Actus cinéma

Lino Ventura raconté par sa fille : un acteur "très tatillon sur ses dialogues"

Lino Ventura sur le tournage de

© MUUS - Lino Ventura sur le tournage de "Adieu poulet" (1975) par Pierre Granier-Deferre., Sipa

Clélia et Léon Ventura, fille et petit-fils du monstre sacré Lino Ventura, ont écrit à quatre mains "Attends-moi mon amour", un ouvrage paru le 14 avril dernier aux Éditions Flammarion. L'ouvrage raconte l'homme, avant qu'il ne devienne le comédien que le monde entier connaît. À l'occasion de cette publication, Le Figaro Magazine est parti à la rencontre de l'écrivaine aux alentours d'Hossegor, vendredi 16 avril 2021.

L'histoire de son père vaut bien plus d'un roman. Sur son père, Clélia Ventura avait déjà écrit "Signé : Lino Ventura", un beau livre à succès sorti en 2007. Quelques années plus tard, le couvert est remis. "Attends-moi mon amour" unit sur le papier les réminiscences de l'intimité d'un colosse, amoureux et bon vivant. En pleine promotion, la cadette de la fratrie évoque ce père "pas souvent là" mais qui "refusait de travailler sur un film le mois de juillet qu'il consacrait à sa famille au Cap-Ferret". Un cinéphile dès sa tendre enfance : "Jeune, il lui arrivait d'aller jusqu'à cinq fois par jour au cinéma. Il adorait James Cagney et Spencer Tracy. Melville lui a dit des années après: 'Ton métier d'acteur, tu l'as appris en allant au cinéma.' Plus tard, il allait tout le temps voir des films, toujours dans la même salle, le Marignan, sur les Champs-Élysées. Il payait sa place à l'avance et entrait par une porte dérobée pour qu'on ne le remarque pas."

"C'était un homme de valeurs. Forcément, cela se voit à l'écran"

Sur le terrain, comprenez devant la caméra, l'acteur des "Tontons Flingueurs" et de "L'Armée des Ombres" était un sourcilleux qui ne laissait pas de place à la médiocrité comme le concède volontiers Clélia Ventura : "Il avait retenu la leçon que lui avait donnée Gabin: 'Notre métier, c'est d'arriver à 7 heures sur le plateau, texte su, tête faite.' Papa n'a jamais quitté un plateau. Lorsqu'il finissait ses scènes, il traînassait avec les machinos, qu'il estimait aussi importants que le réalisateur. Les techniciens l'adoraient. En revanche, il était très tatillon sur ses dialogues et faisait souvent des coupes et des corrections. Les scénaristes redoutaient ses interventions, mais plusieurs réalisateurs et dialoguistes m'ont dit que finalement, tous ses changements étaient justifiés et avaient contribué à améliorer le film."

En bon Italien, Lino Ventura aura été jusqu'au bout fidèle à ses principes. "Je pense que le public comprend que c'était un homme simple. Papa n'était pas mondain, il détestait les cocktails, mais il aimait qu'on respecte les gens (...) Il venait d'un milieu extrêmement modeste, a quasiment grandi dans la rue et a connu la gloire presque par hasard. Encore une fois, c'était un homme de valeurs. Forcément, cela se voit à l'écran. Il ne pouvait jouer que des rôles qui soient en accord avec ses idées, ses convictions. Il n'aurait jamais voulu jouer un salaud. Il fallait que le personnage lui ressemble. Encore une fois, c'est une question de valeurs", a attesté sa progéniture qui a conclu en affirmant avoir pensé à lui tous les jours depuis son décès survenu trente-trois ans auparavant.

publié le 30 avril, Elodie Falco, Jellyfish France

Liens commerciaux