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Un Si Grand Soleil : "Mélissa a soif de justice" révèle Hermine Granville

Depuis plusieurs jours, "Un si grand soleil" aborde le sujet des violences sexuelles dans le milieu de la pornographie à travers le personnage de Mélissa. Hermine Granville, son interprète, s'est confiée à notre micro sur cette intrigue poignante.

Depuis plusieurs jours, les fidèles d'Un si grand soleil vivent au rythme de l'enquête autour du viol de Mélissa. A travers cette intrigue poignante, les scénaristes du feuilleton quotidien de France 2 s'attaquent aux violences sexuelles dans le milieu de la pornographie dite "amateur". Hermine Granville, l'interprète de Mélissa, s'est confiée à notre micro sur ce sujet important et ce rôle fort qu'elle interprète avec justesse et émotion.

Allociné : Le rôle de Mélissa n'est pas facile à défendre. Qu'est-ce qui vous a plu chez elle ?

Hermine Granville : Mélissa m'a beaucoup attendrie par sa vulnérabilité. Elle est extrêmement généreuse avec les gens qu'elle aime. Il y a une naïveté et une sensibilité. Je la trouve profondément humaine en fait. Elle va se tromper dans ses choix et c'est ça qui me touche.

C'est un personnage avec des expressions émotionnelles très puissantes et une palette d'émotions extrêmement variées. En tant que comédienne, c'est une exploration assez fantastique de pouvoir interpréter un rôle comme celui-ci.

Le sujet traité à travers le personnage Mélissa a-t-il été un frein pour accepter ce rôle ?

Disons que ça a suscité de vraies questions jusqu'à ce que je lise les séquences, où j'ai capté la personnalité de Mélissa. Et sa personnalité m'a plu. Si je n'avais pas eu envie d'interpréter le personnage de Mélissa, je ne l'aurais pas accepté.

Avez-vous rencontré des victimes ou consulté des associations de victimes pour préparer ce rôle ?

Il est extrêmement rare de ne pas croiser dans notre parcours de vie quelqu'un n'ayant subi aucune agression. Heureusement, ce n'est pas allé aussi loin que Mélissa mais j'ai rencontré des victimes dans mon parcours de vie. En tant que femme, ce sont des sujets dans lesquels on se retrouve parfois quand on parle. Ce sont des parcours de vie qu'on rencontre.

Comment vous êtes-vous préparée pour retranscrire de la façon la plus juste les séquelles liées à un tel traumatisme ? Qu'est-ce qui vous a inspirée pour mettre autant d'émotion dans votre personnage ?

Je suis une bosseuse. Je passe des heures à questionner les personnages, à en faire un portrait très clair pour savoir quelles sont leurs faiblesses, leurs peurs profondes ou encore leurs envies.

Je suis d'abord passée par une exploration du personnage. J'ai essayé de comprendre comment c'était possible de dépasser l'inacceptable. J'ai essayé de ne jamais juger Mélissa mais plutôt de toujours la comprendre.

En fait, j'ai trouvé un personnage profondément seul. Il n'est jamais question de la famille de Mélissa dans l'intrigue. J'en ai déduit des choses. Elle a une grande force et une grande envie d'indépendance. Il y a aussi une forme d'inconscience chez ce personnage parce que la mise en danger est présente.

Pour les inspirations, j'ai regardé Hot Girls Wanted. C'est un documentaire extrêmement tragique qui m'a profondément choquée. Ça parle de jeunes femmes qui rentrent dans un circuit pornographique en répondant à une annonce. C'est exactement ce que Mélissa a vécu.

Elles se retrouvent dans un avion pour être modèle photo et c'est seulement là qu'elles se rendent compte que c'est pour tourner une vidéo pornographique. Sur la sidération, il y a quelque chose qui m'a beaucoup inspiré. C'était très éclairant pour moi.

L'autre source d'inspiration, ce sont les comédiennes qui sont des modèles pour moi depuis toujours. J'apprécie la tragédie antique. Il y a quelque chose là-dedans qui est très universel et qui parle d'émotion. Tout le monde peut s'identifier.

J'admire également des comédiennes qui ont une densité et une puissance émotionnelle. Marion Cotillard, Meryl Streep, Jennifer Lawrence, Adèle Exarchopoulos, Sigourney Weaver sont pour moi des actrices importantes.

Melissa a finalement décidé de porter plainte. On imagine qu'il ne sera pas simple de prouver qu'elle a été violée par trois hommes. Quels obstacles va-t-elle rencontrer ?

Le principal obstacle, c'est d'identifier la limite du consentement. Par ailleurs, Mélissa a signé un contrat qu'elle n'a pas lu. Enfin, c'est sa parole contre la leur.

Il semble évident que James (Edouard Giard) et son complice Régis ne se laisseront pas faire. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Il faut regarder la série parce que c'est là qu'on se rend compte que c'est très complexe. Les comédiens interprètent très bien leurs rôles. D'ailleurs, chapeau bas parce que le sujet n'est pas évident et ce n'est pas simple non plus d'interpréter les méchants dans l'histoire. Ça vaut vraiment le coup de regarder.

Mélissa va lancer un appel à témoins. Est-ce que ça va aboutir à des résultats concrets ?

Mélissa trouve que l'enquête est un peu longue et a envie de mettre quelque chose en place. Elle lance donc cet appel à témoins car elle a soif de justice. Elle veut que la vérité éclate et c'est grâce à cela qu'elle se sent plus forte.

D'ailleurs, elle a posté cet appel à témoins en faisant une vidéo à visage découvert. Elle se met donc elle-même en danger mais elle est prête. Et puis, dans cette profonde solitude, Mélissa n'est pas seule. Elle va rencontrer Ambre, la première victime de James et Régis.

Quels rôles vont jouer Inès (Maéva El Aroussi) et Mo (Frédérique Kamatari) dans cette histoire?

Tellement de choses. Inès, c'est sa meilleure amie. Un véritable soutien. Elle la console et l'encourage au quotidien. Inès ne veut pas que Mélissa se laisse abattre.

Mo a quant à elle un côté maternel. Il y a quelque chose de rassurant chez elle. Elle donne de l'espoir à Mélissa par son témoignage parce qu'elle a réussi à passer au-dessus de ce qu'elle a vécu. Elle a grandi et vieilli avec son histoire.

Mo est quelqu'un d'important pour Mélissa parce qu'elle comprend dans sa propre chair ce qu'elle a vécu. C'est pour ça que Mélissa réussit à parler à la police finalement. Sans Mo, elle n'aurait jamais parlé. C'est ça qu'il faut retenir.

Mélissa et Enzo (Teïlo Azaïs) ont débuté une histoire d'amour mais ce drame la pousse à prendre ses distances avec lui. Une réconciliation est-elle possible entre eux ?

Oui, parce qu'en amour tout est possible. Ce qui est très beau dans leur relation, c'est qu'il n'y a pas de prises de tête. C'était leur deal de départ. Comme la vie entière de Mélissa devient une prise de tête, elle met Enzo à distance car elle ne veut pas lui infliger ça. Elle pense peut-être aussi qu'il n'est pas capable de comprendre.

Cependant, c'est tout le contraire qui va se passer. On va transformer une relation qui pouvait apparaître légère en amour profondément sincère. C'est ça que je trouve magnifique dans leur histoire.

Quel regard portez-vous sur le parcours de votre personnage ?

Son parcours, c'est celui d'une battante. Mélissa est une battante avant tout. Elle est prête à tout pour s'en sortir et que la vérité soit révélée.

A l'ère du mouvement Me Too et de la libération de la parole des femmes, est-ce important de porter une intrigue aussi forte à la télévision ?

Oui, c'est important. C'est un fait de société tabou qui mérite d'être mis en lumière. Je pense qu'il faut que les jeunes femmes et les jeunes hommes soient prudents et lorsqu'ils ont besoin d'argent encore plus. C'est un sujet important parmi tant d'autres dans notre société. En tant qu'actrice, en tant que femme, il me semble essentiel qu'on en parle et que toutes ces personnes soient représentées.

Quel message espérez-vous faire passer à travers cette intrigue ?

Je ne me sens pas légitime pour porter un message parce que l'intrigue parle déjà tellement d'elle-même. Si je rajoute quelque chose, j'ai peur que ça fasse trop. Le voile est levé sur un sujet délicat et tabou. Je suis touchée lorsque les émotions du téléspectateur rencontrent celles du personnage de Mélissa. Cela permet à toutes les victimes de voir qu'elles sont visibles et qu'elles ne sont pas seules.

Il y a donc une lecture possible à travers leur souffrance dans cette intrigue. C'est complètement cathartique. J'ai eu plusieurs témoignages de jeunes femmes et ce sont les plus belles choses qu'on peut avoir en tant que comédienne.

Donc vous avez eu des retours des téléspectateurs sur votre personnage ?

Oui ! Je ne m'y attendais pas du tout. Je n'ai pas eu de retours négatifs, que du positif. J'ai reçu des témoignages de femmes qui ont vécu plus ou moins la même chose que Mélissa et qui expriment que ça leur fait du bien d'être représentée et se sentent moins seules.

J'ai reçu des commentaires d'hommes aussi qui ont été touchés par cette histoire et par Mélissa. Ils m'ont dit que Mélissa avait réussi à les emmener dans son intériorité. Ce sont des retours très positifs qui m'ont encouragée dans mon chemin de jeune comédienne. Je tiens à les remercier parce que c'est spontané, c'est vivant et ça fait plaisir.

D'ailleurs, je remercie également France Télévisions, toutes les équipes et mes partenaires de jeu. Il y a eu beaucoup de respect et d'écoute. Je savais que je pouvais compter sur tout le monde. Il y avait beaucoup de délicatesse. Cela a été tellement bien traité. J'ai du mal à dire joie ou bonheur parce que j'ai peu ri finalement sur ce plateau (rires) mais cela a été magnifique. C'était une expérience incroyable et je les remercie énormément.

Est-ce qu'il y a une scène qui vous a particulièrement marquée ou qui a été difficile à jouer ?

Si on veut être au plus proche de la vraisemblance, c'est forcément éprouvant. Tous les comédiens le savent parce que rien n'est anodin quand on joue. Rien n'est anodin.

publié le 16 mars, Jennifer Radier, Allociné

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