Les Dents de la mer : le mythique requin du film a passé 20 ans de sa vie dans une décharge !
© Universal
Le tournage des Dents de la mer fut un enfer pour Steven Spielberg, notamment en raison des requins mécaniques utilisés pour le film. Trois furent créés et détruits après le tournage. Mais il en existe un quatrième, qui a connu un destin singulier...
Pas facile de conserver les accessoires utilisés lors des tournages. Plus encore s'ils sont d'une époque où les studios n'avaient pas forcément ce souci du patrimoine. Ce fut notamment le cas du mythique parapluie tenu par Mary Poppins, longtemps introuvable. En juin 2021, on a retrouvé, 40 ans après avoir perdu sa trace, la robe de Judy Garland, qu'elle portait dans le Magicien d'Oz.
Un autre exemple, plus ancien cette fois-ci ? La luge utilisée par Orson Welles dans Citizen Kane, baptisée Rosebud : après le film, elle fut donnée en 1942 comme prix lors d'une campagne publicitaire pour le film. Le gagnant fut un jeune garçon de 12 ans...
Et puis il y a des exemples absolument incroyables, comme celui de la mythique maquette de l'Etoile de la mort dans Star Wars, qui passa une partie de son existence post tournage comme...poubelle à canettes chez un particulier, et même de cendrier. Dans ce registre, le destin du célébrissime requin des Dents de la mer est tout aussi étonnant.
"Quand je pense aux dents de la mer, je pense au courage et à la stupidité"
Sorti au beau milieu de la saison estivale en 1975, Les dents de la mer a littéralement tétanisé les spectateurs sur leurs fauteuils, tout en déclenchant un mouvement d'inquiétude dans les stations balnéaires. Spielberg disait avoir eu la sensation sur le tournage de pouvoir mener les futurs spectateurs à coup d'électrochocs. Un pari largement tenu, aidé par une brillante mise en scène, mais surtout épaulé par une extraordinaire bande-son, incroyablement suggestive, qui fait effectivement monter la tension chez le spectateur.
"Quand je pense aux Dents de la mer, je pense au courage et à la stupidité" dira le cinéaste. Le tournage du film fut en effet un enfer, notamment en raison des requins mécaniques créés par Bob Mattey, le créateur de la pieuvre géante dans 20 000 lieues sous les mers, qui avait conçu trois requins animatroniques en polyuréthane.
Appelés "Bruce", ces faux squales mesuraient plus de huit mètres de long et pesaient chacun une tonne et demi. Compte tenu des difficultés de fonctionnement, Steven Spielberg fut contraint de montrer le moins possible l'animal et d'avoir recours à des contre-plongées épousant son point de vue.
Oublié dans une décharge pendant plus de 20 ans
Après le tournage, ces trois requins furent détruits. Il se trouve qu'un quatrième modèle, plus petit et à échelle réduite, a été créé en 1976 en fibre de verre à partir du même moule. Le modèle a été exposé aux studios Universal, en Californie, où il est resté jusqu'en 1990.
Durant cette période, la vague des dents de la mer désormais bien lointaine, ce requin fut vendu à un homme du nom de Sam Adlen, qui était le propriétaire d'une décharge de voitures située à Sun Valley. Le faux squale restera ainsi juché sur un pylône durant 20 ans, soumis aux aléas climatiques. Malgré plusieurs offres pour le racheter, Sam Adlen n'a jamais voulu s'en séparer. Et fut largement oublié.
En 2010, un journaliste pour le site NPR, Cory Turner, a pu remonter la trace de cet accessoire. "C'est une création authentique" commentera Roy Arbogast, un des membres de l'équipe en charge de la création des effets spéciaux sur le film. "C'est agréable de le revoir après 25 ou 30 ans. C'est incroyable qu'il soit toujours là".
Surnommé Junkyard Bruce, il fut finalement donné par le fils du propriétaire de la décharge à l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences, à la mort de ce dernier. Qui décida de le restaurer, après l'avoir laissé un long moment dans un caisson à la température contrôlée, pour l'exposer dans son musée.
publié le 11 janvier, Olivier Pallaruelo, Allociné