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Roqya au cinéma : Golshifteh Farahani comme vous ne l'avez jamais vue dans un thriller intense

Golshifteh Farahani est à l'affiche du thriller "Roqya" dès ce mercredi 15 mai. Pour son premier long métrage le réalisateur Saïd Belktibia dresse le portrait d'une femme de caractère chassée comme une sorcière.

Un an après avoir combattu auprès de Chris Hemsworth dans Tyler Rake 2 sur Netflix, Golshifteh Farahani revient avec le film français Roqya.

Premier long métrage du cinéaste Saïd Belktibia, le film suit Nour, une mère qui vit de contrebande d'animaux exotiques pour des guérisseurs. Lorsqu'une consultation dérape, elle est accusée de sorcellerie. Pourchassée par les habitants du quartier et séparée de son fils, elle se lance alors dans une course effrénée pour le sauver.

Une chasse aux sorcières moderne

La Roqya est un exorcisme censé chasser les mauvais esprits. Pour son premier film, le réalisateur, passionné de cinéma de genre, a puisé dans sa propre enfance. Il explique dans le dossier de presse : "Orphelin de père, j'ai eu une enfance turbulente. Persuadé que j'étais possédé par un djinn (un démon) ma mère, au lieu de me gronder, m'asseyait sur le canapé du salon et faisait fondre de l'étain au-dessus d'une bassine d'eau en marmonnant des incantations. Je ne le comprenais pas à l'époque mais elle pratiquait de la sorcellerie pour tenter d'éloigner le mal de moi... Avec mon co-scénariste Louis Penicaut, nous sommes très vite partis sur l'idée d'une chasse aux sorcières modernisée."

Dans Roqya, Golshifteh Farahani se retrouve prise en chasse par les hommes de la cité ainsi que par le père de son fils incarné par l'humoriste Jeremy Ferrari dont c'est le premier rôle au cinéma.

Rencontrée pour la promotion du long métrage, la comédienne franco-iranienne nous confie à propos de ce rôle de femme de caractère : "Il y a une histoire de sorcellerie, mais ce n'est pas l'histoire principale du film. Mon personnage est avant tout une femme d'affaires qui cherche à trouver sa place, à survivre et à travailler.

Elle est forte. C'est une tigresse qui n'a pas de limite. Si elle doit tuer pour protéger son fils, elle le fait. C'est une survivante dans un milieu assez patriarcal en banlieue. Elle est mal vue parce qu'elle gagne bien sa vie. Elle a une BMW, elle garde la tête haute. Et ça déplait, de ce fait elle est accusée, non pas de sorcellerie mais d'un meurtre qu'elle n'a pas commis. Elle est injustement lapidée. C'est une course poursuite permanente pour sa survie et celle de son fils.

C'est une pirate Ce n'est pas un personnage qu'on a l'habitude de voir. Elle n'est pas toute noire ou toute blanche, elle est entre les deux. Son comportement est inqualifiable, mais on l'aime. C'est une pirate. Ce n'est pas une sorcière mais on l'a chasse comme si elle en était une. Un peu comme j'ai été chassée de mon pays d'ailleurs."

Le film parle en effet du regard des hommes sur la réussite des femmes et sur les choix de celles-ci. Pour la comédienne, Roqya est un film féministe. Nour est une femme forte qui fait ce qu'elle veut et se moque du regard des autres et surtout de celui de son ex-mari. La seule chose qui compte à ses yeux est son fils et elle va tout faire pour le sauver.

Un parallèle entre Nour et Golshifteh Farahani

Un rôle fort pour cette comédienne qui a dû fuir l'Iran après avoir tourné dans le film de Ridley Scott Mensonges d'Etat en 2008. Lors de notre entretien, la comédienne nous explique d'ailleurs que comme son personnage de Nour dans Roqya, elle a été forcée de fuir pour survivre. Un exil que la jeune femme de regrette pas et grâce auquel elle s'est réinventée.

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"Quand j'ai tourné le film Mensonges d'Etat de Ridley Scott, le gouvernement iranien m'a accusé de faire de l'espionnage pour le CIA. Ils pensaient que la CIA avait demandé à Ridley Scott de m'engager. Selon eux, l'attention que le personnage de Leonardo DiCaprio porte sur mon personnage est une métaphore de l'attention que les États-Unis portent sur l'Iran. Moi, je disais: Ce n'est pas du tout ça, ce n'est pas l'histoire du film. J'étais fière de ce film et je suis rentrée en Iran où j'ai été interrogée pendant de longs mois.

Il y a un malentendu selon lequel j'ai été bannie d'Iran après avoir enlevé mon voile. Mais non, en fait c'est parce que j'ai tourné dans un film américain, c'était ça le vrai problème. Quand j'ai quitté l'Iran, je l'ai quitté pour de bon, je savais que je ne pourrais pas y retourner car ils voulaient me condamner à quelque chose à cause de la sortie du film.

Au final, cet exil, est peut-être le plus grand cadeau de ma vie, même si c'est un vrai déchirement pour mon âme. Au final, cet exil, est peut-être le plus grand cadeau de ma vie, même si c'est un vrai déchirement pour mon âme. L'exil, c'est comme perdre un bras, mais même sans bras on peut devenir un champion paralympique. Je n'ai pas arrêté ma carrière, je n'ai pas arrêté de vivre. On essaye, on devient autre chose. Notre handicap devient notre pouvoir. Même si je retourne en Iran, je ne guérirai jamais parce que l'Iran, en moi, est perdu pour toujours. Ce film a divisé ma vie en deux, mais je ne regrette pas."

Un rôle écrit pour Golshifteh

Et le réalisateur de Roqya, Saïd Belktibia avait d'ailleurs ce parallèle en tête quand il a écrit le film. Ce dernier explique d'ailleurs avoir écrit le rôle de Nour en pensant à elle. "Ce qui m'importe, ce sont les valeurs des gens, ce dont ils pourront me nourrir. Au-delà de l'actrice formidable qu'est Golshifteh, c'est une femme avec qui j'avais envie de travailler. J'ai besoin de m'entourer de personnes qui parlent le même langage que moi et avec qui je suis dans le partage. Ça m'aide à affronter le monde.

Au départ, c'était un rêve de travailler avec Golshifteh. Avec mon co-scénariste, nous avons écrit le rôle pour elle : qui de mieux que Golsfhiteh pour incarner l'histoire d'une femme prise pour cible ? Je l'ai rencontrée, elle a lu le scénario et le rêve est devenu réalité. Elle a été un soutien formidable, m'a donné son point de vue sans réserve, et ses idées."

Depuis son exil, Golshifteh Farahani a tourné dans plus d'une quarantaine de films dont les français Poulet aux prunes, Les deux amis, Santa & Cie, la co-production Syngué Sabour - Pierre de Patience et les longs métrages internationaux Exodus: Gods And Kings, Tyler Rake, Pirates des Caraïbes : la Vengeance de Salazar ou encore Paterson.

Roqya est à voir au cinéma dès ce mercredi 15 mai.

publié le 14 mai, Laëtitia Forhan, Allociné

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