En salles depuis mercredi, "Une vie" revient sur le parcours d'un héros qui sauva 669 enfants durant la Seconde Guerre mondiale. Un rôle interprété à deux âges différents par Anthony Hopkins et Johnny Flynn. Retour sur le parcours de ce dernier.

Avec son premier long-métrage, James Hawes met en lumière un héros méconnu du grand public et porte à l'écran pour la première fois l'histoire de Nicholas Winton. Ce courtier londonien a organisé en 1939 la fuite vers Londres d'enfants tchécoslovaques, pour la plupart juifs, qui devaient être conduits vers des camps de concentration.

Un sauvetage d'autant plus fort que Winton n'en a rien dit pendant près de cinquante ans. C'est finalement lors d'une émission de la BBC en 1988 que son héroïsme sera dévoilé et salué.

Dans la peau de celui que l'on surnomme "le Schindler britannique", deux comédiens se succèdent à l'écran : Anthony Hopkins, qu'on ne présente plus, et Johnny Flynn, qui campe la version jeune de Winton dans les années 1930.

Plusieurs cordes à son acte

Né à Johannesburg en Afrique du Sud, Johnny Flynn est le fils du comédien et chanteur britannique Eric Flynn. Passionné de musique, il obtient une bourse d'études pour se former à la musique à la Pilgrims School de Winchester. Il y apprend à jouer du violon et de la trompette. Plus tard, il apprend la guitare en autodidacte et obtient une deuxième bourse d'études musicales, cette fois à la Bedales School, un établissement public situé dans le village de Steep. Il finit par se former à la comédie à la Webber Douglas Academy of Dramatic Art.

C'est en 2005 qu'il fait ses débuts à l'écran (sous le pseudonyme de Joe Flynn) avec un petit rôle dans la série policière anglaise Ash & Scribbs. L'année suivante, il tient le premier rôle du film d'aventure fantastique La grande croisade, où il est un jeune homme projeté en 1212 grâce à une machine à remonter le temps.

Il se consacre ensuite à la musique en sortant avec son groupe de folk rock, Johnny Flynn & The Sussex Wit, dont il est le chanteur et l'auteur, deux premiers albums, A Larum (2008) et Been Listening (2010). Sur ce dernier figure un duo avec Laura Marling, The Water, utilisé par Mia Hansen-Løve dans son film Un amour de jeunesse.

La révélation Lovesick

En 2011, il revient à la comédie, cette fois sous son vrai nom, avec le drame Lotus Eaters, puis dans la romance musicale Song One (2014) avec Anne Hathaway. La même année, il est dirigé par Olivier Assayas dans Sils Maria, et se fait connaître du grand public avec la série Lovesick diffusée sur Netflix. Durant trois saisons, il joue un jeune homme contraint de revoir toutes ses ex-petites amies pour leur annoncer qu'il a la Chlamydia, une maladie sexuellement transmissible.

En parallèle de Lovesick, il ne chôme pas et apparaît dans plusieurs séries anglaises (Detectorists, Brotherhood, The Nightmare Worlds of H.G. Wells, Inside No. 9), ainsi que dans le thriller psychologique Jersey Affair (2017), où il est un homme mystérieux soupçonné de meurtres, mais dont le charme fait succomber Jessie Buckley.

Dans la peau de David Bowie

Tout en poursuivant sa carrière musicale avec son groupe, il continue de se partager entre le grand et le petit écran. Il joue dans des adaptations de classiques de la littérature (les mini-séries Les Misérables et La foire aux vanités, et Emma. (2020), d'après Jane Austen), et incarne plusieurs figures historiques. Il interprète tour à tour Albert Einstein dans la série Genius, David Bowie dans le biopic Stardust, Ian Fleming dans le film d'espionnage La Ruse.

Un héros méconnu

Avec le rôle de Nicholas Winton dans Une vie, il ajoute un nouveau nom à cette liste : "C'est rare de lire un scénario dont les thèmes sont toujours aussi actuels. Il aborde des enjeux auxquels chaque génération doit faire face. On oublie de plus en plus les valeurs humanistes que Nicky incarnait".

L'équipe a d'abord tourné les scènes d'Anthony Hopkins, afin de laisser Flynn s'imprégner de ses gestes, de sa démarche et de son rythme. Ainsi, il s'est rendu sur le plateau lorsque Hopkins tournait au Royaume-Uni.

Pour le comédien, Une vie "n'est pas un film de guerre, c'est une histoire qui parle de gens qui ont existé, une histoire profondément humaine. Elle ne parle pas de soldats, mais de gens touchés par un conflit et de leur manière d'y faire face, d'actes d'héroïsme et de sacrifice, modestes ou majeurs. Le film parle de la manière dont les gens s'entraident, malgré ces circonstances tragiques."

On retrouvera Johnny Flynn le 4 avril prochain dans la série Ripley sur Netflix, d'après les romans de Patricia Highsmith, déjà adaptés au cinéma avec Plein soleil et Le Talentueux M. Ripley.