Actus cinéma

Pourquoi les biopics récoltent-ils autant de nominations aux Oscars ?

Reese Witherspoon et Joaquin Phoenix dans [ITALIC]Walk the Line[/ITALIC]

© Twentieth Century Fox, DR

Chaque début d'année a sa ribambelle de cérémonies de récompenses dont le point culminant est la cérémonie des Oscars, qui se tient généralement fin février ou début mars. Les prestigieuses statuettes sont décernées à ceux que l'Académie désigne comme les meilleurs dans leur domaine et aux films les plus appréciés par les votants. Si tous les genres de films peuvent être représentés, il y a tout de même un genre roi aux Oscars : le biopic. Tous les ans, les films biographiques glanent un grand nombre de nominations, notamment ceux de meilleurs acteurs ou actrices. Essayons de comprendre pourquoi.

Les histoires vraies plaisent à l'Académie

Par définition, le biopic est un film biographique qui suit donc la vie d'une personnalité le plus souvent hors du commun. Être entrainé dans une époque différente auprès d'une personne qui surmonte les épreuves que la vie met sur son passage est une chose qui plaît aux membres de l'Académie of Motion Pictures Arts and Sciences. Les biopics retracent généralement l'ascension d'une personne vers la gloire, parfois suivie d'une descente aux enfers puis d'une rédemption, offrant ainsi aux films des moments poignants et émouvants. C'est par exemple le cas dans Walk the Line de James Mangold, pour lequel Joaquin Phoenix a récolté une nomination à l'Oscar du Meilleur acteur pour son interprétation habitée du légendaire Johnny Cash. Reese Witherspoon, qui jouait sa femme June Carter, a quant à elle remporté l'Oscar de la Meilleur actrice pour son rôle. Les musiciens sont d'ailleurs très souvent sources d'inspiration pour les auteurs : Jamie Foxx fut sacré Meilleur acteur pour avoir incarné à la perfection Ray Charles dans Ray. Les biopics suivent ainsi régulièrement des success-story, comme celle d'Erin Brockovich dans le film qui lui est dédié et qui valut un Oscar à Julia Roberts. Un biopic peut aussi parfois s'assortir d'une morale, comme c'est le cas dans Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese, où Leonardo DiCaprio campe le trader Jordan Belfort qui, après les excès, s'est reconverti en tant que coach.

Des performances d'acteurs souvent impressionnantes

S'ils ne reçoivent pas toujours de nominations à l'Oscar du Meilleur film, les biopics sont par contre surreprésentés dans la catégorie Meilleur acteur. Cette année, sur cinq nommés, quatre interprétaient des personnes ayant réellement existé et c'était déjà le cas en 2015. Cette année-là, Eddie Redmayne remportait la statuette pour son incarnation du grand physicien Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps. La performance était d'autant plus impressionnante qu'elle parvenait à éviter la caricature. La transformation physique est d'ailleurs une des clés pour décrocher une nomination aux Oscars ou en gagner un, Matthew McConaughey fut ainsi récompensé pour son rôle de Ron Woodroof dans Dallas Buyers Club, pour lequel il avait perdu plus de 20 kilos. La même année, Steve Carell était méconnaissable mais parfait en John Eleuthère du Pont dans Foxcatcher, qui lui valut également une nomination. Imiter quelqu'un, se réapproprier sa gestuelle et sa voix, sans tomber dans la caricature est un exercice d'équilibriste auquel beaucoup de comédiens s'essayent et qui se révèle souvent payant. Ces dix dernières années, Colin Firth, Meryl Streep, Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard, Sean Penn,Helen Mirren, Forest Whitaker et Philip Seymour Hoffman ont ainsi tous remporté la statuette du Meilleur acteur ou actrice pour des rôles où ils se sont investis corps et âmes, s'effaçant derrière les personnes historiques qu'ils campaient.

Un certain classicisme dans la forme

Enfin, notons que la plupart des biopics sont réalisés de manière très classique pour laisser toute la place à l'histoire de la personne contée et à la performance de l'acteur. Trop d'effets de style pourraient ainsi détourner les spectateurs de ce qui est jugé important dans ce genre de film. Si la formule du biopic est de plus en plus formatée, elle n'en reste pas moins efficace tant les nominations continuent de pleuvoir pour le genre. Cette année, Danny Boyle a essayé de transfigurer le genre avec son Steve Jobs. Le film est construit en seulement trois séquences, chacune suivant les coulisses du lancement d'un produit Apple. Cette construction originale n'a pourtant pas convaincu l'Académie qui n'a pas offert de nomination au réalisateur ou au film, mais seulement aux acteurs Michael Fassbender et Kate Winslet. En 2007, le film de Todd Haynes I'm Not There, qui retraçait le parcours de Bob Dylan d'une façon encore plus déconcertante (six acteurs se partageaient le rôle en interprétant chacun une facette de l'artiste) ne fut nommé qu'une fois aux Oscars (Cate Blanchett en Meilleure actrice dans un second rôle). Si les biopics sont tant reconnus par les Oscars, ce n'est donc pas tant pour leur forme, mais plus pour leur fond.

publié le 1 mai, Marine de Guilhermier

Liens commerciaux