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Vous pensez encore que les années 80 se résument à Retour vers le futur et Piège de cristal ? Ces 3 films vous feront changer d'avis !

L'Histoire du cinéma est constellée d'exemples de films qui sont complètement passés sous le radar, pour diverses raisons. Des oeuvres parfois devenues rares, peu ou jamais diffusées à la télévision. Mais qui méritent pourtant d'être découvertes.

L'Histoire du cinéma est constellée d'exemples de films qui sont complètement passés sous le radar, pour diverses raisons. Des oeuvres parfois devenues rares, peu ou jamais diffusées à la télévision. Mais qui méritent pourtant d'être découvertes.

Encore que cela relève là aussi parfois du véritable parcours du combattant... Voici trois exemples de formidables films, qui ont d'ailleurs pour point commun de tous avoir été réalisés dans les années 80.

Walker (1987)

Cinéaste britannique culte de l'underground, Alex Cox a connu son heure de gloire dans les années 1980. Si sa carrière s'est depuis pas mal éclipsée et qu'il est désormais passé de mode, il nous avait livré quelques furieuses pépites. Comme Sid & Nancy en 1986; sans doute son plus fameux film.

Un biopic dans lequel Gary Oldman incarnait Sid Vicious, membre du groupe de punk rock légendaire Les Sex Pistols. Tout à la fois touchant et provoquant, le comédien incarnait à la perfection le second bassiste éphémère du groupe musical, emporté par son comportement auto destructeur.

Si on adore son tout aussi culte Repo Man et sa bande originale absolument démente, c'est du film Walker dont on va vous parler, tout aussi largement méconnue.

Sorti en 1987, basé sur un solide script signé par le grand Rudy Wurlitzer, à qui l'on doit notamment la merveilleuse histoire du Pat Garrett et Billy The Kid de Sam Peckinpah, Walker évoque l'histoire authentique de cet américain qui s'empara du pouvoir avec son groupe de mercenaires, en faisant un coup d'état au Nicaragua, à la fin du XIXe siècle.

A quoi cela ressemble ? La bande-annonce, ci-dessous..

Tourné avec le soutien des révolutionnaires sandinistes au Nicaragua à l'époque, Walker est plein d'étranges anachronismes totalement assumés par le cinéaste, pensés comme un féroce écho à la situation politique que traversait le pays dans les années 1980, avec l'interventionnisme de l'Amérique reaganienne dans les pays d'Amérique Centrale et du Sud.

Porté par un magnifique Ed Harris dans le rôle-titre, un des meilleurs rôles de sa carrière d'ailleurs, et une BO signée Joe Strummer, Walker est vraiment un film à découvrir si vous ne l'avez jamais vu. Le très gros échec du film a d'ailleurs durablement plombé la carrière d'Alex Cox.

Le cinéaste a souvent attribué à sa vision radicale des questions latino-américaines comme étant la principale raison pour laquelle il est devenu persona non grata à Hollywood. Il faut dire que les images du générique de fin - un montage présentant des images d'actualité du président Reagan et des cadavres de personnes tuées par les Contras - n'ont certainement pas arrangé son cas...

Star 80 (1983)

Le film retrace le tragique destin de Dorothy Stratten. Dorothy travaille dans un bar. Un jour, Paul Snider, un souteneur, lui propose de poser pour le magazine Playboy et de participer au concours de la Playmate.

Elle remporte le concours et pose pour des photos de plus en plus osées, avant de décrocher quelques rôles au cinéma et à la TV. C'est le début de la célébrité... Elle épouse Paul qui se révèle violent. Elle a une aventure avec un cinéaste et veut divorcer, mais Paul la menace...

Amour, gloire (éphémère) et beauté. Et mort(s) à l'arrivée. Dans la (malheureusement trop courte) filmographie du grand Bob Fosse, qui n'a hélas signé qu'une poignée de films mais ô combien mémorables comme son Cabaret multi oscarisé ou le fabuleux Lenny avec Dustin Hoffman, il est urgent de découvrir cette pépite que constitue Star 80, ultime film de son réalisateur, décédé d'une crise cardiaque en pleine rue à l'âge de 60 ans.

En voici la bande-annonce..

Porté par un impeccable Eric Roberts qui trouve ici un de ses meilleurs rôles dans une carrière finalement pas vraiment à la hauteur de son talent, et aussi par une lumineuse Mariel Hemingway (petite fille de Ernest Hemingway), le film revient sur l'histoire de Dorothy Stratten, assassinée à 20 ans en 1980 par un mari jaloux qui retournera son arme contre lui... après avoir abusé du cadavre de son ex compagne.

C'est avec Peter Bogdanovich que Stratten eut une liaison. Ce dernier fut tellement dévasté par sa mort que non seulement il écrivit un livre quatre ans plus tard revenant sur ces tragiques événements ("The Killing of The Unicorn"), mais il se maria en outre en 1988 avec la soeur de Dorothy Stratten, Louise (dont il divorça en 2001).

En fait, Star 80 est tellement rare qu'il n'a jamais eu les honneurs d'une édition en DVD dans nos contrées, pas plus qu'un Blu-ray, contrairement aux autres oeuvres infiniment plus connues de Bob Fosse. Une cruelle injustice, qu'un éditeur vidéo assez charitable pourrait réparer s'il se penchait sur la question.

Le Diable en boîte (1981)

Du cinéaste Richard Rush, dont le nom ne parlera pas vraiment à grand monde, on se souvient avant tout de son embarrassant nanard Color of Night, thriller érotico-psychologique sorti en 1994 qui tentait de surfer bien maladroitement sur le succès de Basic Instinct sorti deux ans plus tôt.

Porté par Bruce Willis et la comédienne Jane March, qui fut révélée par son rôle dans L'Amant de Jean-Jacques Annaud, le film fut un désastre artistico-financier, qui a d'ailleurs totalement plombé la carrière de la comédienne, incapable de se remettre de cet échec.

Il serait bien injuste de réduire Richard Rush à ce crash artistique. Le cinéaste, décédé en 2021, fut l'artisan d'un formidable film sorti en 1981 : Le Diable en boîte. Un film aussi rare que précieux d'ailleurs. Vénéré à juste titre chez les cinéphiles, il n'a, à notre connaissance, jamais été diffusé à la TV, ni édité en DVD. Et encore moins en Blu-ray; sauf à se tourner vers l'import du côté des Etats-Unis...

Le Diable en boîte, c'est l'histoire de Cameron (Steve Railsback), un vétéran du Viêtnam, activement recherché par la police. Trouvant refuge sur le plateau de tournage d'un réalisateur, Eli Cross, il devient, avec la complicité de ce dernier, son cascadeur au sein de son équipe de tournage. Eli lui fait prendre de plus en plus de risques dans les scènes d'action. Tellement en fait, que Cameron est désormais persuadé que celui-ci veut filmer sa mort...

En voici la bande-annonce..

Sous les traits d'Eli Cross se trouve Peter O'toole, dont la composition est d'autant plus méritoire que l'acteur était bien plus au creux de la vague au début des années 80, entre son addiction à la drogue et à l'alcool, que sur les sommets des dunes de sable de sa période Lawrence d'Arabie... Ironiquement d'ailleurs, il fonda l'interprétation de son personnage en s'inspirant de la relation qu'il avait eu avec David Lean sur le tournage de Lawrence d'Arabie.

La gestation du film fut une grande douleur. Entre la naissance de son concept et sa sortie, il aura fallu dix ans à Richard Rush pour accoucher son oeuvre, qu'il avait d'ailleurs initialement refusé. Et deux crises cardiaque durant cette période. Rien que son financement pris sept années. Il écrivit son script en 1970, et ne débuta le tournage qu'en 1977, pour achever sa post-production en 1979.

Mais il n'était pas au bout de son malheur. Le film a connu d'énormes problèmes de distribution, censée être faite par la 20th Century Fox. Le film n'est sorti que dans onze salles aux Etats-Unis... Il a même eu du mal à être projeté aux membres de l'Académie des Oscars, car le seul cinéma qui le projetait était constamment fermé en raison de pépins techniques. C'est dire si le sort s'est acharné sur lui.

Le Diable en boîte fut pourtant cité trois fois à l'Oscar : Meilleur réalisateur pour Richard Rush, Meilleur acteur pour Peter O'Toole, et Meilleur scénario adapté. Sans compter ses six nominations aux Golden Globes, où il remportera quand même le prix de la meilleure musique, composée par Dominic Frontiere.

Avec d'aussi gros problèmes de distribution, pas seulement aux Etats-Unis, le film est sorti laminé au Box Office international, avec à peine plus de 7 millions $ de recettes. L'échec fut si dévastateur pour Richard Rush qu'il ne reviendra à la réalisation que 14 ans plus tard... Avec Color of Night, évoqué plus haut. C'est quand même bien malheureux.

Là encore, on lance un appel de détresse à l'âme charitable d'un éditeur vidéo qui voudrait bien se pencher sur le berceau de cette oeuvre un peu maudite et très injustement maltraitée.

publié le 24 mars, Olivier Pallaruelo, Allociné

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