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Le meilleur film de monstre des années 2000 n'est pas américain et il ressort au cinéma !

Film marquant sorti en 2006, The Host bénéficie d'une ressortie en version restaurée 4K, l'occasion de (re)découvrir ce chef-d'oeuvre signé Bong Joon-Ho !

Sorti en salles en novembre 2006, The Host est le 3ème long-métrage du cinéaste sud-coréen Bong Joon-Ho. 17 ans plus tard, The Joker Films ressort le film au cinéma dans une sublime version restaurée 4K.

"La qualité est tellement nette que j'avais l'impression que le film date d'il n'y a pas si longtemps", a déclaré le cinéaste, saluant le travail de restauration de The Host lors de sa masterclass au Grand Rex le 26 février.

En 2006, le metteur en scène avait marqué les esprits avec son thriller Memories of Murder. Par conséquent, son nouvel opus était attendu au tournant !

Le récit nous emmène à Séoul, capitale de la Corée du Sud. Gang-du tient un petit snack au bord de la rivière où il vit avec sa famille, dont sa fille adorée Hyun-seo. Un jour, un monstre géant surgit des profondeurs de la rivière et attaque la foule.

Gang-du tente de s'enfuir avec sa fille, mais elle est enlevée brusquement par le monstre, qui disparaît au fond de la rivière. La famille Park décide alors de partir à la recherche de la créature, pour retrouver Hyun-seo.

En 2006, The Host était un très gros budget pour le cinéma coréen. "Toutefois, comparé à un gros film de monstre américain, on avait un budget très très limité, surtout pour les effets spéciaux", se souvient Bong Joon-Ho.

L'artiste a rappelé ensuite que le film a nécessité 115 plans du monstre en images de synthèse, ce qui coûtait très cher. "On comptait le nombre de plans pour essayer de réduire le budget. On a beaucoup réfléchi et fait jouer notre créativité pour pouvoir réduire les frais. On avait une énorme pression là-dessus."

Bong Joon-Ho avait confié la réalisation des effets spéciaux à la société The Orphanage. Créée par des anciens membres d'Industrial Light and Magic (ILM), cette firme a déjà eu l'occasion de se faire remarquer en travaillant sur des succès comme Sin City, Hellboy, Harry Potter et la coupe de feu ou encore Superman Returns.

LA CONCEPTION DE LA CRÉATURE

Par ailleurs, pour donner vie à la créature, les techniciens se sont basés sur une maquette réalisée par la société néo-zélandaise Weta Workshop à qui l'on doit notamment les effets spéciaux de la trilogie du Seigneur des Anneaux et de King Kong. Et fun fact étonnant : Steve Buscemi a été une source d'inspiration pour le monstre !

"Notre référence en être humain était l'acteur Steve Buscemi dans Fargo. À un moment, il reçoit une balle dans la joue et il souffre énormément. Ça l'énerve, il est sur les nerfs, et je voulais ça pour la créature. Je souhaitais qu'elle ait ce genre de caractère", a dévoilé le réalisateur.

Le natif de Séoul s'est également inspiré du film de M. Night Shyamalan, Signes : "La créature est surnaturelle, mais ça se passe de nos jours, dans un endroit qui existe réellement, avec des personnages ordinaires. Je pourrais comparer ça à Signes de M. Night Shyamalan", a-t-il expliqué.

"L'histoire de ce dernier se passe dans des champs de maïs, soit un endroit banal et familier, alors qu'au centre de l'intrigue se trouvent des extraterrestres. L'histoire est décrite d'une façon très réaliste et c'est pareil dans mon film", a-t-il analysé.

UN FILM DE MONSTRE POLITIQUE ET SOCIAL ?

Au-delà d'un film de monstre, The Host possède une dimension politique et sociale indéniable. Thierry Frémaux, animateur de la masterclass avec Bong Joon-Ho au Grand Rex, a remarquer que ce film brassait de nombreux thèmes : "C'est un film de genre, un film grand public, un film d'auteur, un film de monstre, un film de famille, un film sociologique, un film politique."

"Au début, mon idée était juste de faire un film de monstre. Finalement, en réfléchissant aux personnages, je me suis dit qu'il pourrait y avoir des scientifiques, des militaires mais on voyait déjà beaucoup ça dans les autres films du genre", a indiqué Bong Joon-Ho.

Par conséquent, l'artiste décide de prendre le contre-pied de cela "en faisant apparaître un père un peu bêbête et une famille un peu loufoque. Je pensais que ça allait être assez marrant et je me suis concentré sur cette famille."

Finalement, c'est en partant de cette famille que Bong Joon-Ho a commencé à développer la trame de l'histoire avec un monstre, une famille et une satire politique. "Le gouvernement, la société, les institutions n'aident pas ces familles car ce sont des petites gens, des gens qui sont faibles et que le système n'aide pas, il leur met même des bâtons dans les roues", a déploré le metteur en scène.

"La société coréenne va très vite, il y a énormément de choses qui se passent dans ce pays ; je dirais qu'en une semaine, il se passe plus de choses en Corée que ce qui se passe en Islande en 10 ans", a plaisanté le cinéaste.

Après The Host, Bong Joon-Ho réalisera Mother en 2009 avant de partir à Hollywood mettre en scène Snowpiercer et Okja. En 2019, il est de retour en Corée avec Parasite, qui rafle de nombreuses récompenses, dont la Palme d'Or et l'Oscar du Meilleur film.

Le cinéaste sera de retour le 17 mars 2024 avec Mickey 17, nouveau projet SF avec Robert Pattinson. Le récit suivra un individu envoyé coloniser une planète gelée. À chaque fois qu'il meurt, ses souvenirs sont implantés dans un nouveau corps et sa mission reprend. Après être mort à six reprises, Mickey 17 commence à comprendre le but réel de sa mission.

publié le 8 mars, Vincent Formica, Allociné

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