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"Je n'ai jamais autant ri en lisant un scénario" : Bernard Campan comme vous ne l'avez jamais vu dans Et plus si affinités

Récompensée par quatre prix au Festival de l'Alpe d'Huez en janvier 2024, la comédie "Et plus si affinités" est un huis clos jouissif dans lequel quatre acteurs s'en donnent à cœur joie. Rencontre avec Bernard Campan, Julia Faure et Pablo Pauly.

Dans la soirée du 18 janvier 2024, le public du Festival de l'Alpe d'Huez découvre, hilare, Et plus si affinités, le nouveau film d'Olivier Ducray et Wilfried Meance. L'ambiance est explosive. Chaque réplique fait mouche et les rires, eux, s'enchaînent pendant 75 minutes.

Il suffit de tendre l'oreille pour se rendre à l'évidence : l'un des grands gagnants est là. Quelques jours plus tard, le jury rend son verdict et décerne quatre prix à la comédie - deux prix d'interprétation pour Isabelle Carré et Bernard Campan, le prix spécial du jury et le prix du public.

Un quatuor de feu

À l'origine de ce film, il y a un succès espagnol, Sentimental, réalisé par Cesc Gay. L'histoire reste la même : un couple de quinquagénaires rangés invite ses jeunes voisins à dîner pour leur faire comprendre que leurs ébats nocturnes sont un peu trop bruyants. S'ensuit une soirée faite de quiproquos, de rebondissements et de séquences assez savoureuses.

Le texte, réécrit par le duo de cinéastes, s'adapte forcément à la culture du pays, mais c'est évidemment le jeu et les tonalités différents du quatuor de tête qui font toute la différence. Isabelle Carré et Bernard Campan se retrouvent pour la troisième fois à l'écran et donnent la réplique à Pablo Pauly et Julia Faure en couple libertin.

"J'ai rarement autant ri en lisant un scénario, lance d'emblée Bernard Campan, rencontré à l'Alpe d'Huez. Dans la vie, j'ose peu, je suis assez introverti alors je craignais la scène du pétage de câble. J'ai toujours peur d'en faire trop, de grimacer, je me dis que ce ne sont pas des rôles pour moi, mais j'étais si bien entouré et dirigé."

Cet accès de folie dont parle l'acteur constitue la séquence majeure du film. Le membre des Inconnus se met à nu - littéralement - et offre un vrai moment de comédie.

Créer un huis clos

"Quand on joue avec de grands acteurs comme eux, on n'anticipe pas, on se laisse porter, explique Julia Faure. Il faut laisser toutes les portes ouvertes."

Si l'authenticité fait toute la différence, les quatre acteurs ont tout de même dû se retrouver pendant quatre demi-journées pour répéter. Ils ont même filmé deux séquences dans les conditions pour se mettre dans le bain.

Julia Faure et Pablo Pauly ont, quant à eux, répété leur texte au téléphone pendant plusieurs jours. "On essaie des choses, on se trompe, et dès que quelque chose fonctionne, on le garde, précise Pablo Pauly avant d'ajouter : C'est tellement rare dans la comédie française, les répliques qui se chevauchent. Ici c'était le cas et ça nous forçait à rester très concentrés et investis."

L'exercice du huis clos - la quasi intégralité du film se déroule dans un appartement parisien - permet également aux comédiens d'expérimenter de longues séquences de 8 à 10 minutes sans coupure. Un luxe, là encore, peu fréquent au cinéma.

"Dans ces longues prises, il y a des choses qui sortent de soi. Il ne faut pas avoir peur, il faut essayer", poursuit Pablo Pauly. Les trois acteurs réunis insistent : "Quand un texte est déjà excellent, il est inutile d'improviser ou de le réécrire, mais on peut l'amener ailleurs." C'est ce pari, totalement relevé, que se sont donnés les comédiens pour cette comédie désopilante.

Propos recueillis par Thomas Desroches, à l'Alpe d'Huez, le 19 janvier 2024.

Et plus si affinités, actuellement au cinéma.

publié le 3 avril, Thomas Desroches, Allociné

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