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The Idol avec Lily-Rose Depp sulfureux ? La nouvelle série du créateur d'Euphoria est-elle à la hauteur ?

AlloCiné a vu les premiers épisodes de la série "The Idol", diffusés en avant-première au Festival de Cannes. Signée entre autres du créateur d'"Euphoria" et portée par Lily-Rose Depp, que vaut cette série sur le côté sombre de l'industrie musicale ?

C'était l'un des événements très attendus de ce 23 mai au Festival de Cannes : la présentation de The Idol, la nouvelle série réalisée par le créateur d'Euphoria, Sam Levinson. La série est cocréée par Levinson, Abel Tesfaye alias The Weeknd et Reza Fahim. Un montage "long métrage" d'1h46 a été présenté aux festivaliers, qui représente peut-être le pilote ou les deux premiers épisodes de la série.

Un parfum de polémique entourait cette première diffusion de la série, car plusieurs médias ont fait état de divergences créatives sur le tournage (qui ont conduit au départ de la réalisatrice initiale du projet) et d'un Sam Levinson proposant au scénario des scènes jugées problématiques. Qu'en est-il vraiment ?

Lors de la conférence de presse cannoise, Levinson a été clair sur cette polémique lancée par Rolling Stone : "On sait qu'on a fait une série provocante. Les choses sont curieuses... Cela m'a semblé parfaitement étranger. Je sais ce que je suis. (...) Chacun est libre d'écrire ce qu'il souhaite. Si j'ai une légère objection, c'est que je crois qu'ils ont intentionnellement omis tout ce qui n'allait pas dans leur sens. Mais nous avons déjà vu cela arriver récemment, pas vrai ?"

Popstar brisée

L'histoire est celle de Jocelyn, popstar un peu paumée ayant récemment perdu sa mère et dont le nouvel album va bientôt sortir. Sortant petit à petit d'une passe très difficile, beaucoup d'enjeux financiers reposent sur ses épaules et elle n'est pas vraiment en état de les assumer. C'est à ce moment que surgit dans sa vie un certain Tedros, sorte d'étrange gourou qui va la placer sous son emprise.

Le personnage de Tedros est clairement montré comme un prédateur. La musique qui accompagne son arrivée chez Jocelyn (Lily-Rose Depp) est digne de celle d'un film d'horreur et il est vêtu comme une sorte de Dracula New Age. On constate très vite que tout est calculé chez lui et qu'il a de mauvaises intentions en approchant la chanteuse, elle-même vulnérable et touchée par une sévère dépression.

Deux visions s'affrontent

On a le sentiment que deux séries s'affrontent au sein de The Idol. La première, féministe, cherche à montrer comment l'entourage des stars peut s'avérer étouffant, les ravages que peut causer la célébrité sur une personne fragilisée, la responsabilité écrasante placée sur la star (des dizaines d'emplois dépendent d'elle) et le stress terrible que cela peut générer... et la seconde, qui peut être jugée plus problématique.

Par exemple, la série s'ouvre sur un photoshoot de Jocelyn au cours duquel, de façon spontanée, elle souhaite montrer ses seins. Cela n'avait pas été validé par le coordinateur d'intimité présent sur le plateau, qui demande que le shoot soit décalé de 48 heures, délai nécessaire à ce que les règles soient respectées et que le contrat de la chanteuse contienne noir sur blanc qu'elle a donné son accord pour exposer son corps.

Commence alors une séquence dans laquelle le coordinateur est moqué, l'intérêt de son travail dénigré et se retrouve enfermé dans les toilettes pour que le photoshoot puisse reprendre. Une dénonciation du surplus administratif causé par ce métier apparu suite à #MeToo ou une façon de dire que ce métier est inutile ? La réponse n'est pas évidente.

On assiste également à une scène en studio, Tedros étouffe à moitié Jocelyn au cours d'un jeu sexuel et une fois qu'elle s'étouffe, lui annonce qu'elle peut désormais chanter "comme quelqu'un qui sait faire l'amour". Suite à cette scène, Jocelyn enregistre un remix de sa prochaine chanson avec un son très sensuel qu'elle n'aurait jamais fait avant, et n'arrive pas à tourner le clip de l'ancienne version. Sous-entendant que Tedros lui a ouvert les yeux avec ses méthodes extrêmes.

Si cela peut être considéré gênant sur le fond, il n'y a pas à proprement parler de scandale autour des scènes sexuelles montrées dans ces deux épisodes. La suite sera peut-être encore plus hardcore ?

Sur la forme, Levinson est bien sûr influencé par les thrillers érotiques post-Basic Instinct (film d'ailleurs cité dans la série), avec des images mystérieuses et ambiguës et un grain "giallo" qui a déjà fait le succès d'Euphoria.

En bref

Des scènes posent-elles questions ? Oui, mais il faudra voir l'intégralité de la série avant de tirer la moindre conclusion. Levinson se renouvelle-t-il ? Non. Retrouve-t-on le style d'Euphoria ? Oui. Faut-il regarder la série pour se faire son avis ? Absolument, et elle est disponible dès le 5 juin sur Prime Video (au sein du Pass Warner).

publié le 23 mai, Corentin Palanchini, Allociné

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