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"Ca sent le purin" : Les Bodin's méprisés, le duo est le parfait exemple d'un décalage énorme entre les Français

En décembre 2021, nos confrères de l'Express s'intéressaient aux Bodin's, célèbre duo d'humoristes (Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet) - à retrouver ce lundi 12 février à 21h10 sur M6 dans un téléfilm dans lequel ils enquêtent en Corse - et plus précisément à leur côté clivant. En effet, le magazine commence par souligner que le film Bodin's en Thaïlande "n'a été vu que par 30 000 spectateurs dans la capitale (Paris) alors qu'il en a séduit plus de 1,3 million au total dans l'Hexagone."

"Un phénomène révélateur du gouffre entre deux France, l'une urbaine et grosse consommatrice de culture - et particulièrement de cinéma d'auteur ou de versions originales -, l'autre plus rurale et gourmande de succès grand public. Deux France qui s'ignorent, se toisent, se méprisent parfois" ajoutent-ils. Ils recueillaient alors certains témoignages, dont celui de Frédéric Forestier, le réalisateur des Bodin's en Thaïlande : "Pour certains Parisiens, il y a l'idée que la vieille édentée (Maria Bodin), ça sent le purin et que, forcément, ça ne va pas voler très haut", avait regretté ce dernier.

"Les Bodin's renvoient les classes moyennes à une ruralité qu'elles ont fuie, dont elles se sont arrachées, donc ça ne les fait pas rire. Elles ne peuvent pas se moquer de leurs origines, elles ferment les portes sur un traumatisme initial qu'elles veulent oublier. En revanche, elles font le succès des Illusions perdues, récit d'un provincial qui monte à Paris", ajoutait de son côté Jean Latreille, professeur agrégé de sciences économiques et sociales et auteur de Cinoche et société. Les intuitions sociologiques du cinéma populaire (L'Harmattan).

Les Bodin's victimes de préjugés ?Cet écart culturel entre Paris et la campagne se vérifie sur pleins d'autres oeuvres, comme l'expliquait Eric Marti, directeur général de Comscore, qui étudie chaque semaine les données du box-office : "Il y a plusieurs genres de films qui marchent bien hors de Paris : les grandes comédies populaires qui s'appuient sur un succès local comme Les Municipaux ou Les Bodin's ; les grands films familiaux comme Heidi qui, en 2015, fait 700 000 entrées, mais 40 000 à Paris, Belle et Sébastien ou encore Poly, avec ses 605 000 entrées mais 20 000 à Paris."

Ce n'est donc pas directementl'humour des Bodin's qui pose problème et qui est méprisé par les grandes villes et notamment Paris. Mais plus globalement ce que de nombreux citadins appelleraient "l'humour de campagne". Une triste réalité... A voir désormais si les mentalités changeront à l'avenir !

publié le 12 février, Bertrand Bielle , Purepeople

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