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L'Appel de la forêt sur TF1 : pourquoi le chien est-il en CGI ?

Diffusé ce soir sur TF1, "L'Appel de la forêt" mélange entre prises de vues réelles et images de synthèse. Si le film est porté par Harrison Ford et Omar Sy, son vrai héros est le chien Buck. Un animal garanti 100% digital. Pour quelle raison ?

L'histoire de Buck, un chien au grand coeur, dont la paisible vie domestique bascule lorsqu'il est brusquement arraché à sa maison en Californie et se retrouve enrôlé comme chien de traineau dans les étendues sauvages du Yukon en Alaska, pendant la ruée vers l'or, dans les années 1890. Buck va devoir s'adapter et lutter pour survivre, jusqu'à finalement vivre l'aventure de sa vie et trouver sa véritable place dans le monde en devenant son propre maître...

Ecrit par Jack London et publié en 1903, adapté de très nombreuses fois sur petit comme grand écran, L'Appel de la forêt est un classique absolu de la littérature US. Un appel qui est aussi, logiquement, celui des grands espaces, et de la nature sauvage.

Dans la version mise en scène par Chris Sanders, à qui l'on doit les films d'animation Lilo & Stitch, Dragons et Les Croods, et qui signe ici son premier long en Live Action, c'est surtout l'appel des plateaux de tournages aux décors reconstitués et du fond vert utilisé par les CGI : les animaux du film, notamment le chien Buck, ne sont pas réels.

De quoi ravir l'association de défense des animaux PETA, militante de longue date , et par leur remplacement en images de synthèse. Les vrais animaux, comme Croc-Blanc, Rintintin et autres Saint-Bernard Beethoven sont-ils désormais relégués au rayon des souvenirs poussiéreux ? Pas tout à fait quand même : le film Togo, produit par Disney et diffusé sur sa plateforme en 2020, utilise de vrais chiens.

Si la production du film a fait le choix de créer le chien Buck, qui est le vrai héros du film, intégralement en image de synthèse, ce n'est pas dans une volonté de suivre l'agenda de l'association. Le roman d'aventures de London comporte de nombreuses scènes violentes, en particulier en ce qui concerne les chiens. Le studio a trouvé un moyen d'atténuer la violence et les frayeurs afin de proposer un film familial avant tout. L'usage du CGI a donc été pensé en amont du développement du film.

Un homme et son chien

Pour lui donner vie, Chris Sanders a engagé le producteur d'effets visuels Ryan Stafford et le superviseur des effets visuels Erik Nash, cité à 3 reprises aux Oscars. Au lieu d'utiliser un simple marqueur - habituellement une balle de tennis - et d'ajouter le chien numériquement, Ryan Stafford a suggéré d'embaucher un comédien, de le filmer et de le remplacer par la suite par de l'animation.

Il a alors contacté Terry Notary, qui a commencé sa carrière en tant qu'artiste du Cirque du Soleil et est devenu ensuite l'un des plus grands spécialistes de la gestuelle et de la chorégraphie des mouvements au cinéma. Il a notamment travaillé sur la nouvelle trilogie La Planète des singes et a incarné Oleg dans le film The Square, Palme d'or au Festival de Cannes en 2017. Ce dernier a passé des heures à étudier les chiens et à apprendre leurs comportements et leurs mouvements.

Pourtant cette idée n'a pas immédiatement convaincu le producteur Erwin Stoff qui se souvient : "C'était une idée étrange de faire jouer un chien par un homme. J'ignorais comment les acteurs allaient réagir, car on leur demandait de jouer face à un adulte se tenant à quatre pattes, vêtu d'une tenue grise bizarre avec des fausses pattes de devant, qui faisait semblant d'être un chien... Mais ça s'est avéré un coup de génie parce que Terry Notary livre un portrait canin si habité qu'il a amélioré la performance de tous les acteurs !"

Ryan Stafford explique : "Cela donne aux acteurs quelque chose à quoi se mesurer. J'ai fait beaucoup de films en motion capture et on obtient des performances d'acteurs de bien plus grande qualité quand ils jouent face à quelqu'un.

À partir du moment où vous leur enlevez leur partenaire et qu'ils se retrouvent face à une balle de tennis, cela nuit énormément à leur jeu. C'est très difficile de jouer face au vide, surtout dans les moments de grande émotion".

Concevoir Buck

Dans le livre, Buck est décrit comme le croisement d'un "gigantesque saint-bernard" et d'une "chienne colley de pure race écossaise". L'équipe du film lui a donné la coloration du bouvier bernois car ils pensaient que les couleurs se liraient bien à l'écran. Il y avait même un vrai bouvier bernois sur le plateau tous les jours comme référence d'éclairage. Mais avec le temps, ils se sont rendu compte qu'il était difficile de lire les expressions du bouvier bernois, et que sa fourrure foncée ressortait mal dans les scènes de nuit.

C'est en consultant un site d'adoption que l'épouse de Chris Sanders est tombée sur un chien qui était un croisement de saint-bernard et de berger. Elle s'est aussitôt rendue dans le refuge pour l'adopter et l'a amené sur le plateau où il a été scanné. Les huit autres chiens de l'équipe de chiens de traîneau ont eux aussi été scannés à partir de vrais chiens.

publié le 1 janvier, Olivier Pallaruelo, Allociné

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