Actus cinéma

Marina Foïs sur le cinéma français : "Je ne crains pas le malaise, il existe"

En couverture du nouveau Vanity Fair, en kiosques mardi 2 septembre 2020, Marina Foïs se livre sur la dernière cérémonie des César, qui s'est déroulée sans la présence de cette grande habituée.

C'est un épisode sombre qui a mis en guerre le cinéma français. Le 28 février dernier, malgré les polémiques visant Roman Polanski et ses douze nominations, la salle Pleyel accueillait la grande soirée de récompenses des César. Marina Foïs n'était pas de la partie, choisissant de visionner cette cérémonie historique depuis chez elle, entourée de Nicolas Ghesquière et Benjamin Biolay : "Je n'y étais pas cette année. Vous n'êtes pas sans savoir que je suis, avec d'autres, à l'origine d'une tribune contre la gouvernance des César (pétition parue dans 'Le Monde', ndlr)... Je n'y étais donc pas la bienvenue." Sans langue de bois, elle a ouvertement poursuivi : "Je ne crains pas le malaise, il existe. C'est le silence que je crains (...) Ne pas entendre ce que provoquent les 12 nominations de 'J'accuse' parmi les victimes, les militantes, ne pas considérer la colère, l'indignation, la douleur, c'est être complètement à côté de la plaque."

À propos de la récompense de Polanski : "Il n'y a pas à se sentir modéré face à ça"

La membre du Collectif 50/50 a tenu à revenir sur cet instant qui a fait chavirer les César. Le départ d'Adèle Haenel et Céline Sciamma à la suite du sacre du cinéaste accusé de plusieurs viols, récompensé du prix de la "meilleure réalisation", a marqué son esprit : "Ce n'est pas pour une statuette qu'elles sont parties. Il faut être fou pour croire ça. C'est au-delà de ça (...) Quand Adèle se lève, c'est une colère physique, une violence inscrite dans le corps des femmes qui ressurgit brutalement. Il n'y a pas à se sentir modéré face à ça ni à commenter: ça ne peut pas être autrement. Quand on a subi ça, on ne peut rester modérée." Celle qui cite Virginie Despentes et le mouvement "Balance ton porc" évoque "un retard du cinéma français sur la société" : "Il y a encore à désapprendre, à déconstruire, mais j'ai espoir que les choses bougent progressivement." En voilà une qui ne regrettera jamais d'être restée chez elle un vendredi soir !

publié le 2 septembre, Elodie Falco

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