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On a vu, on a aimé : Carol, la pépite d'émotions de Todd Haynes

Carol

© Wilson Webb / DCM, DR

Après avoir offert le prix d'interprétation féminine à Rooney Mara et conquis les festivaliers en masse sur la Croisette, Carol débarque cette semaine dans nos salles obscures. Treize ans après le bouleversant Loin du Paradis, Todd Haynes replonge dans l'Amérique des années 50 pour nous servir une nouvelle histoire d'amour controversée dans une véritable ode à la liberté. C'est notre coup de coeur de la semaine.

Dans le New York des années 1950, Therese, jeune employée d'un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d'une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d'un mariage peu heureux. À l'étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle.

Adapté du roman précurseur de Patricia Highsmith publié en 1952, Carol est d'abord une sublime histoire d'amour entre deux femmes que tout oppose, qui voient leur morne quotidien complètement chamboulé par la rencontre de l'autre. Dans le rôle titre, Cate Blanchett est éblouissante de grâce et de magnétisme, enveloppant chaque plan de son inégalable aura. Et là où beaucoup auraient sans doute eu l'air de figurantes aux côtés de l'Australienne, Rooney Mara, plus que jamais affutée de son je ne sais quoi d'Audrey Hepburn, parvient sans mal à faire jeu égal avec sa partenaire. L'alchimie entre les deux comédiennes est évidente, et aisément captée par la caméra de Todd Haynes, qui aime à suspendre le temps en préférant les regards lourds de sens de ses personnages aux longs discours.

Le cinéaste s'est par ailleurs une nouvelle fois entouré de son directeur de la photographie fétiche, Edward Lachman, pour offrir à son long-métrage une image soignée et poétique à souhait. On en jurerait presque que le film a réellement été tourné dans les années 50. Les décors et les costumes sont également une des grandes réussites du film, tout comme l'envoûtante musique originale de Carter Burwell, dont chaque note nous déchire le coeur.

Doué d'une sensibilité à fleur de peau, Carol n'en demeure pas moins un film parfois brutal, dans lequel ses protagonistes doivent faire preuve d'une force et d'une volonté de fer pour parvenir à s'affranchir de leur statut de "femme des années 50", dont l'unique destin autorisé semble alors être celui d'épouse entièrement dévouée à son foyer. En refusant ce modèle et en se battant pour leur liberté d'aimer, Carol et Therese deviennent ainsi des héroïnes intemporelles et universelles. En bref, Carol est une merveille d'émotion à ne surtout pas rater. En salles dès ce mercredi.

publié le 13 janvier, Pauline Julien

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