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"Agnès Vahramian n'est pas quelqu'un qui broyait" : Françoise Joly et Guilaine Chenu (ex-"Envoyé spécial") prennent la défense de la nouvelle patronne de France Info, critiquée pour son management

"Envoyé Spécial" a la rencontre des femmes qui accusent Gérard Miller de viols - © Abaca

Les deux anciennes présentatrices d''Envoyé spécial' ont donné en exclusivité à puremedias.com leur vision d'Agnès Vahramian qu'elles n'ont pas reconnue dans l'enquête publiée il y a huit jours par "L'informé".

Témoignages Puremedias. Agnès Vahramian a pris ses fonctions à la tête de France Info. La désormais ancienne correspondante chevronnée de France Télévisions à l'étranger a ouvert, ce lundi 16 septembre 2024, un nouveau pan de sa carrière dans la tourmente. Sept jours plus tôt, le lundi 9 septembre, "L'informé" publiait une enquête étayée dans laquelle une vingtaine de journalistes - ayant travaillé à ses côtés au "20 Heures" de France 2 ou dans les bureaux qu'elle a occupés à l'étranger - s'étonnaient de sa nomination à la tête de la 3e radio de France. Qualifiée de "toxique", "humiliante" voire "menaçante", dixit les témoignages, elle aurait entretenu dans ses différentes fonctions un "climat de terreur" entre 2014 et 2024.

"Nous n'avons jamais eu de retours sur un quelconque problème de management"Un visage sombre à mille lieues de celui que connaissent Françoise Joly et Guilaine Chenu. "On est tombées de l'étagère à la lecture de ce papier", confient de concert les anciennes incarnations du magazine "Envoyé spécial" (2001-2016), auquel Agnès Vahramian a collaboré entre 2007 et 2014.Lors d'un échange ce mercredi 11 septembre 2024 avec puremedias.com, les deux anciens visages de l'info de France 2 ont livré leur regard sur la personnalité d'Agnès Vahramian sans "dévaluer les témoignages compilés par 'L'informé', d'autant plus s'il y a eu de la souffrance". "Ce que nous souhaitons en vous parlant", précisent-elles, "c'est témoigner d'une partie de la vie professionnelle d'Agnès, des sept années de notre vie professionnelle commune. On regrette d'ailleurs que ces années-là ne soient pas évoquées dans l'article. On veut témoigner de cette période, qui fait aussi partie de la vie d'Agnès."Revenons dix-sept ans en arrière. En 2007, Agnès Vahramian intègre l'équipe du magazine d'information de la Deux, d'abord en qualité de grand reporter. Puis, la journaliste prend du galon : en 2010, elle contribue à la création d''Envoyé spécial, la suite', déclinaison du magazine le samedi après-midi. L'année suivante, elle est nommée rédactrice en chef adjointe du programme d'information.À LIRE AUSSI : "Elle broie les gens" : Plusieurs journalistes dénoncent le comportement d'Agnès Vahramian, la nouvelle patronne de France Info"Concrètement", reformule Guilaine Chenu, "cela signifie qu'elle gérait avec Françoise et moi une rédaction. Elle avait déjà à l'époque des fonctions de management. Nous n'avons jamais eu de retours sur un quelconque problème de management. Jamais", jure-t-elle. "S'il y avait eu la moindre alerte qui correspond à ce qui est décrit dans l'article, on l'aurait dénoncée", abonde dans son sens Françoise Joly. "Ce n'est pas du tout la personne que l'on a côtoyée".

"Sa sévérité va t'aider à faire de toi un journaliste meilleur"Personnalités d'antenne - un statut différent de la majorité des journalistes de l'ombre qui témoignent dans l'enquête de "L'informé" - Françoise Joly et Guilaine Chenu ont-elles pu rater ces "alertes" ? "Mais en tant que rédactrice en chef, elle travaillait avec des journalistes. Avec des très jeunes comme avec des confirmés. On n'a jamais eu le moindre retour", oppose Françoise Joly. Avant de développer : "Elle arrivait avec de jeunes journalistes, sur des sujets extrêmement délicats, à faire en sorte qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes, les faire grandir et progresser. Avec Guilaine, nous avons d'ailleurs été bluffées par cela".Un autre témoin qui a travaillé dans une période plus récente aux côtés d'Agnès Vahramian à l'étranger confirme l'intérêt de cette dernière pour le partage d'expérience. "C'est une grande professionnelle passionnée par son job, d'une grande générosité personnelle et professionnelle qui a à coeur de faire progresser des juniors, qui leur donnent leur chance", témoigne cette source auprès de puremedias.com. "Je comprends qu'Agnès puisse être une personnalité clivante mais elle est entière. Si elle peut parfois être dure, elle le reconnaîtra et s'excusera dans l'heure qui suit (une description qui rejoint certains témoignages publiés par" L'informé", ndlr). Sa sévérité va t'aider à progresser et faire de toi un meilleur journaliste. Ce n'est pas le monstre sadique qui est décrit dans l'enquête"."Nous n'avons pas vu quelqu'un qui broyait ou détruisait", reprend Françoise Joly. Ces mots, choisis par certains témoins de l'enquête de "L'informé", ont résonné dans la tête de celle qui est sur le point après cinq années de quitter la direction de l'information de TV5 Monde pour "divergences stratégiques". "C'est comme si on n'avait pas fait le job en fait. C'est comme si pendant sept ans, on avait été frappées de cécité et que l'on n'avait pas vu avec qui on travaillait. Ce n'est pas possible ça ! Je ne peux pas croire une seconde qu'Agnès, parce qu'elle est une femme de terrain, soit capable de mettre en péril la vie des autres", réfute-t-elle. "On a vu quelqu'un d'éminemment professionnelle dans les bons moments comme dans les tragédies. On a perdu Gilles Jacquier en janvier 2012 en Syrie, on a accueilli Hervé Ghesquière, ancien otage en Afghanistan, après sa libération en juin 2011. Elle a été bienveillante, à sa place, en accompagnement, en soutien, en partage. C'est cette Agnès là que l'on connaît".

"Un portrait assez dégueulasse""Elle avait une créativité et une empathie très puissantes. C'était une cheffe d'équipe, un peu cheftaine, avec beaucoup de volonté, de détermination, elle emmenait les gens avec elle", ajoute Guilaine Chenu. "Si le '20 Heures' est venu la chercher en 2014, c'est parce qu'elle avait des capacités de management indéniables", renchérit Françoise Joly. Les témoignages portant intégralement sur la période qui a suivi son arrivée au "20 Heures", Agnès Vahramian aurait-elle pu changer ? "Bien sûr que les gens évoluent, changent en fonction des situations. De cette période, je ne peux pas en parler. Ce que je sais, en revanche, c'est que la vérité d'Agnès, elle se lit dans tous les visages d'Agnès et toutes les époques. Cela nous fait mal de voir que l'on évoque qu'un seul pan de sa personnalité", répond Guilaine Chenu.L'un de ceux qui l'ont bien connue à "Envoyé spécial", où il a partagé la rédaction en chef avec elle, et au "20 Heures", où elle l'a appelé en 2014 pour lancer la rubrique "L'oeil du 20 Heures", Hugo Plagnard, dit à puremedias.com ne "pas reconnaître" Agnès Vahramian "dans le portrait assez dégueulasse dressé d'elle par certaines personnes"."Agnès est quelqu'un de très exigeant, qui ne lâche rien", ajoute le journaliste, passé par "Complément d'enquête" et aujourd'hui rédacteur en chef du "20 Heures" de la Deux. "Quand on travaille avec elle, c'est un challenge, il faut se mettre au niveau de quelqu'un qui vous pousse toujours plus loin pour avoir le meilleur. Comme elle le reconnait elle-même parfois, ça peut être un peu abrupt. Mais je ne suis pas du tout d'accord avec le portrait qui fait d'elle quelqu'un de harceleur ou ayant des comportements inappropriés au travail. Je n'en ai pas été témoin", précise-t-il. Avant de conclure au sujet de celle dont il est un fervent partisan : "On a peut-être oublié à quel point elle a apporté à la rédaction de France Télévisions au sens large, elle a porté très haut le '20 Heures' éditorialement mais aussi d'un point de vue des audiences".

"Je suis capable d'entendre quand on me dit que quelque chose ne va pas"Interrogée par le journal d'investigation en ligne, Agnès Vahramian avait fait part de son "immense surprise" à la lecture des critiques à son égard. "Je n'ai jamais entendu ça en 35 ans de carrière. Bien sûr, je suis quelqu'un d'exigeante et de déterminée, qui a dû diriger parfois dans des conditions compliquées. Je ne dis pas que je n'ai pas eu des différends, des disputes, des accrochages, mais je suis juste, à l'écoute des gens et capable d'entendre quand on me dit que quelque chose ne va pas", s'était-elle défendu. "Je n'ai jamais été rappelée à l'ordre par ma direction ou été informée d'une enquête interne à mon encontre. J'ai énormément progressé chez France Télévisions, qui m'a offert un formidable parcours. Je suis aujourd'hui ravie de continuer ma carrière à France Info", avait-elle conclu.

publié le 17 septembre, Ludovic Galtier Lloret , Puremédias

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