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"Meurtres à..." fête ses 10 ans sur France 3 : "Il n'y a pas de raison que la collection ne soit pas là en 2033" assure Anne Holmes

À l'occasion des dix ans des "Meurtres à...", France 3 diffuse ce samedi 29 avril "Nouveaux meurtres à Saint-Malo". Anne Holmes, la directrice de la fiction de France Télévisions, revient pour nous sur le succès de la collection et évoque son avenir.

Lancée en 2013 sur France 3, la collection à succès "Meurtres à...", qui nous a récemment offert les unitaires Meurtres en Béarn ou Meurtres à Pont-Aven, fête ses dix ans ce samedi 29 avril avec la diffusion à 21h10 de Nouveaux meurtres à Saint-Malo, un téléfilm exceptionnel sous forme de cadeau d'anniversaire à destination du public.

En effet, pour la première fois, des personnages de la collection rempilent pour une nouvelle enquête. Nouveaux meurtres à Saint-Malo n'étant autre que la suite de Meurtres à Saint-Malo, le tout premier "Meurtres à..." de l'histoire, qui mettait en scène Bruno Solo et Louise Monot, qui rempilent ainsi dix ans plus tard dans la peau d'Eric Vautier et de Gwenaële Garrec. Aux côtés de petits nouveaux comme Marwan Berreni (Plus belle la vie) et Chloé Stefani.

À l'occasion de cet anniversaire exceptionnel, AlloCiné s'est entretenu avec Anne Holmes, la directrice des programmes et directrice de la fiction de France Télévisions, qui est revenue pour nous sur ces dix ans de succès, sur l'ADN de la collection, et sur la manière dont elle envisage l'avenir des "Meurtres à...", qui ont visiblement encore de beaux jours devant eux sur France 3.

AlloCiné : Comment est née l'idée de faire ce Nouveaux Meurtres à Saint-Malo pour les dix ans de la collection "Meurtres à..." ?

Anne Holmes : On voulait quand même marquer le coup, on voulait vraiment fêter cet anniversaire. Dix ans ce n'est pas rien, et puis c'est aussi 67 "Meurtres à...". C'est une marque qui fonctionne et qui a trouvé son public, mais on avait envie d'évènementialiser tout ça. Et on n'était jamais revenu là où on avait été précédemment. Donc j'ai appelé Iris Bucher, la productrice de Meurtres à Saint-Malo, en lui disant "Et si on faisait une suite ?".

Elle a été emballée, elle a appelé le casting qui a dit "On y va, c'est génial". Alors qu'on aurait pu ne pas le faire parce que justement Bruno Solo et Louise Monot n'auraient pas eu envie de rempiler. Mais finalement toutes les planètes se sont alignées. Le scénariste et réalisateur du premier volet, Lionel Bailliu, était partant aussi. Il a trouvé une histoire et c'était parti !

Et vous vous êtes amusés à placer des clins d'œil à ces dix ans dans le téléfilm, comme ce gâteau d'anniversaire à la fin qui marque autant l'anniversaire du fils de Gwenaële que celui de la collection...

C'est vrai, on s'est fait plaisir, on s'est amusé à placer des clins d'oeil que seuls les initiés remarqueront. Ce qui est bien dans ce "Meurtres à..." c'est que si on connaît bien Meurtres à Saint-Malo, on voit les clins d'œil, mais si on ne connaît pas, ça manque pas de ne pas les avoir vus car c'est une enquête qui peut se suivre sans avoir vu le premier volet.

Pensez-vous qu'un téléfilm policier comme Meurtres à Saint-Malo puisse susciter un attachement suffisant auprès du public pour donner envie aux téléspectateurs de revenir dix ans après en se posant la question "Que sont devenus les héros ?" ?

Je pense que c'est une marque suffisamment forte, avec une promesse de divertissement, d'enquête, de paysages, de légendes, pour que le téléspectateur qui aime les "Meurtres à..." et les polars régionaux ait envie de regarder. Les codes de la collection soit vraiment là. Et puis, celui qui est féru de "Meurtres à...", oui, je pense qu'il peut vraiment se dire "Tiens, ils reviennent dix ans après, je suis curieux de voir ce qu'ils deviennent et ce qu'on me réserve ».

Vous savez, j'ai parlé avec nos amis de la RTBF, qui ont diffusé le téléfilm il y a quelques semaines en Belgique, et même là-bas l'engouement pour cette collection est assez dingue. Ils ont fait monter la sauce sur ce dixième anniversaire en proposant un jeu aux téléspectateurs, "Quel est votre "Meurtres à..." préféré ?". Et ils ont rediffusé le téléfilm qui a reçu le plus de votes juste après Nouveaux meurtres à Saint-Malo.

Vous rediffusez Meurtres à Saint-Malo ce samedi 29 avril à 22h40, juste après Nouveaux meurtres à Saint-Malo. Pourquoi ne pas l'avoir plutôt rediffusé une semaine plus tôt en prime-time afin de préparer le public à la suite qui arrivait ?

On l'a déjà diffusé neuf fois je crois. Huit ou neuf fois en dix ans, c'est pas mal. Quasiment une fois par an.

Quel regard portez-vous sur ces dix années de "Meurtres à..." ?

Je trouve que c'est une aventure formidable, pour plusieurs raisons. La première c'est qu'à part Iris Bucher qui a fait le premier et ce nouvel opus pour les dix ans, on avait le droit de faire un seul "Meurtres à..." par producteur. Donc chaque producteur a fait son téléfilm unitaire en y mettant son cœur, son talent, son truc à lui, avec toujours pour objectif de ne pas faire moins bien que celui d'avant. J'ai travaillé avec des gens passionnés par les "Meurtres à...".

Et chaque téléfilm de la collection a été un succès, ce qui est quand même assez dingue. À chaque diffusion d'un inédit je me dis "Mince, c'est peut-être aujourd'hui que ça va se planter". Et le dimanche matin, je suis presque plus angoissée que sur une autre marque au moment de découvrir les audiences.

Ensuite, au-delà de ça, on parle quand même d'une collection qui a fait travailler tous les producteurs, qui a lancé beaucoup de comédiens, qui a pris aussi beaucoup de comédiens au day-time, parce qu'il y a eu beaucoup d'acteurs de Plus belle la vie, d'Un Si Grand Soleil, d'Ici tout commence et de Demain nous appartient qui sont venus.

C'est aussi beaucoup de réalisateurs qui ont mis en valeur de nombreuses régions. Il y a même des régions qui nous ont demandé de faire un "Meurtres à..." chez eux parce que, pour le tourisme, c'est génial. Et je trouve qu'il n'y a pas beaucoup de marques fortes qui montrent si peu de signes d'essoufflement. Mais je crois que le secret du "Meurtres à..." c'est d'avoir su se renouveler et de proposer quelque chose de différent à chaque fois.

Justement, est ce que c'est ça votre plus grande fierté ? Le fait que ce soit un succès qui ne se dément pas ?

Non, ma plus grande fierté sur ces dix ans c'est d'avoir raisonné avec un ADN de chaîne par rapport à une chaîne comme France 3 qui était au départ la chaîne de Des racines et des ailes et des paysages. C'est aussi d'avoir rencontré plein de talents.

Et puis, ce qui est dur dans les "Meurtres à..." c'est qu'on a été obligé de se renouveler. Vous ne l'avez pas forcément vu, mais Meurtres en Berry, c'est George Sand, Meurtres à Amiens c'était Jules Verne. On n'est plus seulement sur des histoires de légendes. On a un peu basculé sur quelque chose de plus culturel.

Le plus dur ce n'est pas de commencer, c'est de durer. Et ça j'en suis très fière. Les équipes ont changé depuis le début, même à France Télévisions, et tout d'un coup elles ont envie d'autre chose, puisque ce ne sont pas les mêmes personnes qui s'occupent de la collection, et sans le vouloir, les choses évoluent.

Pensez-vous qu'on fêtera les 20 ans des "Meurtres à..." en 2033 ?

Sûrement, il n'y a pas de raison que cette collection ne soit pas là en 2033. Mais peut être que ce sera le dernier téléfilm quand même (rires).

J'imagine que vous réfléchissez déjà à comment faire perdurer cette marque. Est ce qu'il y a des axes de réflexion auquel vous pensez pour se renouveler un petit peu, justement ?

Il y a plusieurs axes d'évolution possibles. Il y a d'abord les thématiques, les mobiles, parce que vraiment, essentiellement, on tourne autour d'histoires de vengeance, de trahison, ou de cupidité à chaque fois. Il y a aussi ce renouvellement, dont on parlait juste avant, dans la manière dont on peut changer le fond de l'histoire, en étant plus culturel. Les castings évidemment sont une belle source de renouvellement également.

Et puis, au début, on n'allait pas dans les collectivités d'outre-mer. Et aujourd'hui on fait Meurtres aux Saintes, qui est en préparation, et Meurtres en Guadeloupe, qui a été tourné l'an dernier. On est même en train de songer à un Meurtres à Saint-Pierre-et-Miquelon. Et la RTBF est venue me voir, puisque la collection est un vrai succès en Belgique, et on se dit que ça pourrait être pas mal de faire un Meurtres en Belgique prochainement, en jouant sur l'idée de frontière, avec une police française et une police belge.

Vous pourriez le faire avec la Suisse aussi, non ? S'il faut durer encore dix ans...

Pourquoi pas, oui. S'il faut durer, on durera (rires).

Vous avez encore neuf inédits en stock, qui sont tournés, de Meurtres sur la Côte fleurie à Meurtres à Bayeux, en passant par Meurtres à Font-Romeu. Y a-t-il d'autres téléfilms qui arrivent bientôt en tournage ?

Nous allons bientôt tourner Meurtres à Honfleur, mais je n'ai pas le casting pour le moment.

Il y a aussi quelques "Meurtres à..." que vous sortez de la collection, en changeant le titre, comme ça a pu être le cas avec Menace sur Kermadec, En attendant un miracle, L'oubliée d'Amboise ou plus récemment Le Secret de la grotte. Pourquoi ces changements de dernière minute parfois ?

C'est parce que tout d'un coup, je me rends compte qu'on a complètement oublié la légende. Il y a un code du "Meurtres à...", avec une légende, un meurtre, un couple d'enquêteurs, etc.

Si au cours de l'évolution du scénario, le scénariste s'est senti plus à l'aise avec certains autres aspects, ou si le réalisateur n'a finalement pas du tout voulu mettre la région en avant parce qu'il pensait que le sentiment du personnage était plus important, et que je me retrouve avec un "Meurtres à..." où j'ai simplement deux plans de drones sur les paysages, je me dis ce n'est pas un "Meurtres à...". C'est bien, ce sont de bons téléfilms, mais pas des "Meurtres à...", donc on les sort de la collection, tout simplement.

En début d'année, vous avez arrêté la collection "Crime à..." avec Florence Pernel et Lola Dewaere. La collection "Les Mystères de..." a-t-elle quant à elle vocation à continuer ?

Tout à fait. Nous sommes d'ailleurs en plein tournage du téléfilm Les Mystères de la marée avec Garance Thenault et Christopher Bayemi.

publié le 28 avril, Jérémie Dunand, Allociné

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