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Interdit aux moins de 16 ans, ce docu Netflix sur le viol et le "victim blaming" est aussi nécessaire que glaçant

Chose pas si courante, Netflix vient de mettre en ligne un documentaire... interdit aux moins de seize ans. Il faut dire qu'il porte sur un sujet particulièrement "touchy". Mais surtout, plus nécessaire que jamais !

As-tu déjà entendu parler du "victim blaming" ? C'est le fait de juger voire de tacler l'attitude d'une victime, la plupart du temps des victimes d'agression sexuelle, de viol. En commentant leur tenue, leur comportement, afin de mettre en doute leur crédibilité, voire carrément, la véracité des faits relatés.

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Depuis #MeToo, on constate d'autant plus ce phénomène : l'inversion de la culpabilité. Comme si la victime devenait le coupable. Et c'est ce sur quoi s'attarde justement un tout nouveau docu Netflix qui devrait faire beaucoup parler de lui. Primé au festival du cinéma indépendant de Sundance (une véritable réf'), Victimes / Suspectes se dédie effectivement à ces femmes qui, se déclarant victimes d'agressions sexuelles... sont par la suite devenues "coupables" aux yeux des autorités, accusées d'avoir tout inventé.

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Des femmes pointées du doigt, longuement interrogées, voire carrément... emprisonnées ! Un documentaire très touchy donc. Et interdit à toute une partie du public.

Un docu glaçant et nécessaire qui te donne une idée du quotidien des victimes de viol

Interdit, pourquoi ? Car Victim/Suspect (son titre en VO) est carrément déconseillé aux moins de seize ans, ce qui n'est pas si courant sur une plateforme populaire qui pourtant, regorge déjà de documentaires et de séries dédiés aux tueurs en série, aux scandales, aux enquêtes où viols et agressions sexuelles sont largement évoqués.

Cela donne une petite idée du caractère choquant de la chose. Mais ce qui fait tout l'intérêt de ce docu, c'est la force de ce qu'il met en scène. La journaliste d'investigation Rachel de Leon a recueilli quatre ans durant la parole de toutes ces femmes qui, en quête de justice, se sont rendues dans un commissariat et en sont ressorties, parfois suite à un simple interrogatoire, présumées coupables. Si tu n'avais pas à l'esprit tout ce qui explique pourquoi les victimes mettent autant de temps à témoigner, voilà un petit indice.

"Je n'ai pas été crue", "La police m'a accusée"

Un film forcément édifiant donc, qui a particulièrement enthousiasmé la presse. Télérama par exemple a retenu cette scène tout simplement "glaçante" où un policier passe les menottes à une accusée après lui avoir balancé franco : "Je ne vous crois pas. Pas du tout. Vous êtes le genre de personne qui prend la place des vraies victimes". Voilà qui donne une idée du ton de l'ensemble. Cette année, le film français La syndicaliste, avec Isabelle Huppert, mettait en scène les mêmes doutes et le même phénomène de "victim blaming".

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Glaçant, certes, mais hélas pas si surprenant : si tu regardes les commentaires suscités par la moindre "enquête #MeToo", tu t'apercevras qu'ils sont rarement bienveillants envers celles qui témoignent, et dénoncent. En une heure trente cinq, Victimes / Suspectes se confronte à ce conflit systématique et s'interroge : "Comment certaines victimes d'agressions sexuelles finissent par être accusées d'avoir fait une fausse déclaration, arrêtées et même emprisonnées par le système qu'elles croyaient capable de les protéger ?". Débat très ambitieux !

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Et très fédérateur aussi. Car il fait déjà beaucoup réagir. Sous le teaser YouTube, les témoignages s'accumulent et eux aussi glacent le sang : "Je suis une victime et je n'ai pas été crue par ma propre famille", "Je suis une victime et la police m'a accusée. J'étais pourtant couverte d'ecchymoses sur le visage et le corps et j'ai aussi été battue. Mais la police a dit que c'était de ma faute", "En tant que victime moi-même de passages à tabac sévères, je pense qu'il est temps que quelqu'un fasse un film sur des femmes qui ne sont PAS crues".

Comme tu peux le voir, la parole se libère déjà énormément suite à la simple diffusion du teaser. Raison de plus pour foncer découvrir ce docu qui promet de bien te bousculer.

publié le 24 mai, Clément Arbrun, Purebreak

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