Actus cinéma

Robocop sur Arte : le calvaire de Peter Weller sur le tournage

Premier film signé par Verhoeven dans son nouveau pays d'adoption, les Etats-Unis, "Robocop" est une puissante réflexion sur les dérives de l'obsession sécuritaire de l'oncle Sam. Et fut une expérience douloureuse pour son acteur Peter Weller...

Fin du 20e siècle. Bienvenue à Détroit, ville du cauchemar, devenue totalement incontrôlable. Les criminels mettent la ville à feu et à sang. Les dirigeants sont corrompus et la police officiellement incapable d'enrayer la montée de la violence. Il reste une dernière chance : Robocop, flic mi-homme mi-robot créé à partir du corps d'Alex Murphy, policier mort en service...

Sur un scénario coécrit par Edward Neumeier (à qui l'on doit également celui de Starship Troopers), Paul Verhoeven inaugurait bruyamment sa période américaine avec un film d'action ultraviolent. Au point d'ailleurs d'avoir quelques démêlées avec la toute puissante MPAA, l'organisme de classification des films aux Etats-Unis, qui menaça même de le placer sous l'infâmant NC-17; soit une interdiction pure et simple aux mineurs de moins de 17 ans, même accompagnés. Ce qui aurait signé la mort assurée du film au Box Office.

Si Verhoeven livre en apparence un film parfaitement calibré pour le public hollywoodien, c'était évidemment mal connaître celui que l'on surnommait alors "le hollandais violent". Car sous le manteau du divertissement se cache une féroce satire de son pays d'adoption.

Outre la charge parodique contre la société de consommation, le cinéaste esquissait une vraie réflexion sur les dérives de l'obsession sécuritaire, alors en plein essor dans l'Amérique de Ronald Reagan. Des interrogations qui sont d'ailleurs, au regard du contexte socio-politique actuel, plus que jamais d'actualité...

Pour le cinéaste, Robocop était ni plus ni moins qu'un "Jésus américain", comme il l'expliqua dans un passionnant entretien accordé au en mai 2022. "A l'origine, j'avais refusé le script du film, parce que c'était tellement éloigné de ce que j'avais pu faire en Hollande ! Plus tard, sur le plateau, j'ai été énormément aidé par le fait d'avoir un des scénaristes, Ed Neumeier, avec moi en permanence, m'empêchant de faire des bêtises".

Le calvaire de Peter Weller

La production envisagea sérieusement de confier le rôle de Murphy aux épaules XXL d'Arnold Schwarzenegger. "Mais on a pensé qu'il serait trop énorme une fois qu'il aurait mis le costume. Nous avons réalisé qu'il nous fallait quelqu'un de mince, afin de pouvoir créer cette combinaison du robot. Il était important qu'il ait un bon menton, - il devait être vraiment prononcé. Bien sûr, jouer était important, mais je ne peux pas nier que le menton de Peter Weller était l'une des principales raisons pour lesquelles il a obtenu le rôle".

Va pour Peter Weller donc. Qui va vivre un enfer. Le costume de Robocop était si lourd et chaud qu'il a perdu jusqu'à 1,5 kilos par jour en le portant. Un système d'air conditionné dans le costume fut alors installé dans le but de rendre les choses plus supportables pour le comédien.

Par ailleurs, avec un coût compris entre 500 000 et 1 000 000 dollars, le costume était ce qu'il y avait de plus cher dans le film. Lorsque l'équipe de Rob Bottin maquilla le comédien et lui posa pour la première fois son armure, il lui a fallu 11h...

"Lors de son premier jour de tournage avec le costume, Peter est entré au maquillage à 6h du matin et nous espérions tourner vers 9h. Nous avons finalement commencé à tourner à 16 heures car il ne pouvait pas marcher dedans" se souvient Verhoeven. "Au final, nous avons dû arrêter le tournage et travailler avec lui pendant deux jours complets. Il devait essentiellement réapprendre à marcher".

publié le 5 février, Olivier Pallaruelo, Allociné

Liens commerciaux