtier Lloret
puremedias.com : Alors la télé, c'est comment ?Nicolas Stoufflet : C'est jouissif ! C'est formidable parce que c'est un autre métier. Il faut repartir non pas à la base, car les acquis de radio sont bénéfiques, mais il y a beaucoup de choses à savoir. Je pense d'ailleurs que ce serait aussi dur dans l'autre sens pour quelqu'un qui fait de la télé et n'a jamais fait de radio.
Vous présentez habituellement "Le jeu des mille euros" micro à la main en vous baladant. Comment avez-vous vécu cette gestion de la caméra ?Il a fallu beaucoup de training, beaucoup de séances d'apprentissages, même si c'est une technique qui s'acquiert assez facilement malgré tout. Il faut toujours garder en tête que l'on doit parler aux téléspectateurs. Pour ce faire, il faut regarder le plus possible la caméra et donc, à travers l'objectif, le téléspectateur au fond des yeux. Cela s'acquiert, je n'ai pas fait six mois d'entraînement intensif mais les mois de mai et juin ont en partie été consacrés à ça.
"Il faudrait être fou pour ne pas accepter"- Nicolas StouffletAvez-vous accepté cette adaptation sans la moindre once d'hésitation ? Non pas d'hésitation, d'autant plus que j'y avais pensé. C'était une espèce de rêve secret, ou plutôt disons de rêve un peu abstrait. J'avais d'ailleurs pris contact quelques mois auparavant avec un des directeurs de France 3, François Desnoyer, et les choses étaient donc un peu engagées mais pas plus que ça puisque les processus sont toujours longs. Quelques mois après, j'ai été contacté par Caroline Got, de Medicis Production, qui m'a appelé après avoir contacté auparavant France Inter. Elle me dit qu'elle a créé une société de production et voudrait absolument adapter "Le jeu des mille euros" à la télévision. J'ai dit oui bien sûr, il faudrait être fou pour ne pas accepter.
Sur France Inter, vous présentez "Le jeu des mille euros" en solo. Comment avez-vous vécu le fait d'être à deux avec Carinne Teyssandier et comment vous êtes-vous répartis les rôles ?Je l'ai très bien vécu, d'autant plus que j'y avais pensé : les gens ne me connaissent pas à la télévision, il faut être réaliste. Je m'étais dit que l'animation se ferait en duo, clairement avec une présentatrice de jeux pour faire un couple mixte. Quand on m'en a parlé, c'était donc assez amusant car j'y avais déjà pensé aussi. Concernant la répartition des rôles, c'est une bonne question car le duo n'est pas un exercice facile. C'est un travail en plus. D'abord, il faut que les deux en aient envie, et c'est le cas. Il faut que chacun respecte l'autre, que chacun trouve sa place. Le résultat est très réussi : on n'empiète pas sur le terrain de l'autre et nous sommes en même temps vraiment dans la complicité.
Ce passage de la radio à la télé s'est-il accompagné pour vous d'un changement de ton ?Sûrement, parce que lorsque j'enregistre une émission radio, je suis devant des salles de 300-400 personnes donc je m'adresse aussi au public. On m'a d'ailleurs dit qu'au départ, je n'avais pas tout à fait la même voix. Mais c'est bien moi (rires).
"C'est une adaptation du 'Jeu des mille euros' et non le jeu originel lui-même à la radio que l'on aurait filmé et diffusé à la télévision"- Nicolas StouffletPassons aux règles du jeu : tout d'abord, avez-vous conservé les fondamentaux du "Jeu des mille euros", c'est-à-dire les questions bleues, blanches et rouges, banco et super banco ?Absolument. Ces fondamentaux font la marque, la forme du jeu. Dans cette même veine, nous conservons aussi le fameux "ding ding" qui retentit pendant que les candidats réfléchissent. Nous avons donc gardé cette progressivité des questions ainsi que le format des candidats par duos, ce qui est une particularité du jeu. Je ne crois pas qu'il y ait un jeu comparable où l'on vienne à deux et l'on joue de manière solidaire, sans être l'un contre l'autre dans le duo.
L'ingrédient de la compétition est pourtant bel et bien au programme de la version télé...La télévision exige en effet une autre écriture : nous avons donc décidé dans cette version que plusieurs duos se disputeraient le titre de champions. Mais il s'agit plutôt d'une compétition sympathique, positive et bon enfant. Il me semble important d'insister sur le fait que c'est une adaptation du "Jeu des mille euros" et non le jeu originel lui-même à la radio que l'on aurait filmé et diffusé à la télévision, ce qui n'apporterait pas grand-chose. Là il s'agit d'une vraie émission supplémentaire, hebdomadaire, avec des candidats qui ont brillé au jeu radio qui se retrouvent pour une sorte de trophée des champions.
Pour fidéliser les téléspectateurs, les jeux ont à peu près tous leur champion aujourd'hui. Comment cela va se passer dans "Le jeu des mille euros" ?Nous aurons dix duos au départ dans la première partie qui s'appelle "La sélection". Un duo sera sélectionné pour "Le match", équivalent de la deuxième manche, au cours duquel il affrontera le duo champion de la semaine précédente. Si ce dernier gagne le match, il reste le duo champion et peut le rester ainsi plusieurs semaines. C'est un montage disons classique de jeu télé. On feuilletonne et on va pouvoir retrouver au fil des semaines les duos champions qui pourront cumuler les gains : 1.000 euros seront en jeu chaque semaine. Ce qui intéressant aussi, c'est que les dix duos qui participent à "La sélection" pourront rester tant qu'ils n'auront pas été sélectionnés. Seul le duo éliminé sera donc renouvelé chaque semaine.
"Caroline Got, la productrice, aimerait bien proposer des "spéciales jeunes" sur France 3"- Nicolas StouffletA-t-il été facile de convaincre des candidats venus jouer incognito à la radio de passer à la télévision ?Oui. Je ne me suis pas occupé du casting directement mais d'après les échos que j'ai eus, ils étaient plutôt partants. Ce sont des gens qui avaient été plutôt à l'aise à la radio et qui avaient tout gagné, banco et super banco. Je crois que quasiment tous ont dit oui, ils n'ont même d'ailleurs pas tous été sélectionnés. Je crois qu'ils sont venus avec plaisir, peut-être en étant un peu intrigués pour certains car c'est vrai que c'est un autre exercice. Il y a des obligations à la télévision comme mettre du maquillage ou venir avec des beaux vêtements... Certains avaient donc une dose d'étonnement.
"Le jeu des mille euros" est une émission itinérante tandis que l'adaptation télé est tournée en studio. Les aficionados ne risquent-il pas d'être déçus de ne plus avoir cette dimension régionale ?L'émission télévisée n'est pas itinérante parce que c'est quasiment impossible à réaliser de nos jours. Ce serait une trop grosse machine d'aller de ville en ville et des coûts et une logistique beaucoup trop importante. La dimension régionale se traduit surtout par le fait que les candidats viennent de toute la France. Nous les présenterons dans ce sens là, en leur demandant de parler en quelques mots de leur ville, de leur village, de leur région.
Sur France Inter, toujours, des numéros "spécial jeunes" du "Jeu des 1.000 euros" sont diffusés le mercredi. Envisagez-vous cette déclinaison à la télévision ?Caroline Got, la productrice, aimerait bien proposer des numéros "spécial jeunes" à la télévision, d'autant plus qu'il n'y a pas de jeu à la télé pour les enfants. Ce serait formidable qu'on puisse le faire, pendant les vacances scolaires par exemple, avec les mêmes règles que pour les adultes, mais évidemment pas les mêmes questions. Cela fait partie des pistes de travail qui sont sur la table.
"On ne m'a pas dit qu'il fallait absolument atteindre le million de téléspectateurs dans les quinze jours"- Nicolas StouffletIl y a d'autres jeux de culture générale qui marchent très bien en prime time, notamment ceux de Cyril Féraud, "Le quiz des champions", "100% logique" sur France 2. Y a-t-il des projets de prime time pour "Le jeu des mille euros" ?C'est prématuré. On va installer le jeu en émission hebdomadaire, le samedi à 17h25. Il faut qu'on trouve notre place et j'espère qu'on va la trouver très vite. Après les prime time, ce sera pour beaucoup plus tard je pense, mais pourquoi pas ! J'en serais ravi, mais n'allons pas trop vite.
Avez-vous un objectif d'audience d'ailleurs ?J'avoue que je ne sais pas quels sont les objectifs de France Télévisions. On va essayer de faire autant que la case actuelle ("Des chiffres et des lettres" avait fédéré une moyenne de 588.000 téléspectateurs entre le samedi 17 septembre 2022 et le samedi 29 juillet 2023, soit 6,4% du public âgé de quatre ans et plus, ndlr) mais on ne m'a pas dit qu'il fallait absolument atteindre le million de téléspectateurs dans les quinze jours.
Vous avez signé pour une saison à la télévision ?Oui, jusqu'en juin 2024.
"Sur France Inter, on concentre nos tournages sur trois jours au cours desquels on enregistre trois à cinq émissions"- Nicolas StouffletQuelle part de votre emploi du temps occupe le tournage du "Jeu des 1.000 euros" côté radio ?C'est une semaine sur trois, je suis arrivé, par exemple, en Bourgogne ce mercredi 6 septembre. J'enregistre à Cluny, on poursuit avec l'Yonne puis retour par la Seine-et-Marne. En réalité, on concentre nos tournages sur trois jours au cours desquels on enregistre trois à cinq émissions par jour. Parfois, on me demande ce que je fais quand on a fini d'enregistrer et si je pars en vacances. La réponse est non car dès que nous rentrons, il faut préparer la tournée suivante. Il faut que j'écrive les textes de présentation des communes, travaille les questions, les classe par niveau de difficulté. Nous sommes une toute petite équipe de trois personnes donc chacun met la main à la pâte. Louis Bozon, qui a présenté le jeu avant moi pendant treize ans (1995-2008, ndlr) et avait fait beaucoup d'antenne en direct comme moi avant et notamment les petits matins, m'avait dit quand il m'a passé le relais "Tu vas voir, au 'Jeu des mille euros', je n'ai jamais autant travaillé de ma vie". Sur le moment, je pensais qu'il exagérait et finalement c'est vrai !
Justement, comment réussissez-vous à vous renouveler depuis quinze ans maintenant ?Je suis pour les évolutions douces et pas pour les cassures brutales donc j'ai apporté quelques petits éléments. Un élément sonore là où il n'y en avait pas. D'une année sur l'autre, on apporte un petit jingle en plus. Ce sont de petits détails, c'est presque de l'ordre du subliminal mais ça fait évoluer aussi le jeu lui-même. Quant à moi, j'effectue un exercice qui relève presque du masochisme, à savoir que je m'écoute. J'essaie toujours de me remettre en question là-dessus.
Avez-vous d'autres projets sur France Inter ou ailleurs ?Non pas pour l'instant. Je connais déjà une grosse rentrée. Je continuerai les "spécial" d'une heure avec des duos auditeurs et voix de France Inter, dont les diffusions sont prévues à Noël et au Jour de l'an.
publié le 9 septembre, Ludovic Galtier Lloret, Puremédias