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Virginie Efira, Noémie Merlant et la revanche des réalisatrices oubliées des César 2023

Malgré leur absence au sein des nominations de la meilleure réalisation, les réalisatrices françaises ont été saluées à plusieurs reprises, et ont remporté toutes les récompenses possibles côté courts métrages, animation et premier film aux César.

Absente des nominations, mais plus présentes que jamais... Dans les discours, et du côté des César récompensant les premières fois et la nouvelle génération, elles étaient là, bel et bien là. Elles, ce sont les réalisatrices.

Leur absence totale des nominations dans la catégorie meilleure réalisation - une première depuis 2014 ! - avait été, souvenez-vous, vivement commentée dès l'annonce des nominations.

Alors que l'année 2022 a été à plusieurs égards exceptionnelle pour les réalisatrices françaises (des récompenses internationales, des succès public, une vive diversité de genres de films...), cette absence avait de quoi surprendre.

Plusieurs moments forts de la 48e cérémonie des César ont permis de rétablir, en quelque sorte, la balance. A commencer par Alice Diop, lauréate du meilleur premier film avec Saint Omer, 5 ans après un premier César du court métrage pour Vers la tendresse.

Au moment de recevoir son prix, la cinéaste, déjà primée à Venise avec le film Saint Omer, a livré un discours puissant : "Je voulais juste dire que je suis fière d'appartenir à une nouvelle génération de cinéastes françaises. Cette année j'ai vu des films extraordinaires qui m'ont fait réfléchir aux possibilités du cinéma et je voudrais citer ici des films qui m'ont complètement inspirée : des films de Claire Denis, le film de Rebecca Zlotowski, le film de Mia Hansen-Love, le film d'Alice Winocour, le film de Céline Devaux, de Blandine Lenoir... Merci. On ne sera ni de passage, ni un effet de mode. On est appelées à se renouveler année après année, à s'agrandir. Merci à vous les filles. Merci d'être là".

Deux actrices renommées, et récompensées hier soir, ont également eu l'élégance de rendre hommage à ces cinéastes. Virginie Efira et Noémie Merlant ont tenu à leur adresser un mot.

"Je vais étendre ce César aux autres réalisatrices, à Rebecca Zlotowski, a exprimé Virginie Efira, sur la scène de L'Olympia. Merci pour Les Enfants des autres. Merci pour ce personnage et ce tournage merveilleux. Merci Anne (Fontaine), Catherine (Corsini), Marion(Vernoux), Emmanuelle (Cuau). Merci Justine Triet avec qui tout commence, et tout s'ouvre pour moi. (...) Merci beaucoup, ça me fait infiniment plaisir."

Auparavant, Noémie Merlant, César du meilleur second rôle pour L'Innocent de Louis Garrel, avait, elle aussi, eu une pensée pour toutes ces cinéastes qui ont compté dans son parcours : "Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour Marie-Castille (Mention Schaar), pour toi Jacques (Audiard), pour toi Céline (Sciamma), et enfin surtout Louis (Garrel). (...) Je pense à toutes les réalisatrices qui auraient dû être célébrées ce soir. Elles me manquent".

Dans la foulée de la cérémonie, face à la presse, Virginie Efira et Noémie Merlant ont commenté ce choix d'avoir une pensée forte pour ces femmes.

Outre les discours, signalons que cinq réalisatrices ont été distinguées, dans des catégories autres que celles du meilleur film de fiction.

Les réalisatrices de courts métrages ont réalisé un carton plein avec trois César remportés sur les trois possibles : le court métrage de fiction pour Partir un jour d'Amélie Bonnin, le court métrage documentaire pour Maria Schneider, 1983 d'Elisabeth Subrin, et le court métrage d'animation, pour La vie sexuelle de Mamie d'Urska Djukic et Emilie Pigeard.

Toutes incarnent un renouvellement et comme le formule la réalisatrice Emilie Pigeard à notre micro, "la puissance du cinéma d'animation". Notons également que le meilleure long métrage d'animation a été décerné à une réalisatrice, Michaela Pavlatova pour Ma Famille Afghane. Toujours à notre micro, Alice Diop a également commenté ce rééquilibrage.

"Ce qui prouve que quand on pointe du doigt les mécanismes inconscients, parce qu'il s'agit beaucoup de ça, de résistance finalement, y compris chez les femmes. On a quand même grandi dans une société extrêmement patriarcale. (...) Il y a vraiment un travail de conscientisation de ces mécanismes de résistante très forte, et une façon de déconstruire un certain nombre d'imaginaires, parce que je ne peux pas imaginer que dans toute l'année cinématographique, il n'y ait aucune femme qui pouvait prétendre à la nomination de meilleure réalisatrice. Ça, je ne peux pas du tout l'imaginer. Donc sans doute que dans le choix du vote final, il y a eu cette prise de conscience, cette volonté."

Retrouvez le palmarès complet et le résumé de la 48e cérémonie des César en suivant ce lien. L'intégralité de la cérémonie est disponible en replay sur myCANAL, ainsi qu'un montage centré sur les temps forts.

Pour mémoire, La Nuit du 12 de Dominik Moll est le grand vainqueur de la soirée avec 6 statuettes remportées, dont meilleur film et meilleure réalisation.

publié le 25 février, Brigitte Baronnet, Allociné

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