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L'histoire d'Annette Zelman sur France 2 : "C'est important de pouvoir raconter cette histoire"... Les confidences de Vassili Schneider et Ilona Bachelier

Ce soir, France 2 diffuse L'histoire d'Annette Zelman, un téléfilm adapté du livre de Laurent Joly et retraçant la véritable histoire d'Annette Zelman. Rencontre avec Vassili Schneider et Ilona Bachelier, les interprètes de ces amants maudits.

Ce soir, France 2 diffuse L'Histoire d'Annette Zelman, une fiction adaptée du livre de Laurent Joly qui retrace la véritable histoire d'Annette Zelman, une jeune femme coupable d'être juive et tombée amoureuse d'un français non juif. Un destin tragique mis à l'écran par Philippe Le Guay (L'Homme de la cave) sur un scénario d'Emmanuel Salinger (Je te promets). Rencontre avec Illona Bachelier et Vassili Schneider, les héros de ce téléfilm poignant.

Allociné : Comment êtes-vous arrivés sur ce projet ?

Vassili Schneider : J'ai passé un casting comme sur tous les autres projets en général. Ça s'est fait assez vite puisque Philippe Le Guay, le réalisateur, m'a rappelé une semaine après pour me dire qu'il voulait m'avoir dans le film. Lors du casting, il s'agissait de la scène de la demande en mariage aux Beaux-arts.

Ilona Bachelier : C'est pareil pour moi. J'ai passé un casting avec Constance Demontoy. La scène de casting était celle où Annette et Jean sont tous les deux au camp des Tourelles. C'était un mercredi et Philippe Le Guay m'a ensuite appelé le week-end pour me dire que c'était bon. Ça s'est fait très rapidement aussi.

Qu'est-ce qui a motivé votre envie d'incarner les personnages d'Annette et Jean ?

Vassili Schneider : Ce qui m'a plu déjà, c'est l'époque. J'ai toujours beaucoup aimé les films qui racontent la guerre. Je ne sais pas pourquoi, ça me touche énormément. Peut-être parce que mes grands-parents l'ont vécue. J'ai adoré La Liste de Schindler ou encore Le Pianiste. L'Histoire d'Annette Zelman est totalement différente mais cette époque me touche énormément et j'ai aimé la manière dont mon personnage rompt avec ses parents.

C'est une chose tellement énorme. Moi, je ne m'imagine pas dire à mes parents que je ne suis plus leur fils. Je trouve que la façon dont Jean le fait est bouleversante. Et puis cette joie que Jean et Annette ont pour la vie alors qu'ils vivent une période si sombre, ça m'a aussi particulièrement parlé.

Ilona Bachelier : L'époque. Le fait de pouvoir être dans un autre temps parce que c'est loin de ce qu'on vit en ce moment. Pour autant, ça reste des relations humaines et des choses qui parlent encore aujourd'hui. Mais avant d'être touchée par le personnage, c'est l'histoire qui m'a vraiment émue au départ. La force de ces deux jeunes personnes qui ne veulent pas renoncer à leurs convictions et leurs envies malgré un contexte assez fort m'a également interpelée.

Chez Annette, ce qui m'a beaucoup plu, c'est la relation qu'elle avait avec la famille Zelman. C'est une famille qui s'aime et que j'ai trouvé contemporaine pour l'époque. Ça traverse tous les âges. Sa relation avec ses parents et le fait qu'elle prenne la décision de rester à Paris pour se marier alors qu'elle a conscience de tout ce qu'il se passe est particulièrement fort. Elle replace les choses importantes là où elles doivent être. Elle ne se fait pas écraser par la guerre. J'ai trouvé ça très inspirant.

Vassili Schneider : Il y a aussi une chose terrible. Le personnage de Jean qui se fait trahir par ses parents. Je repense aussi à plusieurs petits détails qui les ont amenés au drame. Ils auraient pu se marier à Limoges mais ils ne le font pas parce qu'ils refusent de subir l'occupation. Et c'est ce qui les a malheureusement menés à la mort. Malgré tout, c'est admirable !

Ilona Bachelier : C'est admirable d'avoir eu cette force.

Comme s'est passée la collaboration entre vous ?

Vassili Schneider : C'était chouette parce que Philippe Le Guay est très humain, très agréable, très doux et très drôle. On était pas du tout tendus sur le tournage. On pouvait être stressés parfois mais ça ne pouvait pas mal se passer parce qu'il est tellement bienveillant. Et nous entre les comédiens ont s'est vachement bien entendus.

Ilona Bachelier : Il y avait une véritable alchimie entre nous mais également avec les autres comédiens.

Vous avez rencontré Michèle Kersz, la sœur d'Annette Zelman, pour les besoins du film. Que pouvez-vous nous dire de cette rencontre ?

Vassili Schneider : C'était très bref. On s'est rencontrés à la cantine du tournage. Elle était de passage. Je lui ai dit que c'était une chance énorme pour moi d'interpréter Jean et que j'étais très ému de la rencontrer. Michèle m'a dit qu'elle était très heureuse que ce soit moi. Finalement, on n'a pas beaucoup parlé de l'histoire. On s'est parlés vraiment trois minutes. Mais le simple fait de la voir, ça m'a fait quelque chose. En plus, elle m'a dit qu'elle avait l'impression d'entendre Jean quand je lui parlais alors que je ne lui ressemble pas du tout. Ça, ça m'a rendu vraiment confiant pour le reste du tournage. Je me suis dit que j'étais sur le bon chemin.

Ilona Bachelier : Je l'ai rencontrée une semaine avant le tournage avec Louise Legendre qui joue la sœur d'Annette. C'était très fort et impressionnant parce qu'on avait déjà commencé à travailler sur nos personnages. Elle s'est d'abord tournée vers Louise en pensant que c'était elle qui jouait Annette. J'étais un petit peu déboussolée et puis finalement en parlant, elle m'a dit assez vite "non mais c'est toi. Tu as le sourire de ma sœur.". Ça m'a énormément touchée parce qu'incarner des personnages qui ont vraiment existé sous le regard d'une personne qui les a connus de manière intime, c'est quand même assez fort. Ensuite, on a pu échanger avec elle. Elle avait cette générosité de vouloir partager des moments de vie pour nous aider.

Aviez-vous déjà entendu parler de l'histoire d'Annette Zelman avant de rejoindre ce projet ?

Vassili Schneider : Pas du tout. C'est une histoire qui n'est vraiment pas très connue. C'est un chapitre dans un livre historique.

Ilona Bachelier : C'est comme ça d'ailleurs que la famille Zelman a appris la dénonciation de leur fille.

Vous disiez lors de la conférence de presse que vous aviez conscience d'incarner des personnes qui ont vraiment existé et qui ont connu un destin tragique. Comment vous êtes-vous préparés pour ces rôles ?

Vassili Schneider : Je n'ai jamais été en colère avec mes parents. Je ne me suis jamais engueulé avec eux. Je ne me suis jamais vraiment engueulé avec qui que ce soit d'ailleurs. Du coup, c'était très dur de trouver cette espèce d'autorité à l'intérieur de moi parce qu'il y a beaucoup de scènes d'engueulades dans le film. Je me suis imaginé toutes sortes de choses. Qu'est-ce qui pourrait faire que je vois mes parents comme des monstres ? Il fallait que j'arrive à comprendre cette chose-là. C'était très difficile.

Ilona Bachelier : J'ai regardé des photos, des documentaires de l'INA pour voir les attitudes des personnes de l'époque. J'ai écouté des musiques aussi. Après, j'ai essayé de comprendre le parcours émotionnel d'Annette. Ce qui était dur, c'était de jouer le moment dans le camp des Tourelles. Je n'ai jamais vécu ça donc il a fallu chercher ce que ça voulait dire d'être enfermée et loin de la personne qu'on aime. Heureusement, pour ça, il y avait les lettres entre Annette et Jean.

A travers cette histoire vous faites perdurer ce couple. Vous sentiez-vous investis d'un devoir de transmission ?

Vassili Schneider : C'est là aussi le sens des films historiques. En tournant, je me disais que le film permettrait ensuite aux gens de mon âge ainsi qu'aux générations d'après de voir ce que cette époque était. Même s'il y a eu beaucoup de films sur la guerre, tous sont différents. Celui-là a la particularité de montrer deux personnes ordinaires qui refusent de subir l'occupation en France et qui deviennent extraordinaires grâce à ça.

Ilona Bachelier : Je suis ravie et très heureuse de voir que ces films parlent aux jeunes comme aux plus âgés. Et puis surtout, la guerre est malheureusement partout aujourd'hui. Ce n'est pas que chez les autres. Je trouve donc qu'il est important de pouvoir raconter cette histoire même si elle est triste. C'est une histoire horrible mais la force des personnages est magnifique.

publié le 25 janvier, Jennifer Radier, Allociné

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