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La réalité virtuelle : technologie star du cinéma de demain ?

Une jeune femme fait l'expérience de la réalité virtuelle

© Abaca

Alors que la 3D semble déjà avoir atteint ses limites, sept ans seulement après l'apogée du procédé grâce au carton mondial d'Avatar, le cinéma cherche désormais à relever de nouveaux défis, en proposant au spectateur une expérience toujours plus immersive. À l'heure où la réalité virtuelle semble s'imposer comme technologie star du cinéma de demain, on peut s'interroger sur la réelle valeur ajoutée d'un tel outil et sur l'évolution que cela implique de la notion même de cinéma.

Une obsession vieille de 120 ans

Depuis la première séance publique organisée par les Frères Lumière le 28 décembre 1895 jusqu'à aujourd'hui, le cinéma a conservé ce souci de plonger son spectateur au coeur d'un univers, fantasmé ou réaliste, via un procédé d'illusion le plus parfait possible. C'est d'ailleurs cette illusion de réel qui a tant fasciné les foules lors de la célèbre Arrivée en gare du train de La Ciotat du premier duo de cinéastes français. Au fil des décennies, diverses technologies ont été utilisées pour accroître toujours davantage cette sensation d'immersion, se cristallisant ces dernières années par l'utilisation à répétition de la 3D, en cours de tournage ou en postproduction. Mais depuis quelque temps, le procédé s'essoufle et semble déjà se préparer à céder sa place à son successeur high-tech : la réalité virtuelle.

Toujours plus loin dans le réel

Le principe est simple : il suffit de s'équiper d'un casque audio et d'un masque pour découvrir une vidéo filmée à 360° et vivre une sensation d'immersion plus réelle que jamais dans un univers que l'on sait pourtant fictif. La technologie a d'ailleurs fait fureur en janvier dernier à Sundance, où les festivaliers se sont vus proposer une série de 30 films en réalité virtuelle. "Nous n'en sommes qu'à un stade embryonnaire - des films de cinq minutes, ce genre de choses - mais vous pouvez voir comment cela va grandir dans l'imagination des gens", déclare John Cooper, le directeur du festival du film indépendant. Jake Rowell, le réalisateur de l'un des films présentés, raconte quant à lui : "En général les gens quittent cette expérience comme s'il s'agissait d'un souvenir vécu, comme s'ils avaient fait une promenade, ou été skier". Une expérience on ne peut plus immersive donc. Et le buzz créé à Sundance est sans doute loin d'être le dernier alors qu'un cinéma éphémère proposant quatre films en réalité virtuelle a ouvert à Paris ce 10 février. Steven Spielberg lui-même a fait part de son intérêt pour le procédé et plancherait actuellement sur un projet entièrement fondé sur cette technologie. Difficile dans ces conditions, de ne pas voir dans la réalité virtuelle l'avenir du cinéma alors même que celui qui a révolutionné les effets spéciaux avec Jurassic Park s'y intéresse.

Vers une autre définition du cinéma ?

La réalité virtuelle pose néanmoins la question d'une réinvention totale de l'expérience spectatorielle. Quel intérêt en effet, de continuer à aller dans une salle de cinéma quand on peut obtenir le même résultat en restant chez soi, confortablement installé dans son canapé ? Certes, on reste encore loin de réussir à tourner un long-métrage de 2h en réalité virtuelle, le procédé n'en étant à l'heure actuelle qu'à ses débuts. Mais on ne doute pas que les petits génies de la technologie parviendront rapidement à surpasser cette difficulté pour faire de cette expérience hors norme une activité presque banale. Pourtant, on peut tout à fait espérer voir cette nouvelle forme de cinéma cohabiter avec l'expérience classique de la découverte d'un film en salle, comme ce fût le cas au moment de la résurgence de la 3D, qui n'a jamais réussi à supplanter complètement la 2D. En 2011, soit deux ans seulement après la sortie d'Avatar, qui a remis le relief au goût du jour, 73% des 11.800 personnes interrogées par Le Film Français jugeaient la 3D "sans intérêt". Et aujourd'hui, on constate finalement que 2D et 3D se partagent l'affiche en toute amitié, laissant au spectateur la possibilité de choisir selon sa préférence. On peut donc envisager la réalité virtuelle comme une troisième expérience de cinéma, que chacun appréciera ou non à l'occasion, sans oublier pour autant le plaisir de se glisser dans une véritable salle de cinéma pour découvrir, en famille ou avec des amis, et au milieu de dizaines d'inconnus, le chef-d'oeuvre de la prochaine génération sur un écran géant.

publié le 14 février, Pauline Julien

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