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Wahou ! : cette fantaisie immobilière de Bruno Podalydès va vous enchanter au cinéma

Deux ans après "Les 2 Alfred", Bruno Podalydès est de retour au cinéma avec "Wahou !" : une comédie sur fond de ventes immobilières dans laquelle le réalisateur fait encore parler son humour plein de tendresse et de poésie.

ÇA PARLE DE QUOI ?

Catherine et Oracio sont conseillers immobiliers et enchaînent les visites de deux biens: une grande maison bourgeoise "piscinable, vue RER", et un petit appartement moderne situé en plein triangle d'or de Bougival. Malgré des visites agitées, ils ne perdent pas de vue leur objectif : provoquer le coup de cœur chez les potentiels acheteurs, le vrai, l'unique qui leur fera oublier tous les défauts. Celui qui leur fera dire "Wahou !"

DE L'HUMOUR A REVENDRE

Avec son humour singulier qu'il développe depuis maintenant plus de trois décennies, Bruno Podalydès est l'un des nos meilleurs auteurs de comédies. De ceux dont on reconnaît facilement la patte. Pas seulement parce que son frère Denis ou lui-même apparaissent à l'écran, qu'une référence à Tintin se glisse à l'écran ou que ce natif de Versailles utilise souvent les Yvelines comme théâtre de ses récits.

Non, sa marque de fabrique se trouve dans sa façon de manier un humour où l'absurde et la fantaisie font bon ménage, avec un soupçon de bienveillance et même de poésie. Comme dans Les 2 Alfred, son opus précédent, où une reprise de "Veridis Quo" des Daft Punk accompagnait une annonce d'heureux événement par écrans interposés, dans un long métrage qui, malgré lui, avait anticipé nos vies à l'heure du Covid.

Moins visionnaire mais tout aussi tendre, son dizième long métrage se rapproche davantage de Bancs publics (Versailles Rive Droite) dans la forme, et Adieu Berthe pour son sujet, puisque Wahou ! tourne autour d'une entreprise : l'agence immobilière dont deux conseillers (Bruno Podalydès, chaînon manquant entre Edouard Baer et Alain Chabat, et Karin Viard) tentent de vendre une maison ancienne et un appartement neuf.

Rythmé au gré des visites, qui permettent à quelques acteurs connus de passer une tête, le long métrage n'est ainsi pas éloigné du film à sketches qu'était Bancs publics, mais en possédant un vrai fil rouge, même ténu. Et une structure simple qui, si elle n'évite pas une certaine inégalité selon les visiteurs, permet à Bruno Podalydès de montrer l'étendue de sa palette en alternant les formes d'humour.

Un duo formé par Manu Payet et Yann Frisch (déjà dans Les 2 Alfred) joue par exemple sur le timing comique des des acteurs qui se comportent presque comme des clones (et rendent eux aussi hommage aux Daft Punk lorsqu'ils mettent leurs casques de moto ?). Un autre segment jouera plus sur l'absurde ou le rapport de force entre les protagonistes, tandis que le personnage joué par Karin Viard se dévoile un peu plus au fil des visites.

"C'est très révélateur, la visite d'une maison, du côté des acheteurs comme de celui des vendeurs", explique le cinéaste au sujet de ce film dont l'idée lui est venue il y a plusieurs années, alors qu'il faisait lui-même visiter son habitation. "On entre dans l'intimité des gens. Cela peut être insupportable : parfois c'est triste et d'autres fois ça peut être bouleversant."

"Comme dans le film, cela peut sceller un couple ou, au contraire, le déstabiliser complètement si les désirs divergent. Acheter une maison, un appartement, en vendre, est souvent un chamboulement où le rationnel a rarement sa place."

Toujours armé d'un sens du gag imparable, qui fait notamment mouche lorsque les dialogues tournent autour d'une histoire de train, Bruno Podalydès convoque de nouveau sa famille de cinéma : son frère Denis bien sûr, présent dans tous ses longs métrages, Isabelle Candelier, Patrick Ligardes, Agnès Jaoui, Sabine Azéma... Et leur adjoint des nouveaux venus (Eddy Mitchell, Roschdy Zem...) qui se fondent parfaitement dans son univers.

Un monde cinématographique qui repose beaucoup sur l'observation de notre monde et les petits travers de chacun, mais sans cynisme. La bienveillance et la tendresse sont souvent de mise et c'est aussi de là que naît la poésie. Et place le cinéma de Bruno Podalydès à part, à la fois contemporain et hors du temps.

Mais où l'enchantement finit toujours par surgir, même dans un opus volontairement plus mineur et libre, réalisé dans l'urgence pour compenser le report d'un autre projet sur lequel il travaillait.

publié le 7 juin, Maximilien Pierrette, Allociné

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