"Consternation et colère" : La rédaction de France Inter ne digère pas l'éviction de Yaël Goosz de "L'édito politique" et vote la défiance contre Adèle Van Reeth
Le premier billet de Matthieu Noël sur France Inter. © Abaca
80% des 95 journalistes titulaires de la rédaction de France Inter ont voté une motion de défiance vis-à-vis de sa directrice ce jeudi 11 juillet après l'annonce du remplacement de Yaël Goosz par Patrick Cohen.
Rupture de confiance à France Inter. 80% des 95 journalistes titulaires de la rédaction de la première radio de France ont signé une motion de défiance à l'encontre de leur directrice Adèle Van Reeth, a révélé ce jeudi 11 juillet 2024 le journal "Le Monde". Premier grief retenu contre celle qui a mis ses pas dans ceux de la jeune retraitée Laurence Bloch en 2022 : le remplacement de Yaël Goosz par Patrick Cohen - de retour à la matinale sept ans après l'avoir quittée pour celle d'Europe 1 - à la tête de l'édito politique du "7/10" de Nicolas Demorand.
"Consternation et colère"
"C'est avec consternation et colère que nous avons appris par la presse que la direction de France Inter avait décidé de retirer l'éditorial politique du matin à Yaël Goosz", est-il écrit dans le texte signé par la Société des journalistes de Radio France, du SNJ et de la CGT relayé ce jeudi 11 juillet sur les réseaux sociaux."Nous, journalistes de France Inter, contestons fermement cette décision violente et d'une brutalité inouïe en terme de management", poursuivent les signataires, saluant le "travail exemplaire, fiable et indépendant" de Yaël Goosz, dont la "rédaction est unanimement fière".
"Avec cette décision, c'est tout un collectif (...) qui est bafoué", proteste ainsi l'écrasante majorité de la rédaction, qui déplore qu''aucune explication digne n'a été fournie par la directrice de France Inter pour justifier ce choix'. Le 10 juillet, rappelle "Libération", Adèle Van Reeth avait indiqué à la rédaction que derrière cette décision, il y avait une volonté de dissocier la fonction d'éditorialiste de celle de chef du service politique.À LIRE AUSSI : Adèle Van Reeth : "France Inter reste une chaîne extrêmement puissante alors que la radio faiblit""Prétendre qu'un éditorialiste maison n'aurait pas les coudées franches pour faire son travail parce qu'il est aussi chef du service politique de la station est non seulement fallacieux mais aussi très inquiétant", grince la rédaction dans son communiqué. "Comme s'il fallait être à l'extérieur de la maison pour s'exprimer librement sur cette antenne ! Drôle de conception de la liberté de l'information et de l'indépendance du service public".
"Décisions incompréhensibles"
D'autres "décisions incompréhensibles" survenues ces derniers mois - mais pas détaillées dans le communiqué - ont fini d'acter la rupture entre direction et rédaction. Outre, la fin du "Grand dimanche soir", pourtant plébiscité par les auditeurs, la directrice Adèle Van Reeth a annoncé de nouvelles coupes budgétaires et la suppression de plusieurs chroniques ou émissions, à l'instar des portraits de Charlotte Perry dans "Des vies françaises" ou de "C'est bientôt demain", série de reportages sur l'actualité des luttes et mobilisations sociales réalisée par Antoine Chao. Dans un rare communiqué commun publié en mai 2024, rappelle encore "Libération", journalistes et producteurs de la chaîne s'étaient ainsi émus de la suppression de ces chroniques ainsi que du remodelage annoncé de "La Terre au carré".
"Il nous semble impossible de continuer à lui faire confiance pour diriger la radio", conclut ainsi la rédaction. Critiquée en interne, Adèle Van Reeth a reçu le soutien de Sibyle Veil ce vendredi 12 juillet. "Pour mériter la fidélité de nos auditeurs chaque année, nos grilles évoluent. Ce renouvellement demande travail, courage et audace : qualités dont Adèle fait preuve pour défendre et développer cette fierté du service public qu'est France Inter. Elle a toute ma confiance", a écrit la présidente-directrice générale de Radio France sur X.
publié le 12 juillet, Ludovic Galtier Lloret, Puremédias