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La star de Divergente et de Nos étoiles contraires est méconnaissable dans ce thriller haletant qui rivalise avec Le silence des agneaux

S'il y a bien un film à épingler en Post-It, c'est celui-ci : Misanthrope. Un thriller glaçant qui rivalise haut la main avec Zodiac et Le silence des agneaux (rien que ça oui) tout en valorisant Shailene Woodley (Divergente, Nos étoiles contraires...) sous les traits d'une héroine forte et déterminée. Ca claque.

Si pour vous Shailene Woodley est surtout l'actrice de la saga Divergente et du hit Nos étoiles contraires, préparez vous à ce twist : dans Misanthrope, haletante traque de tueur en série à découvrir en salles depuis le 26 avril, la star rivalise carrément avec l'iconique Clarice Starling du Silence des agneaux.

Oui, rien que ça : l'un des persos féminins les plus inspirants du cinéma des années 90, et qui, interprétée par une jeune Jodie Foster - Oscarisée - dans le film de Jonathan Demme, tenait aussi bien tête au vénéneux Hannibal Lecter qu'au tueur de femmes Buffalo Bill. Un serial killer, il y en a un, et sévèrement meurtrier avec ça, dans Misanthrope : un psychopathe aux tirs ultra précis qui va semer la panique dans Baltimore et solliciter toute l'attention de la jeune flic Eleanor (Shailene Woodley donc), agente de liaison avec le FBI.

Une héroïne forte, brillante et déterminée, dans un film qui ne ménage absolument personne.

Enfin un digne héritier de Seven ?

Misanthrope, c'est aussi une invitation à replonger du côté de Netflix pour remater les deux saisons trépidantes de la défunte série Mindhunter, la dernière masterclass à nous avoir à ce point happé avec une histoire de "SK". Un show signé David Fincher, nom qui résonne à nos oreilles face à ce film aux deux réfs évidentes : Zodiac et Seven. Au premier, le cinéaste Damián Szifron emprunte ses fameux plans aériens et le caractère totalement obsédant de l'enquête et de la traque. Au second, il emprunte toute sa noirceur.

Car si Misanthrope est moins déprimant que le dernier Dany Boon (pour d'autres raisons), sa capacité à nous flinguer le moral rappelle le mood du chef d'oeuvre crépusculaire réunissant Brad Pitt, Morgan Freeman et Kevin Spacey. C'est un discours absolument désabusé sur l'autorité, la politique et le système qui nous est proposé, mais aussi un état des lieux désespérant de la psychologie humaine, des sociétés modernes et du rapport à l'autre. Le tout saupoudré de traumas divers. Oui, on vous a prévenu que ce n'était pas la comédie de l'année.

Traumas dont fait état Eleanor, jeune meuf dans un monde de vieux mecs sur-diplômés à insignes, marginale qui doit vivre avec un passé qui l'encombre, et va tout miser sur cette enquête - celle de sa vie. Dans ce rôle, l'actrice de Divergente nous épate avec son regard cerné d'insomniaque, signe de vulnérabilité mais aussi de nervosité. Eleanor, c'est un perso de meuf comme on aimerait en voir plus dans les thrillers : fragile mais puissante, submergée par ses failles comme par sa détermination, attachante mais pas dépourvue d'ambivalence.

En gros : humaine avant tout. Hormis dans les séries télés, on n'a pas l'habitude de voir des protagonistes féminines aussi denses dans un genre aussi testostéroné. Il faut dire que pour Shailene Woodley, également productrice du film, le rôle d'Eleanor est une tentative de s'évader un peu plus des hits qui l'ont fait connaître, ces romances ou récits d'aventures hyper inoffensifs à la Hunger Games, en mode littérature young adult, qui cartonnent encore sur les plateformes. Chercher un peu plus de complexité et montrer à tous qu'elle n'est pas "que" la star de trois films. Convaincant ? Le meilleur moyen pour vous de le savoir, c'est encore de foncer en salles.

publié le 2 mai, Clément Arbrun, Purebreak

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