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The Whale : ce drame avec un Brendan Fraser méconnaissable est-il tiré d'une histoire vraie ?

Ovationné à Venise et en lice pour trois Oscars (dont celui du Meilleur Acteur pour Brendan Fraser et des Meilleurs Maquillages), "The Whale" sort enfin dans nos salles. Et ce drame signé Darren Aronofsky ne laissera personne indifférent.

ÇA PARLE DE QUOI ?

Charlie, professeur d'anglais reclus chez lui, tente de renouer avec sa fille adolescente pour une ultime chance de rédemption.

WHALE DONE

La dernière fois que nous avions eu des nouvelles de Darren Aronofsky, le réalisateur de Requiem for a Dream revisitait la Bible entre les quatre murs de la maison habitée par Jennifer Lawrence et Javier Bardem, le temps d'une allégorie folle qui divise encore le public. Six ans après Mother !, il joue encore la carte du huis-clos (à quelques plans près) mais moins celle de la métaphore.

On retrouve certes quelques-uns des thèmes récurrents de l'œuvre du cinéaste (dont la foi, la croyance et le pardon, qui se manifestent notamment dans un final aux accents mystiques), mais The Whale est plus ancré dans le réel et se rapproche davantage, jusque dans ses initiales et son titre en deux mots, de The Wrestler que des films qui ont suivi, où le fantastique était plus présent, même à différents degrés.

Comme dans le film porté par Mickey Rourke en 2009, celui-ci met en scène un père qui cherche à renouer avec sa fille. Mais ce que le synopsis officiel un peu plus haut ne dit pas, c'est que le personnage principal, un professeur d'anglais reclus chez lui, souffre d'une obésité sévère. Là où la caméra de Mother ! virevoltait d'une pièce à l'autre, avec des mouvement s'accordant parfois avec le chaos qui régnait à l'écran, celle de The Whale est plus statique. Un dispostif hérité de la pièce de théâtre dont le film s'inspire.

Écrite par Samuel D. Hunter, qui en a signé l'adaptation cinématographique, et jouée pour la première fois en 2012, celle-ci met le spectateur face à un comédien assis sur un canapé de bout-en-bout. Un parti-pris exigeant qui n'a pas empêché son succès, et a séduit Darren Aronofsky : "J'ai été profondément touché par les idées abordées, et par la façon avec laquelle le récit trouve toujours de la beauté dans des choses que nos préjugés rendent a priori inhumaines", explique le metteur en scène.

"J'ai été touché, j'ai ri et je me suis senti porté par le courage et la grâce de chaque personnage. J'y ai retrouvé cette problématique que j'aborde souvent dans mes films : comment placer le spectateur à l'intérieur d'un personnage qu'il n'aurait jamais pu imaginer être ?" Un aspect qui inscrit un peu plus The Whale dans sa filmographie, sans lui faire perdre de l'essence autobiographique qu'il contient.

Avant d'être le sujet d'un film de Darren Aronofsky, The Whale est en effet une pièce dans laquelle Samuel D. Hunter a mis beaucoup de lui-même. Il ne s'agit pas, pour autant, d'un récit autobiographique à proprement parler, mais l'auteur s'est inspiré de sa propre sexualité ou de l'obésité dont il souffrait à l'adolescence pour donner naissance à Charlie. Une période sombre dans laquelle il a dû se replonger avec le scénario, son tout premier, tout en précisant que l'ambiance parfois morbide du récit se base sur son vécu avant tout.

"Je connais beaucoup de gens qui sont gros, heureux et en bonne santé, mais ce n'était pas mon cas", raconte-t-il. "Je fréquentais une école chrétienne fondamentaliste à l'époque où ma sexualité s'est révélée à moi et cela a engendré une relation malsaine avec la nourriture. Charlie souffre d'une insuffisance cardiaque due à son obésité, mais il est surtout en train de mourir d'un chagrin qu'il n'a jamais eu le courage d'affronter." En résulte un film qui, comme souvent avec le cinéaste, ne laissera pas indifférent.

Mais qui met tout le monde d'accord grâce à son interprète Brendan Fraser. Affublé d'un costume pesant cinquante kilos pour le transformer, l'acteur est méconnaissable dans ce rôle qui pourrait lui valoir un Oscar et ajouter une page supplémentaire à l'histoire de son come-back hollywoodien. L'émotion que dégagent le film et son personnage passent beaucoup par son regard et sa voix, et il vous sera bien difficile de ne pas être touché en plein cœur par sa performance.

publié le 8 mars, Maximilien Pierrette, Allociné

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