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Django sur Canal+ : que vaut ce western moderne avec Matthias Schoenaerts et qui n'a rien à voir avec le film de Tarantino ?

Annoncée comme l'une des grosses sorties de Canal+ cette année, la série "Django" arrive dès ce soir sur la chaîne cryptée. Portée par Matthias Schoenaerts et un casting international, elle a pour ambition de revisiter le mythe du cow-boy.

De quoi ça parle ?

Far West, dans les années 1860 - 1870. Hanté par le meurtre de sa famille huit ans plus tôt, Django continue de chercher sa fille, s'accrochant à l'espoir qu'elle ait pu survivre au massacre. Il est abasourdi de la retrouver à New Babylon, sur le point d'épouser John. Convaincu que la ville est menacée, Django est inflexible : il ne prendra pas le risque de perdre sa fille une nouvelle fois.

Django, une série créée par Leonardo Fasoli, Maddalena Ravagli avec Matthias Schoenaerts, Nicholas Pinnock, Lisa Vicari, Noomi Rapace... Episodes vus : 5 sur 10

C'est avec qui ?

Pour cette co-production entre Sky Italia et Canal+, tournée en anglais et destinée à un public international, les créateurs italiens de Django - Leonardo Fasoli et Maddalena Ravagli - ont jeté leur dévolu sur l'acteur belge Matthias Schoenaerts (De rouille et d'os). Avec son charisme presque animal et sa force tranquille, il s'impose naturellement dans ce rôle qui fait volontairement écho au mythique Django de Sergio Corbucci.

Pour jouer sa fille Sarah, ils ont choisi l'actrice allemande Lisa Vicari qui jouait Martha dans la série Dark. Les sériephiles reconnaîtront également Nicholas Pinnock de Top Boy qui joue ici John Ellis, le fondateur de la Nouvelle Babylone, sur le point d'épouser Sarah.

Enfin, ce joli casting est complété par la présence de Noomi Rapace qui interprète la coriace Elizabeth. Elle est l'ennemie jurée de John Ellis et de New Babylon. Sorte de Ma Dalton, dans une version moderne et plus glamour, elle joue de la gâchette aussi bien que Django et s'acharne à contrarier tous les projets de ses adversaires.

Ça vaut le coup d'œil ?

Vraie série de western, Django s'inscrit néanmoins dans l'air du temps et propose une relecture du genre. Une relecture d'autant plus assumée que le Django du titre fait référence au Django de Corbucci, qui est presque devenu une figure mythologique à part entière du western. Il faut préciser cependant que la série n'établit aucun lien avec le Django Unchained de Tarantino.

Ici, Matthias Schoenaerts incarne un homme hanté par son passé et ses fautes. C'est un colosse taiseux au cœur tendre. Après avoir quasi abandonné sa famille qui s'est fait massacrer, il est sur le chemin de la rédemption pour retrouver et renouer avec sa fille Sarah. Lorsqu'il arrive à News Babylon, il tombe sur une jeune femme tout sauf farouche.

Elle est la fiancée de John Ellis, le chef de cette communauté qui vit en dehors des conventions où hommes et femmes, blancs et de couleur, vivent ensemble en parfaite harmonie sept ans après la fin de la Guerre de Sécession. Elle est un leader de cette communauté, écoutée et respectée. Et elle ne veut plus entendre parler de ce père qui l'a laissée.

Cœur tendre

Droit dans ses bottes, cow-boy viril doué de la gâchette et qui ne rechigne jamais devant un combat, Django n'en est pas moins un père tendre. Un homme patient qui veut se racheter et se faire adopter par celle qui lui parle désormais avec autorité.

C'est vraiment cette relation complexe qui est au cœur du récit lequel ne manque pas de panache et de décorum. La ville de New Babylon, faite de cahutes, de bric et de broc ressemble jusque dans son architecture à une utopie. L'antagonisme entre Elizabeth et John Ellis trouve ses racines dans un passéinattendu et intéressant. Et le passé de Django, lorsqu'il vivait encore avec femme et enfants, réserve lui aussi son lot de surprises.

L'entreprise de la série fait partie de celles qui n'avancent pas masquées. Avec ce western moderne, Leonardo Fasoli et Maddalena Ravagli (qui ont fait leurs preuves par le passé dans des séries comme Gomorra ou ZeroZeroZero) veulent déconstruire la figure du cow-boy pour en proposer un qui est tout aussi viril mais plus complexe et plus humain.

Il suffit de se pencher un peu sur le contraste entre le physique et la présence imposante de Matthias Schoenaerts et la douceur (parfois douleur) qu'il exprime en présence de sa fille. Dans nos références du passé, ces deux caractéristiques ont du mal à cohabiter dans un seul corps. Or ici, tout est fluide et évident.

On passera en revanche sur les grosses ficelles scénaristiques qui, elles, en revanche peinent un peu plus à renouveler le genre. C'est bien le Django du titre qui mérite ici toute notre attention.

publié le 13 février, Emilie Semiramoth, Allociné

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