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Ici tout commence : dans les coulisses de l'épisode d'Halloween avec Ghina El Hachem, la coordinatrice artistique de la série

Alors que les héros d'"Ici tout commence" ont fêté Halloween ce lundi soir sur TF1, Ghina El Hachem, la coordinatrice artistique de la série, nous dévoile les secrets de fabrication de cet épisode événement et les coulisses de son métier.

Allociné : Pour beaucoup, le travail de coordinateur artistique est un métier méconnu. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots en quoi cela consiste ?

Ghina El Hachem : C'est un métier dans lequel on va vers différentes casquettes. On doit avoir une certaine sensibilité à la production, à la mise en scène et au texte. C'est quelque part le poste qui fait l'interface entre les textes, les départements artistiques et qui signale à la production tout ce qui va sortir de l'ordinaire.

Sur une quotidienne comme Ici tout commence, c'est un poste qui accompagne la mise en scène sur toute la préparation. C'est ce poste qui fait donc toute la lecture des textes et qui prend aussi toutes les décisions artistiques en ce qui concerne le maquillage, les coiffures et la déco.

Vous faites donc le lien avec tous les départements artistiques ?

Exactement. On est l'un des premiers postes à recevoir les textes. On les lit, on les décortique et on lance toutes les alertes à tous les départements artistiques de la série. Ça part du culinaire jusqu'à la déco en passant par le moindre détail des visuels, des contenus téléphoniques ou des comptes Instagram des personnages.

Quelles sont les difficultés et challenges que vous rencontrez au quotidien ?

C'est un métier dans lequel nous sommes au contact de beaucoup de personnes pour faire valider les différents éléments artistiques. On doit donc donner un retour aux équipes sans les froisser ni dévaloriser leur travail. Il faut également être présent pour toute question d'urgence sur le plateau ou en prépa. Si un comédien a eu le Covid et qu'on change de décor, qu'elle est notre situation de repli ? Il faut être en mesure de répondre à de nombreuses problématiques et prendre des décisions rapidement.

Quand vous recevez les scénarios, c'est donc vous qui imaginez tout ce qui concerne le visuel et la mise en scène ?

Tout part des textes. Je fais des mood boards et des débriefs artistiques avec nos deux productrices. C'est à partir de ce moment-là que je dispatche les informations aux différents chefs de poste. Je fais également le suivi des avancées des dossiers avec eux.

Combien de personnes travaillent au sein de votre équipe ?

Nous sommes deux. Eglantine Sofianos, la productrice artistique d'Ici tout commence, travaille également avec nous. Mais nous sommes deux à être présentes tout le temps sur site.

En définitive, comment résumeriez-vous la préparation d'un épisode d'Ici tout commence ?

Tout commence par les textes puis le débrief artistique. Ensuite, nous avons à nouveau la lecture des textes avec les réalisateurs et la transmission aux équipes. Après, il faut savoir que c'est quelque chose qui se passe sur une grande période de temps parce qu'entre la réception des premiers textes jusqu'aux dernières versions avant le tournage, il y a bien deux mois de temps écoulé.

Ce soir, TF1 a diffusé l'épisode d'Halloween d'Ici tout commence. Il me semble que c'est le premier Halloween de l'institut. Était-ce important de marquer le coup cette année ?

Bien sûr. Quand on travaille dans un département artistique, on attend toujours ces petits évènements pour pouvoir un peu se démarquer. Surtout sur une quotidienne où le téléspectateur a souvent les mêmes décors et les mêmes personnages en face. Dans notre économie, on ne peut pas se permettre beaucoup de fantaisies avec la quantité de scènes à tourner par jour alors que sur un épisode comme Halloween on peut le faire. On peut rêver et faire rêver le public avec nous.

Quel a été le plus grand défi à relever pour donner vie à cette ambiance Halloween dans l'univers de l'institut Auguste Armand ?

Votre question est très intéressante puisque c'était justement tout l'enjeu : comment des élèves qui vivent dans un château peuvent être habillés et maquillés, et comment un restaurant de haut standing comme le double A peut-être décoré. Je prends l'exemple de la première séquence qui a eu lieu au restaurant. On a voulu sortir de l'ambiance habituelle que les téléspectateurs peuvent connaître du Double A.

C'était la première fois que l'on mettait des nappes noires au lieu de nappes blanches. Pour rendre cet ensemble assez chic, nous sommes partis sur des compositions florales et de nature morte. On reste tout le temps dans des couleurs chaudes et sourdes sans être dans quelque chose de criard.

Il y a une ambiance un peu gothique finalement. Est-ce que cela a été l'une de vos inspirations?

Disons que oui. On a voulu créer un contraste avec ce lieu-là. Avec un mur végétal, on a voulu contraster pour que la déco ressorte le mieux possible à l'image.

Combien de temps dure la préparation d'un épisode évènement comme celui-là ?

C'est un peu plus long qu'habituellement parce qu'il y a des phases d'essais. Pour les costumes par exemple, ça commence par un dossier de références. On propose à nos productrices un costume par personnage. Une fois que c'est validé, on le transmet aux équipes costumes, coiffure et habillage qui vont faire leurs achats et leurs essais. On propose donc à nos productrices deux maquillages, deux coiffures et trois tenues, et ce sont elles qui choisissent la dernière version. Entre références et validation, il y a au moins deux journées de travail pour un personnage.

Les costumes et les accessoires des personnages sont vraiment réussis. Comment avez-vous choisi les costumes de Greg (Mikaël Mittelstadt), Eliott, Louis (Fabian Wolfrom), Charlène (Pola Petrenko), Théo, Vic et Hortense (Catherine Davydzenka) ?

A travers les arches et les intrigues qui tournent autour d'eux actuellement. Pour Vic (Lou Ladegaillerie), on tournait l'arche "Ange ou Démon" à l'époque. Nous étions unanimes pour dire que ce serait bien de faire d'elle un ange déchu mais avec un maquillage assez génération Z. Il fallait que ça reste des personnages qui font partis de cette génération. Sur cette génération, le téléspectateur est habitué à regarder des séries comme Euphoria ou Elite. Il fallait donc trouver un esprit qui respecte l'énergie de cette génération.

David Bowie est un choix assez fort pour le personnage d'Eliott. Vous pensez à ces choses-là quand vous créez les costumes ?

Bien sûr, surtout pour David Bowie. Ça reste l'un des symboles LGBT les plus marquants de l'histoire de la musique. Et je pense qu'Eliott (Nicolas Anselmo) est un des personnages LGBT les plus marquants des séries françaises. Ça valait le coup de faire le rapprochement.

Théo est-il déguisé en vampire pour contraster avec le costume d'ange de Vic et ainsi leur donner une image à contre-emploi de leurs rôles dans l'intrigue actuelle ?

Pour être très honnête, le but n'était pas le contraste. Pour le personnage de Théo, c'était une demande personnelle de Khaled Alouach. Quand il a su que Vic allait être en ange, il a demandé à être Dracula. Les premières idées étaient de le faire en tueur en série.

L'ambiance de la soirée d'Halloween rappelle les couleurs du bal de promo. Était-ce quelque chose de voulu ?

Ce n'était pas intentionnel de rappeler le bal de promo nécessairement mais c'était intentionnel de partir sur ces couleurs-là, qui je pense sont devenues un code pour le téléspectateur des soirées Ici tout commence.

En parallèle de la soirée d'Halloween, il y a une autre grande scène dans cet épisode. Celle dans laquelle Axel danse avec Jasmine pour se faire pardonner de ne pas avoir accepté son invitation au bal de promo. L'occasion pour vous de créer un tableau digne des plus grandes comédies romantiques. Quelles ont été vos inspirations ?

En terme artistique, c'était un petit hommage à ma génération et à la série Friends, plus particulièrement à la surprise que fait Monica à Chandler dans la série. Je pense que toute personne qui fait du cinéma ou de la série et qui a regardé Friends, aime faire passer un petit clin d'œil à sa série préférée (rires). Et c'était l'occasion de le faire. Honnêtement, c'est l'un de mes épisodes préférés de la série.

Ç'a été un gros challenge de faire cohabiter une ambiance Halloween et une ambiance romantique dans un même épisode ?

Je pense que cela devient un peu une spécialité d'Ici tout commence. Si on regarde un peu en arrière avec l'épisode de l'explosion, on avait l'explosion à l'institut et d'un autre côté Célia (Rébecca Benhamour) qui expliquait à son père comment utiliser Tinder. C'est devenu un peu un jeu de la série. Que ce soit pour les auteurs ou pour nous à l'artistique, on s'en amuse. Quand on a la chance de créer deux ambiances différentes dans un même épisode, ça fait toujours plaisir.

En plus des décors, des costumes et du maquillage, la musique joue également un rôle essentiel dans Ici tout commence. Pour l'épisode d'Halloween, elle colle totalement à l'ambiance que vous avez imaginée. Est-ce que c'est vous qui choisissez ?

Je lance les alertes. Si parfois j'ai l'intention de nos productrices, je transmets l'alerte avec l'ambiance mais sinon c'est notre équipe artistique en post production qui gère dans le détail.

Vous donnez des intentions ?

Exactement. Je donne aussi l'alerte en disant "Faites attention. En parallèle de cette musique je vais avoir un slow". Donc j'indique sur quel type de musique on peut partir pour qu'elles soient complémentaires tout en donnant deux ambiances complètement différentes. Je mets des alertes plus dans ce sens que des directions plus directives.

Les fêtes de fin d'année approchent et j'imagine que vous avez déjà planché sur les épisodes de Noël et du nouvel an. A quoi peut-on s'attendre ?

Pour Noël, on se concentre plus sur les assiettes. C'est une fête où tout le monde souhaite se retrouver autour d'un bon plan et partager de bons moments. Tous nos comédiens seront très bien préparés et très bien maquillés. On se fait plaisir au HMC et surtout en culinaire.

En deux ans, est-ce qu'il y a un épisode que vous avez particulièrement aimé faire ?

Ça peut paraître cliché mais les deux épisodes du bal de promo. C'était un plaisir à préparer que ce soit artistiquement ou techniquement. Dans notre métier, il faut aussi anticiper toutes les articulations des plans de travail. C'était un gros puzzle à mettre en place. Je suis fan de l'épisode 392 (rires). C'est surtout le fait de se dire qu'avec l'économie et le temps donné à une quotidienne, Ici tout commence arrive à sortir des images dignes d'une série en prime time. C'est une fierté pour nous.

publié le 31 octobre, Jennifer Radier, Allociné

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